La Nation Bénin...
Avec la phase II du programme ClimDev-Africa dotée de 191
millions de dollars, l’Afrique entend se doter d’un système continental
d’alerte précoce, conçu et piloté par ses propres institutions, afin de
protéger vies et moyens de subsistance face aux chocs climatiques.
L’Afrique veut prendre en main sa résilience climatique.
Les institutions africaines et leurs partenaires techniques et financiers ont
lancé, fin juillet à Nairobi, la planification de la phase II du programme
ClimDev-Africa qui nécessite la mobilisation de 191 millions de dollars, pour
bâtir un dispositif continental d’alerte précoce, interconnecté et piloté par
les Africains.
Ce financement proviendra du Guichet d’action climatique
du Fonds africain de développement (Fad) du Groupe de la Banque africaine de
développement (Bad), mais aussi de bailleurs bilatéraux et multilatéraux. L’objectif,
c’est de soutenir des investissements en infrastructures, technologies et
formation de ressources humaines.
Conduit conjointement par la Commission de l’Union
africaine (Ua), la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (Cea)
et la Bad, le programme ambitionne de renforcer la résilience du continent face
aux phénomènes climatiques extrêmes.
« Il s’agit de perfectionner le niveau d’expertise
africaine et de faire en sorte que nos systèmes permettent de protéger la vie
et les moyens de subsistance », a précisé Alex Mubiru, directeur général de la
Bad pour l’Afrique de l’Est, rappelant que l’institution a déjà investi 6,2
millions de dollars dans des systèmes d’alerte précoce.
De la stratégie à l’action
Selon la Cea, les pertes économiques dues aux
catastrophes climatiques représentent déjà entre 5 et 15 % du produit intérieur
brut (Pib) annuel par habitant dans les pays les plus exposés. De son côté, la
Banque mondiale estime que chaque dollar investi dans les systèmes d’alerte précoce
permet d’éviter jusqu’à 10 dollars de pertes économiques.
A l’ère des phénomènes climatiques extrêmes, les alertes
précoces doivent être immédiates, locales et fiables. « Notre riposte face aux
changements climatiques doit venir de l’intérieur, et ClimDev-Africa nous donne
les moyens d’intégrer l’action climatique dans chaque facette du développement
», a insisté James Murombedzi, chef du Centre africain de politiques
climatiques de la Cea.
Pour Ernest Afiesimama, coordonnateur régional de l’Organisation météorologique mondiale (Omm), l’efficacité passera par des services météorologiques nationaux solides et des systèmes de transmission robustes. L’Omm accompagnera ainsi la mise en œuvre par des formations techniques et l’intégration des données.
Renforcer les acquis
Lancée en 2011, la première phase (2011-2023) a jeté les
bases de la résilience climatique africaine, avec 18 projets dans 17 pays, cinq
centres climatiques régionaux mis en place, 42 millions de bénéficiaires, 14
supercalculateurs installés, 40 stations automatiques déployées et 60
météorologues formés. Elle a également permis la prévision des invasions de
criquets pèlerins par modélisation climatique et la diffusion en temps réel de
données satellitaires.
La phase II vise désormais à capitaliser les acquis de la
phase I en construisant une architecture panafricaine d’alerte précoce reposant
sur les cinq centres climatiques régionaux: Agrhymet (basé au Niger), Acmad
(Niger), Ceeac (Cameroun), Cdaa (Botswana) et Icpac (Kenya).
« La Stratégie de développement résilient face au
changement climatique 2022-2032 de l’Union africaine est le cadre directeur, et
ClimDev-Africa l’outil pour la mettre en œuvre », a affirmé Sam Ogallah,
coordinateur climat à la Commission de l’Ua.
A la veille du deuxième Sommet africain sur le climat
(Acs-II) prévu à Addis-Abeba en Éthiopie, du 8 au 10 septembre, et de la Cop30
en novembre, l’initiative marque une volonté de transformer le risque
climatique en résilience durable, grâce à des solutions africaines.
« Nous disposons des connaissances scientifiques, des
institutions et sommes conscients de l’urgence; ce dont nous avons besoin
maintenant, c’est d’investissements à grande échelle et d’une reconnaissance
mondiale», a assuré Murombedzi.