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Échec des négociations onusiennes sur la pollution plastique

International
Depuis l’an 2000, l’humanité a produit plus de plastique que durant les 50 années précédentes Depuis l’an 2000, l’humanité a produit plus de plastique que durant les 50 années précédentes

Après 10 jours de tractations diplomatiques à Genève, les 185 pays réunis au Palais des Nations n’ont pas réussi à s’entendre sur un texte contraignant pour enrayer la pollution plastique, l’un des fléaux environnementaux les plus pressants. Ce nouvel échec fait écho à celui de la précédente session, en décembre 2024 à Busan, en Corée du Sud. L’objectif affiché était de parvenir à un consensus mondial pour limiter la production de plastique et encadrer l’ensemble de son cycle de vie, de sa fabrication à son recyclage, en passant par son utilisation et la gestion des déchets. 

Par   Catherine Fiankan-Bokonga, Correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse), le 15 août 2025 à 09h39 Durée 3 min.
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Genève s’est réveillée vendredi 15 août avec un goût amer. Au petit matin, sous les plafonds sobres de la Salle des Assemblée fraîchement rénovée des Nations unies, l’annonce est tombée comme un couperet : « Nous n’aurons pas de traité sur la pollution plastique ici à Genève », a déclaré le représentant norvégien, coprésident d’un groupe de pays dits de « haute ambition ». En dix jours de débats, de compromis éphémères et de nuits blanches, les délégations n’ont pas réussi à trouver un terrain d’entente.



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Un texte avorté


Le président des négociations, l’ambassadeur équatorien Luis Vayas Valdivieso, avait tenté l’impossible : présenter en 24 heures deux nouvelles versions d’un compromis, la dernière ayant circulé entre minuit et l’aube du 15 août. Mais à l’heure des ultimes discussions, malgré une formulation adoucie et jugée « acceptable » par certains, le texte n’a pas fait consensus. L’Arabie saoudite, l’Inde et l’Uruguay ont publiquement exprimé leur opposition.

À la déception s’est ajoutée l’amertume : plusieurs pays ont exigé que les projets non adoptés ne soient même pas conservés pour la prochaine session. L’Union européenne, par la voix de sa commissaire à l’Environnement Jessika Roswal, a estimé que le travail accompli constituait « une bonne base » pour reprendre les négociations.

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Deux camps irréconciliables

La fracture est connue : d’un côté, les « ambitieux » à savoir : l’Union européenne, le Canada, l’Australie, de nombreux États d’Amérique latine, d’Afrique et des îles, qui exigent une réduction mondiale de la production de plastique et un contrôle strict des substances dangereuses.

De l’autre, un bloc de pays pétroliers refusant toute contrainte sur la production d’hydrocarbures et toute interdiction d’additifs jugés nocifs. Pour eux, le traité ne doit pas couvrir « l’ensemble du cycle de vie » du plastique, de l’extraction pétrolière jusqu’au déchet final. La Chine, premier producteur mondial, a joué profil bas.


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Enjeu colossal

Depuis l’an 2000, l’humanité a produit plus de plastique que durant les 50 années précédentes. Selon l’OCDE, si rien ne change, la production annuelle (450 millions de tonnes) pourrait tripler d’ici 2060. Moins de 10 % seulement est recyclé.

Les ONG ont rapidement rejeté le projet de texte, le qualifiant de « mauvais traité » ou de simple « traité de gestion des déchets ». La ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a dénoncé « une poignée de pays, guidés par des intérêts financiers de court terme » qui auraient fait obstruction à un accord ambitieux.

La Suisse, qui espérait voir naître un « Accord de Genève » et accueillir le secrétariat du futur traité, a elle aussi exprimé sa « déception ». Son chef négociateur, Felix Wertli, a demandé une « pause » pour réfléchir à la suite après trois ans de discussions infructueuses.

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Horizon incertain

L’issue des pourparlers laisse planer une question : faut-il continuer dans le cadre onusien ou lancer un accord parallèle ? L’Union européenne n’écarte pas l’idée d’une nouvelle session, mais prévient qu’il faudra « faire mieux ». Pour Greenpeace, c’est une « alarme pour le monde ». Car la pollution plastique, invisible mais omniprésente, ne connaît ni frontières, ni délais.

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