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Cours du soir en fon et en français: Le combat contre l’analphabétisme

Société
Des apprenants face à leurs encadreurs pour sortir de l’analphabétisme Des apprenants face à leurs encadreurs pour sortir de l’analphabétisme

Il n’est jamais trop tard pour savoir lire et écrire. Du lundi au jeudi à l’école Moridja, Patrice Kodjo Hounga, directeur du centre d’alphabétisation Fon et Français, aide de courageux élèves qui ont arrêté l’école trop tôt, à améliorer leur niveau de connaissance à travers l’enseignement du fon, du français ou de l’anglais.

Par   Alice Perret (Stag.), le 21 mai 2025 à 09h33 Durée 2 min.
#Lutte contre l'analphabétisme

A 20 h, l’école primaire Moridja est silencieuse et les élèves sont déjà rentrés chez eux. Tous ? Non. Des apprenants sont encore là pour bénéficier des leçons de Patrice Kodjo Hounga, directeur du centre d’alphabétisation Fon et Français.

Ce professeur tenace donne des cours destinés à tous les publics: jeunes et adultes. L’objectif est de faire de l’apprentissage des langues une arme pour reprendre le contrôle de leur parcours scolaire. A l’image de ces élèves qui reviennent à l’école pour avancer dans leur vie, cet ancien enseignant de cours primaire a repris l’université il y a quelques années pour devenir professeur d’anglais. Il continue néanmoins de mettre à profit son expérience en tant qu’enseignant avec des cours du soir qu’il dispense depuis 3 ans à ceux qui en ont besoin. «L’initiative de donner des cours du soir en anglais, en français et en fon est venue d’un rêve et aussi d’un besoin que j’ai senti sur le terrain. J’ai constaté que beaucoup de personnes ne maîtrisent pas bien le français, ne savent pas parler le français alors qu’ils ont le désir de s’exprimer. Du fait qu’ils ne connaissent pas les lettres, l’alphabet, ça ne leur permet pas de s’exprimer correctement ou bien ils s’expriment avec des erreurs », déclare-t-il.

Monsieur Hounga s’attaque à un problème important dans la société béninoise. Le taux d’analphabétisme chez les personnes de 24 ans et plus avoisine en effet les 48 % pour les hommes et 57 % pour les femmes, selon le rapport de synthèse de l’Enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel (Eri-Esi) en 2018. La définition retenue à la Conférence internationale sur l’éducation des adultes définit l’alphabétisation comme l’ensemble des processus d’apprentissage formel et non-formel grâce auquel les individus jeunes ou adultes, hommes et femmes, apprennent à lire, écrire, calculer par écrit et enrichissent leurs connaissances. A la lumière de cette définition, toute personne qui ne peut pas lire ou écrire en français ou en langue nationale est donc considérée comme analphabète. Alors que l’alphabétisation favorise l’autonomisation des individus, le fait de ne pas savoir lire et écrire rend plus vulnérable à la précarité économique, à la manipulation et à l’exclusion sociale.

Cursus 

En outre, les apprenants qui bénéficient de ces cours en ont souvent besoin pour évoluer sur le plan professionnel, ainsi que sur le plan personnel. C’est le cas de Mariette Donou, 19 ans, qui suit les cours depuis 3 ans et va passer son Certificat d’études primaires (Cep). C’est en voyant les autres parler français qu’elle a cherché à les suivre. De son côté, Saïdadou Alidou, 22 ans, déclare: « C’était mon rêve. J’avais envie de faire ça mais mes parents n’avaient pas les moyens pour m’inscrire alors, j’ai décidé de me débrouiller». Comme Saïdadou Alidou, c’est parfois la barrière financière ou bien des problèmes familiaux qui empêchent les enfants d’aller à l’école.

Pour cela, Patrice Kodjo Hounga propose des cours de tous les niveaux en français. Cela va du Cours initial (Ci) en Terminale, avec une attention particulière pour les examens tels que le Brevet d’Études du Premier Cycle (Bepc) et le Baccalauréat. « L’objectif à atteindre en misant sur les classes d’examen, est de permettre à tous ceux-là qui n’ont pu décrocher les diplômes académiques pour différentes raisons, de passer à nouveau leurs examens », souligne le professeur.

La langue est un outil important pour le développement durable d’une nation. Savoir exprimer sa pensée en français ou dans sa langue maternelle est une richesse inestimable.

D’autres programmes pour promouvoir la langue “fon” existent un peu partout sur le territoire mais toutes les zones ne sont pas couvertes. C’est pour cela que des initiatives personnelles comme celle de Patrice Kodjo Hounga sont si importantes, pour tous les jeunes et adultes béninois avides de savoir.