La Nation Bénin...
C’est
peu dire que d’affirmer que ces derniers mois, la grande faucheuse s’est
montrée moins conciliante avec le monde culturel béninois. De nombreux artistes
ont tourné le dos à la scène, souvent dans la fleur de l’âge et cela ne manque
pas d’inquiéter leurs pairs encore en vie. Richard Flash s’en montre
particulièrement préoccupé.
Ce
n’est pas tant la dernière publication faite par lui sur les réseaux sociaux
qui traduit sa peine face aux nombreuses pertes accumulées par le monde
culturel ces derniers mois. En privé comme en public, il en fait cas. Est-ce sa
manière à lui d’appeler à un regard plus compatissant sur le monde culturel ?
Trouve-t-il à travers cette méthode qui consiste à appeler sans cesse à
l’amélioration de la situation des artistes, un soulagement ?
Richard Kakpo, plus connu sous son nom de scène Richard Flash, perd ses mots devant le sort que connaissent certains artistes. Les décès répétitifs dans le rang des musiciens béninois le laissent sans voix. « Parfois certaines de nos douleurs sont à vivre et à canaliser en silence… Devant la mort, nous n'avons aucune force. Croisons juste les bras et prions très fort », a publié le désormais entrepreneur culturel, suite au décès de Willy Mignon. « Depuis peu, je me sens impuissant devant certaines situations et surtout devant la mort qui n'arrête pas de briser des rêves, des vies dans le rang de ma famille musicale », s’est aussi désolé Richard Flash dans une publication devenue virale sur la toile. « Je sais qu'il n'y a pas que les artistes qui meurent, puisqu'il y a des milliers de morts tous les jours à travers le monde, mais depuis la mort de mon frère Praouda, de Sêmêvo et maintenant Willy Mignon, je me demande si le Fâ de cette année n'avait pas vu aussi ça pour nous en prévenir », poursuit-il.
Ce
qui le désole davantage, et bien plus dans sa peau de promoteur que de
musicien, c’est de se savoir « impuissant » face à une telle situation. «
Qu'est-ce qu'on a pu apporter à leur vie et à leur carrière d'artiste de leur
vivant ? », s’interroge-t-il aussi, avant d’exhorter à agir pour ceux qui sont
encore en vie.
L’analyse de Richard Kakpo sur le sort des artistes va même au-delà de ces morts subites qui s’enchainent ces dernières semaines. La solution, nous confiera-t-il en entretien, c’est d’aider les artistes béninois à reprendre confiance en eux, à travailler et à se vendre plus cher. « Les artistes ont commencé à perdre confiance en eux. Parce qu'on leur dit qu'ils ne sont pas perfectionnés, qu'ils ne sont pas meilleurs », déplore-t-il. « Les artistes sont déjà morts dans l'âme avant le jour de leur mort », précise-t-il. L’espoir demeure selon lui, et ceux qui peuvent encore changer les choses doivent le faire, plaide-t-il. Lui, en tout cas, se dit prêt à jouer sa partition. D’ailleurs, s’il est passé du statut d’artiste à celui d’entrepreneur et promoteur, c’est aussi pour cela. Changer à la fois ce qui peut l’être et ce qui doit l’être. « Si je suis là aujourd'hui en tant que directeur général de la Centrale Company (nom de sa structure), c'est parce que je me suis dit que je vais me mettre au service de la nouvelle génération pour changer quelque chose », confie-t-il à notre équipe. « Le débat est plus profond. Il y a de la souffrance chez les artistes… Il faut que les choses changent », insiste-t-il. Richard Flash appelle à donner « plus de considération à nos artistes, à faire la promotion de la compétence, des meilleurs et à travailler ». Il n’entrevoit le salut qu’à cette seule et unique condition.