La Nation Bénin...
Bien
que l'économie béninoise soit confrontée à de multiples incertitudes pour la
période 2025-2027, une stratégie de résilience bien conçue pourrait permettre
au pays de surmonter les défis et de maintenir sa trajectoire de croissance.
Afin
de soutenir une économie durable, le Bénin devra poursuivre des réformes
ambitieuses et intensifier ses investissements pour diversifier ses sources de
croissance et renforcer sa résilience.
Le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle
(Dpbep) 2025-2027, adopté en juin dernier, met en avant plusieurs risques clés.
Parmi eux, la dégradation de la situation sécuritaire au Nord du pays, où les
attaques de groupes extrémistes sont en augmentation, pourrait
significativement freiner les flux touristiques et décourager les
investissements privés.
D’après
les simulations de la direction générale de l’Economie (Dge), une baisse de 10
% du tourisme entraînerait une réduction de la croissance de 0,23 point de
pourcentage (pdp) et une chute des recettes fiscales de 1,53 %. Par ailleurs,
une contraction de 10 % des investissements privés pourrait entraîner une
baisse de la croissance de 4,5 pdp et une diminution des recettes fiscales de
2,5 %.
L'économie béninoise reste également vulnérable aux fluctuations de la monnaie nigériane, le naira. Une dépréciation de 15 % du naira pourrait réduire le produit intérieur brut (Pib) du Bénin de 1,1 % dès la première année, soulignant l'importance des relations économiques avec le Nigeria, son principal partenaire commercial. De plus, l’augmentation des taux d'intérêt mondiaux, exacerbée par des tensions géopolitiques, pourrait compliquer l'accès aux financements et ralentir les dépenses d'investissement public, avec un impact potentiel de 0,53 pdp sur la croissance.
Les aléas climatiques représentent une autre source d’inquiétude majeure. Les risques de catastrophes naturelles telles que les inondations et les sécheresses, ainsi que la montée du niveau de la mer, continuent de menacer la stabilité économique. Une baisse de 10 % de la production agricole, par exemple, pourrait entraîner une réduction de 2 points de pourcentage de la croissance économique et une perte de 0,6 % des recettes budgétaires, estime la Dge.
Pour
y répondre, le gouvernement a mis en place des initiatives telles que le Fonds
de réponse aux catastrophes (Foncat) et l’intégration des risques climatiques
dans la gestion des investissements publics.
Les
relations avec les pays voisins constituent également un facteur de risque, en
particulier avec la sortie annoncée du Niger, du Mali et du Burkina Faso de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour former
l’Alliance des Etats du Sahel (Aes). Ce changement pourrait affaiblir
l’intégration régionale et avoir des répercussions sur l'économie béninoise.
Toutefois, les liens culturels solides et les échanges informels dynamiques
entre les populations de la région offrent des opportunités pour atténuer ces
risques.
Enfin,
l’approche des élections générales de 2026, les premières du genre au Bénin,
pourrait introduire un climat d’incertitude, réduisant les investissements
privés et ralentissant l'activité économique.
Malgré les nombreux défis, l’économie béninoise dispose de leviers importants pour renforcer sa résilience. Grâce à une stratégie économique solide, le pays devrait enregistrer une croissance robuste de 6,7 % en moyenne sur la période 2025-2027, contre 6,4 % enregistré en 2023, avec une inflation maîtrisée. En ce qui concerne la dépendance vis-à-vis du Nigeria, des réformes sont engagées pour amortir les chocs économiques provenant du Géant Voisin de l’Est, principal partenaire commercial du Bénin.
Sur
le plan des finances publiques, le gouvernement vise à intensifier la
mobilisation des ressources fiscales et à renforcer les investissements. Il est
aussi question de rétablir progressivement le déficit budgétaire dans la limite
de la norme communautaire (3 % du Pib au maximum) de l’Union économique et
monétaire ouest-africaine (Uemoa) dès 2025.
Pour
réduire les risques liés à la dette, le Bénin a adopté depuis quelques années
une gestion proactive et diversifie ses sources de financement, ce qui devrait
lui permettre de maintenir ses projets de développement même en cas de
conditions défavorables sur les marchés internationaux.
Quant
aux menaces sécuritaires, une combinaison de mesures civiles et militaires est
déployée pour renforcer la présence de l’Etat dans les zones vulnérables et
améliorer les conditions économiques locales. Sur le plan interne, le
gouvernement, les acteurs politiques et les citoyens sont appelés à faire
preuve de maturité démocratique pour minimiser les risques de troubles à
l'ordre public, qui pourraient affecter la croissance économique