La Nation Bénin...
Organismes
internationaux, structures étatiques, Organisations non gouvernementales et
groupes organisés en charge des questions de l’environnement sont unanimes sur
les actions à mener pour contrer les menaces des changements climatiques. Les
appels incessants à financer les projets d’adaptation pour réduire les
vulnérabilités au sein des communautés deviennent courants. Ils actent ainsi la
course pour l’atteinte des objectifs mondiaux de lutte contre les changements
climatiques.
Le
financement des projets d’adaptation préoccupe face aux effets des changements
climatiques. Les différentes initiatives dans ce cadre ainsi que les appels
incessants aux dirigeants du monde sur l’urgence de s’adapter au fléau sont
assimilables à une course pouvant permettre d’atteindre les objectifs mondiaux
de lutte contre les changements climatiques.
Depuis
l’accord de Paris sur les changements climatiques de décembre 2015 à la Cop 29
organisée du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou en Azerbaïdjan, l’engagement et la
mobilisation de la communauté internationale autour de la lutte contre les
changements climatiques s’intensifient. Même s’il y a un fléchissement dans la
mise en œuvre des différentes recommandations issues de ces assises
internationales, les dirigeants mondiaux sont unanimes et se mobilisent pour la
réduction des effets néfastes des changements climatiques.
Dans
l'ensemble, il faudra redoubler d'efforts pour atteindre l'objectif mondial en
matière d'adaptation grâce aux onze cibles du cadre de l'Eau pour la résilience
climatique mondiale. C’est à cela que le Programme des Nations unies pour
l’environnement invite les pays dans son nouveau rapport publié en novembre
2024. Le rapport 2024 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en
matière d'adaptation aux changements climatiques vient rappeler les exigences
en matière d’adaptation. Alors que les impacts climatiques s'intensifient et
frappent les plus pauvres de la planète, le rapport sur le déficit d'adaptation
2024 : contre vents, marées et flammes constate que les nations doivent
accroître considérablement leurs efforts d'adaptation au climat, en commençant
par s'engager à agir sur le plan financier.
Comme
nouveauté du rapport 2024 du Pnue, il est noté que les progrès en matière de
financement de l'adaptation ne sont pas assez rapides pour combler l'énorme
écart entre les besoins et les flux, ce qui contribue à un retard persistant
dans les efforts de planification et de mise en œuvre de l'adaptation.
Pour
le Pnue, les nations doivent adopter un nouvel objectif collectif quantifié
pour le financement de la lutte contre le changement climatique tout en
incluant des éléments d'adaptation plus importants dans leur prochaine série
d'engagements en matière de climat, ou contributions déterminées au niveau
national. Lesdites contributions déterminées au niveau national sont attendues
en février 2025 au secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les
changements climatiques. En renforçant les composantes d’adaptation dans leur
troisième série de contributions déterminées au niveau national, les pays se
sont engagés à observer un minimum de règles en matière de réduction des
émissions de gaz à effet de serre. Le défi actuel est de combler le déficit de
financement de l'adaptation, ce qui suppose, selon le Pnue, des approches
novatrices pour mobiliser des ressources financières supplémentaires.
S’adapter ou subir ?
Face
aux différentes crises climatiques, un choix s’impose : s’adapter ou subir les
conséquences des changements climatiques. Le projet d’adaptation basé sur les
écosystèmes (Pabe) mis en œuvre au Bénin est déjà un atout. Il prend en compte
le reboisement de 3 600 hectares de terres pour des avantages liés à l'énergie
et aux moyens de subsistance à usages multiples, l’augmentation de la
productivité agricole : moyens de subsistance agricoles sécurisés face au
changement climatique, renforcement des capacités techniques et
institutionnelles du gouvernement et des communautés pour la mise en œuvre
d'une agriculture EbA (Ecosystem-based adaptation ) et résiliente au climat et
sensibilisation accrue aux avantages de l'adaptation.
Le
Pnue prévient que, selon les dernières estimations, le monde est en route vers
une hausse des températures de 2,6 à 3,1°C au cours de ce siècle, à moins qu’il
n’y ait des mesures d’atténuation urgentes et ambitieuses. Il exhorte les
parties à la Convention à adopter des composantes d’adaptation plus solides
lors du prochain cycle des Contributions déterminées au niveau national (Cdn).
La mise en œuvre de la Cdn actualisée du Bénin se fait sous l'égide du
ministère du Cadre de vie et des Transports en charge du Développement durable,
agissant en qualité de point focal national de la Convention-Cadre des Nations
unies sur les changements climatiques. Le document intitulé Projet d’appui à la
mise en œuvre de la Cdn du Bénin (projet n° (Pn)/18.2105.7-001.09) de la
Direction générale de l’environnement et du climat (Dgec) définit les
différentes approches adoptées dans le cadre de l’actualisation de la Cdn du
Bénin.
«
Au regard de son appartenance au groupe des Pays les moins avancés (Pma), de
son contexte environnemental et de ses objectifs de développement, l’adaptation
demeure pour la République du Bénin la priorité en matière de réponse aux
changements climatiques quoiqu’elle adhère inconditionnellement à l’effort
mondial, orienté vers la stratégie d’atténuation », précise le document. Il
mentionne que les risques climatiques majeurs actuels qui impactent les modes
et moyens d’existence au niveau de l’agriculture, des ressources en eau, du
littoral, etc. concernent les inondations, la sécheresse, les pluies tardives
et violentes, les vents violents, la chaleur excessive et l’élévation du niveau
de la mer. Lesdits impacts, au cours de ces trois décennies, induisent la
baisse des rendements agricoles, la perturbation des calendriers agricoles, la
baisse des niveaux d'eau dans les barrages d’approvisionnement en eau potable
imputable à l'augmentation de l’évaporation dans l’ordre de 3 à 4 % à l'échelle
annuelle, la prolongation de la période d’étiage (1 à 3 mois), la submersion
des berges, etc.
La Cdn précise que par rapport à l’atténuation, les émissions totales de gaz à effet de serre du Bénin s’établissent en 2018 à environ 16,94 Mégatonnes équivalent-Co2, soit environ 1,5 tonne E-CO2 par habitant, hormis le secteur Utilisation des terres, changements d’affectation des terres et foresterie (Utcatf). Ces émissions proviennent des secteurs de l’énergie avec 58,09 %, de l’agriculture (28,51 %), des déchets (5,38 %) et des procédés industriels (1,22 %) et autres secteurs à savoir feu de végétation et émissions d’hydrofluorocarbures (Hfcs) pour 6,80 %. Les émissions nettes de gaz à effet de serre s’établissent à 9,62 Mt E-CO2, en tenant compte du secteur Utcatf. « En matière de projections en cas de maintien du scénario du statu quo, la tendance des émissions globales (hors Utcatf) révèle un accroissement de 71 % sur la période 2018-2030 en évoluant de 16,94 Mt E-CO2 à 29,02 Mt E-CO2. Le total des émissions globales cumulées de Ges sans aucune intervention sur la période 2021- 2030 avoisine 241,98 Mt E-CO2 (secteur Utcatf exclu). Elles proviendraient à 63,62 % du secteur de l’énergie et à 24,04 % de celui de l’agriculture, 1,21 % du secteur des Procédés industriels et de l’utilisation des produits (Piup), 4,64 % du secteur des déchets et des autres secteurs (feu de végétation et émissions de Hfcs), 6,49 %. Pour les années à venir, les mesures envisagées dans la Cdn révisées dans les secteurs énergie, agriculture et déchets sont susceptibles de contribuer à réduire les émissions cumulées de Ges (hors Utcatf) d’environ 48,75 Mt E-CO2 par rapport au scénario de référence, soit une réduction de l’ordre de 20,15 % sur la période 2021-2030 », détaille la Cdn actualisée du Bénin au titre de l’Accord de Paris.
Besoins pour l’atténuation
Le document Cdn indique que le Bénin, pour réaliser ses ambitions d’atténuation des gaz à effet de serre (Ges) aura besoin d’une enveloppe financière globale de l’ordre de 8 556,81 millions dollars Us dont 5 069,03 millions de dollars comme contribution du gouvernement béninois et du secteur privé et 3 487,77 millions à mobiliser auprès de la communauté internationale sur la période allant de 2021 à 2030. Le coût afférent à la mise en œuvre des programmes et projets d’adaptation sectoriels, indique-t-il, est estimé à environ 1 796,13 millions de dollars Us dont la contribution nationale (part inconditionnelle) est de l’ordre de 578,47 millions de dollars Us tandis que la part conditionnelle (appui international) correspond à 1 217,66 millions de dollars Us. « Les ressources financières à mobiliser pour la mise en œuvre des mesures d’atténuation/ d’adaptation des projets communaux s’élèvent globalement à 162,94 millions de dollars Us dont environ 14,39 millions de dollars Us au titre de la contribution nationale et 148,55 millions de dollars Us pour la part conditionnelle. Au total, les ressources financières à mobiliser pour la mise en œuvre des mesures d’atténuation et d’adaptation au titre de cette première Cdn actualisée du Bénin s’élèvent globalement à environ 10 515,88 millions de dollars Us devant provenir de fonds publics, du secteur privé et de l’appui international. Ce montant se répartit en contribution inconditionnelle de l’ordre de 5 661,89 millions dollars Us, soit 53,8 % et en contribution conditionnelle de l’ordre de 4 853,99 millions dollars Us, soit environ 46,2 % », précise la Cdn du Bénin.