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L’approvisionnement en eau potable des populations de ses Etats membres est une question qui préoccupe l’Union économiques et monétaire ouest-africaine (Uémoa). Consciente des difficultés auxquelles sont confrontées celles des communes de Sègbana et de Kandi, elle a fait réaliser à leur profit respectivement 19 et 11 forages à motricité humaine.
L’eau, c’est la vie ; mais elle n’est pas disponible partout. C’est le cas à Sègbana et Kandi, deux communes de l’Alibori où les populations se livrent à une corvée pour assurer leurs besoins en eau au quotidien. Pour se procurer le précieux liquide auprès des rares lieux de distribution qui existent, elles doivent se réveiller tôt le matin pour faire la queue. Certaines sont obligées de parcourir de longues distances pour aller se ravitailler au marigot. D’autres, et ce sont les plus nombreuses, préfèrent se contenter des eaux de surface. Ce qui les expose aux maladies hydriques.
Sensible à leur calvaire, l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) s’est portée à leur chevet. Dans les cinq arrondissements de Sègbana et leurs villages les plus reculés, elle a fait réaliser en 2008 et 2010,dix-neuf forages équipés de pompes à motricité humaine. Chacun de ces ouvrages est repéré par ses coordonnées GPS.
Le deuxième adjoint au maire, Imorou Adamou, reconnaît l’importance de ces ouvrages pour les populations. Avant lui, le chef Service eau, hygiène et assainissement de la commune, Sakibou Orou Gani, a indiqué que sur les dix-neuf ouvrages installés, une quinzaine est fonctionnelle. Quant aux autres, elles ont besoin d’un entretien, en fonction de la nature de leur panne.
Après cet état des lieux présenté par le chargé des questions eau, hygiène et assainissement, le représentant résident du Bureau de représentation de la Commission de l’union au Bénin, Yaovi Kounhundé, et les membres de sa délégation ont visité quelques sites dans les localités de Guéné Koussi II, Longban et à Piami. C’est pour constater de visu sur le terrain, les informations qui ont été portées à leur connaissance. Par rapport au fonctionnement des ouvrages depuis leur mise en service et comment les populations en jouissent, ils ont eu l’occasion d’écouter leurs délégataires, la plupart ayant été mis en gestion déléguée. Les populations rencontrées ont tenu, par les voix de Barikissou Garba et Taïrou Guéné Koussi, à exprimer leur reconnaissance à l’Uémoa grâce à laquelle elles ont aujourd’hui de l’eau potable. Pour l’entretien, les membres de la communauté bénéficiaire s’organisent pour avoir un champ dont les ressources, tirées de la vente des produits de la récolte, permettent de faire face aux dépenses de réparation, en cas de panne. Une expérience originale qu’a appréciée le représentant résident. Ailleurs dans la même commune, ce sont les fonds mobilisés lors de la vente de l’eau qui servent à ces dépenses, d’autres cotisent pour réparer les éventuelles pannes, à défaut de 1 F Cfa/ tonne prélevé au niveau du coton. « Lorsque la panne est grande, c’est la mairie qui intervient. Si ce n’est pas le cas, nous le faisons grâce aux 1 000 F Cfa que nous collectons par mois auprès des abonnés, ou aux 25 F Cfa par bidon », explique le gestionnaire du forage de Longban, Emmanuel Moutouama.
De la gestion des ouvrages
« Les réalisations de l’Uémoa dans la commune de Sègbana ont consisté en des forages équipés de pompe à motricité humaine. Au total, les quatre réalisés en 2008 et les quinze de 2010 ont conduit l’institution à débourser 170 585 288 F Cfa », a expliqué le directeur technique de l’Agetur, Simon Goudou.
A en croire le chef Service Eau, Hygiène et Assainissement, Sakibou Orou Gani, sur les dix-neuf forages dont Sègbana a été doté par l’Uémoa, 15 sont encore fonctionnels. Les quatre autres enregistrent de petites pannes. « Leur réparation nécessite des pièces de rechange légères qui cependant ne sont plus dans notre stock », a-t-il déploré. Il assure que leur commande a déjà été lancée. Après la réception provisoire et définitive des forages, explique Sakibou Orou Gani, on procède à un mode de gestion qui est la délégation.
En effet, la gestion de l’ouvrage est confiée à une personne désignée par la communauté. Par rapport aux relations qui lient la mairie et les communautés bénéficiaires, en ce qui concerne la gestion des fonds, cette personne verse une redevance en fonction de la taille de la localité, entre 35 000 et 50 000 F Cfa à la mairie. « Les réparations des pannes de moins de 5 000 F Cfa sont à la charge des communautés elles-mêmes. Pour ce qui est des grosses pannes, c’est la mairie qui s’en occupe », a clarifié Sakibou Orou Gani.
« Au regard de ce que j’ai vu, c’est très satisfait que je repars de Sègbana. Surtout au niveau de la prise en charge des ouvrages qui ont été concédés aux populations. Par rapport à leur gestion, j’ai noté une complicité entre les autorités communales et les communautés bénéficiaires à la base », s’est réjoui le représentant résident de l’Uémoa. Il partage la joie des populations d’avoir désormais à portée de main de l’eau potable. Leurs besoins, se faisant toujours persistante dans le domaine, il a promis de plaider auprès de ses supérieurs hiérarchiques à Ouagadougou afin qu’elles bénéficient davantage de forages.
Après Sègbana, la délégation était aussi à Kandi pour le même exercice. Outre les onze forages équipés de pompe à motricité humaine dont huit ont été mis en service en 2008 et trois en 2011, l’Uémoa y a construit un magasin de 2 000 tonnes pour le stockage des graines et des récoltes. Les travaux du magasin sont prévus pour être réceptionnés en août prochain. Le coût cumulé de ces ouvrages à Kandi est estimé à 199 682 796 F Cfa.