La Nation Bénin...

Cryptoactifs et plateformes financières en ligne: Les étudiants sensibilisés aux risques

Economie
Les étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi sortis massivement pour la séance d’information sur les risques liés aux cryptoactifs et l’importance de l’épargne formelle Les étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi sortis massivement pour la séance d’information sur les risques liés aux cryptoactifs et l’importance de l’épargne formelle

Face à l’explosion des arnaques liées aux monnaies virtuelles et aux plateformes frauduleuses, les étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi ont été sensibilisés, ce jeudi 11 décembre, aux cryptoactifs et l’importance de l’épargne formelle. Ils ont été alertés sur les risques majeurs qui les guettent face à ces activités illégales qui ont déjà fait perdre plusieurs milliards de francs Cfa aux citoyens béninois.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 12 déc. 2025 à 06h51 Durée 3 min.
#plateformes financières

L’amphithéâtre Idriss Deby Itno de l’Université d’Abomey-Calavi était bondé ce jeudi 11 décembre. Les étudiants ont massivement répondu présents à l’appel des organisations de défense des consommateurs, venues sensibiliser à un phénomène qui n’épargne désormais aucun milieu : les cryptoactifs et leurs dérives. La multiplication des plateformes illicites, les promesses de gains mirobolants, les pertes colossales enregistrées ont fini par hisser le sujet au rang de priorité nationale. « Nous savons que parmi vous, des étudiants ont pris ces risques. D'autres se préparent à les prendre. Nous allons fournir des informations factuelles pour contrer la pègre et renforcer la résilience », lance Ernest Gbaguidi, président de l’association Bénin santé et survie du consommateur. Pour lui, la sensibilisation doit devenir un réflexe, en attendant une réglementation plus ferme sur les cryptoactifs. Le message trouve un écho particulier lorsque plusieurs étudiants partagent leurs mésaventures avec des plateformes qui ont disparu du jour au lendemain, emportant leurs maigres économies. Certains se rappellent l’affaire Icc-Services, d'autres les récents scandales tels que Cameo shell ou Cea, qui ont laissé derrière eux des milliers de victimes désemparées.

Pour Romain Abilé Houehou, président de la Ligue pour la défense du consommateur au Bénin, l'ampleur du phénomène dépasse largement les frontières du pays. « Les fraudes ont fait perdre, depuis 2011 à ce jour, 22 milliards de dollars à l'humanité. Au niveau de l'Afrique de l'Ouest, c'est deux milliards de dollars qui sont volés des poches des citoyens, et même des intellectuels, qui sont des ignorants de la technologie », déplore-t-il. Il rappelle que l’Afrique accuse un retard considérable dans l’élaboration des cadres réglementaires nécessaires pour sécuriser les transactions numériques. Pendant ce temps, les technologies évoluent à grande vitesse, ouvrant la voie aux acteurs mal- intentionnés. « L’ignorance est le pire danger de l’humanité », souligne-t-il, martelant que les escrocs exploitent surtout la méconnaissance et l’avidité des jeunes tentés par l’argent facile.

Des risques amplifiés

Au-delà des cryptoactifs, le débat s’est élargi à l’assainissement du secteur de la microfinance et à la digitalisation croissante des services financiers, permettant aux individus mal-intentionnés de se cacher derrière des plateformes pour opérer en toute tranquillité. Abou Bakary Issiaka, secrétaire exécutif de l’Observatoire de la qualité des services financiers (Oqsf), rappelle que le Bénin figure désormais en tête de l’Uemoa en matière d’inclusion financière, avec un taux d’utilisation des services financiers numériques de 90 %. « Nous sommes à une étape cruciale en termes de digitalisation. Face à tout ça, il y a forcément des risques », prévient-il. Accès facile aux services, multiplication des plateformes, innovations rapides. Le terrain est propice aux arnaques, surtout lorsque la transparence et la traçabilité ne sont pas garanties. L’Oqsf qui émane du ministère de l’Economie et des Finances, travaille aux côtés de la Bceao et d’autres institutions pour assainir l’écosystème financier. Les anciennes dérives observées dans le secteur de la microfinance ont été contenues, mais de nouveaux dangers apparaissent désormais dans la ligne de mire. « La plupart de ces plateformes sont peut-être hors du Bénin. Elles collectent vos dépôts et s'en vont », avertit Abou Bakary Issiaka.

Au fil des échanges, les étudiants se montrent très réceptifs et les experts insistent sur le mode opératoire général de ces plateformes, ainsi que la loi qui sanctionne tout contrevenant. La séance s’achève sur un appel à renforcer l’éducation financière, encadrer les nouvelles technologies et développer une culture de vigilance dans un environnement numérique de plus en plus complexe. Cette séance d’information a débuté depuis plusieurs jours à l’intérieur du pays et les associations promettent de la poursuivre afin de toucher le maximum de personnes.