La Nation Bénin...
Le projet Route des « Tata » enregistre de nouvelles infrastructures, aec la rénovation de dix Tata sacrés qui renforcent le site touristique du patrimoine culturel du Koutammakou, inscrit dans le patrimoine mondial de l’Unesco en septembre 2023. Une reconnaissance qui conforte les efforts de conservation engagés.
Situé à Koussoucoingou, dans la commune de Boukombé, département de l’Atacora au nord-ouest du Bénin, le projet Route des Tata a marqué les esprits, vendredi 27 juin dernier, à travers la présentation de dix Tata rénovés. Ces infrastructures s’ajoutent à l’existant et renforcent ainsi le riche « patrimoine culturel du Koutammakou » désormais inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Leur rénovation marque un symbole, une culture traditionnelle préservée pour des générations. C’est la principale raison pour laquelle de nombreuses personnalités se sont mobilisées pour découvrir, au détour d’une manifestation culturelle, la mise en œuvre des activités du projet dénommé Route des Tata dont le siège se trouve à Koussoucoingou. Au total, dix Tata sont restaurés sur 150 sélectionnés en 2024 parmi 5 000 Tata inventoriés en 2017 dans le paysage Koutammakou.
Il y est prévu, selon l’Organisation non gouvernementale
Eco-Bénin, structure gestionnaire de la destination « Route des Tata », la
restauration de ces bâtiments, une véritable représentation historique de la
communauté Otammari. En amont de cette phase pilote de restauration de Tata,
une étude minutieuse a permis d’en identifier 150 en état de dégradation
avancée, et de concevoir un itinéraire technique de restauration respectueux
des savoir-faire traditionnels. Selon l’Ong, dix d’entre eux, tous des Tata
sacrés, ont été sélectionnés pour une phase pilote d’intervention, couvrant les
communes de Boukombé, Natitingou et Toucountouna. Au-delà de simples
habitations, ces Tata sont considérés comme des sanctuaires familiaux et
culturels ou encore des musées vivants qui incarnent l’âme et l’histoire du
peuple Otammari.
Soulagement
Pour la communauté, cette initiative du gouvernement est
un soulagement. Justin Natta, président de la Commission nationale linguistique
Ditammari (Cnld), fait remarquer que la restauration de ces Tata constitue un
acte fort pour sa communauté. Ce sont des lieux où débute la civilisation
Otammari, dit-il, avant de remercier le gouvernement et l’Ong Eco-Benin pour
cette initiative qui redonne vie à ce patrimoine culturel. Il a souhaité que la
rénovation soit poursuivie dans la perspective d’assurer la sauvegarde durable
de ce patrimoine unique inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco
en 2023.
Après trois ans d’action sur le projet, Gautier Amoussou,
coordonnateur national de l’Ong, révèle l’inventaire et la géolocalisation par
drone de près de 5 000 Tata sur l’ensemble de la zone Otammari, la
documentation détaillée de plus de 1 700 Tata, incluant des données
architecturales, historiques et sociales, l’aménagement du bâtiment du Bureau
d’accueil et d’informations touristiques (Bait) du projet, la mise en place
d’un plan de marketing et communication avec la création d’une identité
visuelle de la destination, la mise en place de sept circuits touristiques,
dont quatre sont déjà validés et mis sur le marché. Il a ajouté, entre autres,
la formation des guides de la destination et des artisans (vanniers, potières,
flûtistes, artisans locaux de fibre végétale Ybéni, restaurateurs, hébergeurs,
propriétaires Tata), l’élaboration d’une charte éthique et d’un code de bonne
conduite pour encadrer les visites, l’organisation de trois éditions de la «
fête de l’enduit », véritable moment de valorisation des savoir-faire
traditionnels en matière de construction, la création et l’animation d’un
portail web pour la promotion des offres touristiques de la destination
(www.routedestata.bj).
« Le Tata est le symbole de notre culture, de notre histoire et de notre identité. Ces infrastructures restaurées doivent devenir des lieux de mémoire, mais aussi de vie, de rencontres et d’animation culturelle », a suggéré Jean-Marie Angelo Amoussou de l’Agence nationale des patrimoines touristiques. Il soutient combien est importante cette architecture traditionnelle dans la stratégie de valorisation du patrimoine culturel béninois. L’aménagement des espaces annexes tels que des restaurants servant des plats locaux, des boutiques artisanales ainsi que l’organisation régulière d’évènements culturels pour enrichir l’expérience des visiteurs sont autant d’initiatives, selon lui, susceptibles de générer des retombées économiques pour les communautés. Les Tata rénovés ainsi réceptionnés contribuent au renforcement du tourisme patrimonial auquel le gouvernement tient dans sa stratégie de révélation de ce secteur, de mieux en mieux connu des populations.
Les Tata du paysage Koutammakou en pleine rénovation pour le bonheur des touristes