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Le décrochage scolaire et les grossesses précoces en milieu scolaire restent encore comme de gros défis au Collège d’enseignement général (Ceg) de Massè à Adja-Ouèrè. Une situation qui contraste avec les appuis colossaux dont bénéficient les apprenants de ce collège, appelant à des mesures fortes pour arrêter la saignée.
Le taux d’abandon à la fin de l’année scolaire 2024-2025 au Collège d’enseignement général (Ceg) de Massè dans la commune d’Adja-Ouèrè est inquiétant. Sur un effectif de 944 élèves, 121 ont déserté les classes. Ils n’ont pas pu achever l’année scolaire. Sur les 121 cas d’abandon, 56 sont de la classe de 6e et 19 de 5e. Le reste est des autres classes allant de 4e en Terminale. La liste nominative de ces élèves ayant abandonné retient l’attention sur le tableau d’affichage dans l’enceinte du collège. 60 élèves dans le même temps sont exclus toujours au titre de l’année scolaire 2024-2025. Le tableau d’affichage renseigne que les cas d’exclusion concernent les élèves des classes de 4e, 3e, 2nde, 1re et Terminale.
Ces statistiques sont révélatrices d’un malaise profond au niveau du Ceg Massè pourtant soutenu, depuis cinq années scolaires, par la Nouvelle cimenterie du Bénin (Nocibe). Cette entreprise citoyenne dote le collège d’infrastructures scolaires équipées en mobiliers, prend en charge les frais de scolarité de tous les élèves, offre des kits scolaires à tous les apprenants dotés également de tenues de sports. La Nocibe qui ne fait pas les choses à moitié appuie également les enseignants en blouse et fiches pour la préparation des cours. Le Ceg Massè dispose d’un cadre adéquat de travail avec de l’eau potable et l’électricité en appoint. Les élèves ne manquent en principe de rien pour donner le meilleur d’eux-mêmes et exceller en classe. Car, ils vont à l’école gratuitement. Cette année scolaire 2025-2026, ce sont 12 000 kits scolaires que la société a distribués aux écoliers et élèves des écoles de la maternelle jusqu’au collège en passant par le primaire des arrondissements de Massè et d’Issaba à Pobé.
Les causes
Mais les résultats ne sont malheureusement pas à la hauteur des investissements dont bénéficient les apprenants du Ceg Massè à la lumière des statistiques écœurantes des taux d’abandon et d’exclusion. Selon les acteurs du collège, les raisons de cette situation sont de plusieurs ordres. Il y a d’abord un défaut de suivi des élèves par les parents. Les enfants sont laissés à eux-mêmes une fois rentrés de l’école. Il y aussi un faible niveau des enfants classés au collège après leur admission au Certificat d’études primaires (Cep). La plupart de ces derniers n’arriveraient pas à tenir en classe de 6e. Ils sont découragés par leurs contre-performances après le calcul des moyennes du premier semestre et abandonnent les classes. Cette situation de faible niveau et de découragement, à en croire les acteurs de l’école, expliquerait le nombre important des élèves de 6e et 5e sur la liste des cas d’abandon.
A cela s’ajoutent quelques cas de grossesses précoces en milieu scolaire qui sont également déplorés dans le lot des élèves ayant déserté le Ceg Massè. Les auteurs de ces grossesses sont des élèves et des artisans. Le débat du décrochage scolaire et des grossesses en milieu scolaire s’est très tôt invité dans les discours des autorités lors de la cérémonie de distribution de kits scolaires, lundi 15 septembre dernier, au Ceg de Massè. Le porte-parole des parents d’élèves de Massè, Janvier Houndjo, a voulu rendre le système éducatif béninois responsable de cette situation. Lequel système avantagerait les élèves des villes et laisserait à la traîne ceux des zones reculées comme Massè. Sur la question, Janvier Houndjo a été très rectifié par le secrétaire général du Plateau, Rodrigue Kotounou, représentant le préfet Valère Sètonougbo à la cérémonie. Le cadre de l’administration préfectorale s’est inscrit en faux contre les propos du parent d’élèves. Selon lui, la faute incombe aux parents d’élèves et non au gouvernement qui a joué pleinement sa partition en dotant le collège d’un cadre adéquat et d'enseignants qualifiés.
Mieux suivre les élèves
Le premier du département du Plateau et même du Bénin aux différents examens scolaires nationaux, selon le secrétaire général du Plateau, devrait sortir du Ceg Massè. Cela, parce que les enfants ont bénéficié d’une chance inouïe d’aller à l’école gratuitement et sans rien payer. Les bons résultats en classe et aux différents examens devraient être la seule manière pour eux de remercier la direction générale de la Nocibe qui fait tout pour les mettre dans de bonnes conditions d’études, a insisté Rodrigue Kotounou. Ce qui n’a jamais été encore le cas au niveau du Ceg de Massè dont les résultats aux examens du Bepc et du Baccalauréat ont tourné, ces deux dernières années, autour de 70 %. Le secrétaire général de la préfecture de Pobé a interpellé la conscience des parents pour le suivi des élèves une fois qu’ils quittent l’école.
Il a demandé au commissariat de Massè de rafler tous les élèves qui se retrouveraient errant la nuit à partir de 22h. Pour lui, les enfants n’ont rien à chercher au dehors la nuit. Ils doivent rester à la maison pour étudier et exceller en classe. Rodrigue Kotounou n’a pas manqué d’attirer l’attention des élèves sur l’intransigeance des lois contre les auteurs de grossesses en milieu scolaire. Les élèves filles ont été sensibilisées à s’occuper prioritairement de leurs études et à aller au terme de leur cursus scolaire. Le maire d’Adja-Ouèrè, Cyrille Adégbola, a rassuré de la détermination de la mairie à faire davantage le suivi dans tout ce qui se fait au niveau du Ceg de Massè où la Nocibe fait beaucoup pour garantir de meilleurs résultats aux apprenants.