Défis d’urbanisation : Le chemin pour une ville intelligente
Environnement
Par
Fulbert Adjimehossou, le 09 févr. 2022
à
10h19
Lors du Colloque international tenu à Paris, le 1er février 2022, sur le développement urbain durable, et aujourd’hui, puis au cours de la Conférence de Strasbourg sur les villes intelligentes et durables, Luc Gnacadja a fait un diagnostic profond.
Deux tiers des villes africaines courent un «risque extrême» à cause du réchauffement climatique. C’est ce qu’indiquait en 2018 le rapport du cabinet de conseil Verisk Maplecroft. Et les voix ne cessent de s’élever sur non seulement l’impact direct du réchauffement climatique, mais surtout les risques pour la croissance économique. «La population urbaine double tous les 20 ans. La ville africaine est très jeune par sa population (60 % environ a -18 ans en Afrique au sud du Sahara), informelle tant par son habitat, son économie que par l’essentiel de ses systèmes de gouvernance. Elle est aussi très vulnérable aux chocs climatiques, vulnérabilités surtout sociales et infrastructurelles, concentrées dans les zones péri-urbaines informelles/précaires parce que pas/peu viabilisées», fait remarquer Luc Gnacadja. Pour l’expert, ancien ministre de l’Habitat du Bénin, en plus de cette fragilité, la pandémie de la Covid-19 est venue exacerber les vulnérabilités et inégalités. Dans ce contexte, dit-il, il faudra du chemin pour avoir des villes durables et intelligentes. «La ville africaine est donc majoritairement informelle, mais l’essentiel des politiques et investissements publics sont conçus pour la ville formelle. Dans un tel contexte, la ville intelligente et inclusive est celle qui transforme ces informalités en atouts afin qu’elle devienne un pôle efficace de création de valeur ajoutée, d’innovation et de gestion/transformation durable des écosystèmes et des économies du territoire dont elle dépend », soutient l’urbaniste.
Une résilience par le numérique
Luc Gnacadja croit au potentiel du numérique pour les villes. Pour lui, le numérique a l’avantage d’être un outil critique et transversal qui conduit à des solutions systémiques pouvant impulser un changement de paradigme dans la gestion urbaine et la gouvernance des territoires avec des villes connectées, innovantes et résilientes. C’est un passage pour connecter les populations des zones urbaines, péri urbaines et rurales à des infrastructures et services urbains de base. « Le déploiement au Bénin de Points numériques communautaires (Pnc) est à ce titre très prometteur. Objectif : permettre l’accès des populations à des services publics et outils numériques disponibles en ligne », souligne-t-il. La résilience est possible, la révolution aussi. Ce sera par la transformation numérique de secteurs traditionnels dont l’agriculture et l’énergie.