La Nation Bénin...
Couleur Indigo et son réseau de chercheurs, artisans et créateurs rassemblent, cette année encore, spécialistes et public autour de l’indigo, teinture emblématique dont la trajectoire transatlantique raconte la mémoire, l’exil, la résistance et la réinvention culturelle.
Le Symposium sur l’indigo africain (Sia) fait son retour. La quatrième édition est prévue du 26 au 29 novembre à Ouidah. L’édition 2025, placée sous le thème « Indigo transatlantique : mémoires croisées entre Bénin, Brésil et Nigéria», propose une plongée historique, esthétique et symbolique dans la trajectoire d’une couleur qui porte mémoire et identité. L’ambition ici, c’est d’explorer la circulation, la transmission et les survivances de la teinture bleue à travers l’histoire et les territoires. A Indigo Village, nouveau centre culturel dédié à la recherche, la création et la transmission autour de l’indigo au Bénin, dans une ambiance empreinte de convivialité, la promotrice de Couleur Indigo et initiatrice du Symposium, Nadia Adanlé, entourée du comité d’organisation, a dévoilé les grandes lignes de cette édition très attendue. «Cette année, nous interrogeons l’indigo comme un vecteur de mémoire, de résistance et de renaissance culturelle. L’indigo est un patrimoine transatlantique. Au-delà d’une couleur, il est un lien vivant entre l’Afrique et sa diaspora », explique-t-elle.
La présente édition poursuit la démarche de recherche et de transmission, amorcée depuis 2022. Après avoir exploré la professionnalisation des savoir-faire, la muséalisation, puis les modes de transmission non formels des connaissances autour de la teinture naturelle, le Sia 2025 élargit le regard. « L’an dernier, la Guadeloupe nous a permis de percevoir ce que nos ancêtres ont laissé comme empreintes outre-Atlantique. Il nous fallait poursuivre cette exploration. Partout où ils sont passés, l’indigo a été un témoin, un marqueur culturel », poursuit Nadia Adanlé. Le choix d’un thème liant le Bénin, le Brésil et le Nigeria n’est pas fortuit. Ces trois espaces sont liés par l’histoire de la traite négrière, des circulations forcées de populations et des transmissions culturelles qui ont traversé les océans et survécu aux siècles. L’indigo apparait ainsi comme une courroie, un dialogue de cultures et de mémoires qui raconte l’histoire des peuples d’un rivage à l’autre. Il est aussi la trace vivante des circulations africaines et se veut un trait d’union entre l’Afrique et sa diaspora. En somme, la couleur bleue en héritage transatlantique et l’édition 2025 part pour le démontrer de fort belle manière.
Un programme bien articulé
Le programme du Sia 2025 est à la fois artistique, cérémoniel et pédagogique. Il est réparti sur quatre jours, selon le président du comité d’organisation, Aimé Dako. Le mercredi 26 novembre est consacré au lancement et à l’inauguration avec en toile de fond, coupure de ruban, mise en activité des nouveaux espaces d’Indigo Village, en duplex avec un collectif de femmes brésiliennes travaillant l’indigo et portant la mémoire afrodescendante. Les jeudi 27 et vendredi 28 novembre sont consacrés aux journées scientifiques. Des historiens, architectes du patrimoine, anthropologues, artisans et conservateurs interviendront autour de panels et communications. Ils aborderont entre autres, le rôle l’indigo dans la structuration des identités transatlantiques et comment les savoir-faire ont-ils résisté, survécu et continué d’évoluer. Viendra enfin, le samedi 29, la grande Nuit de l’Indigo. Moment phare du Sia, ce défilé de haute tenue artistique mettra en scène une collection inspirée de l’héritage afro-brésilien, portée par des créateurs béninois et une styliste invitée. « La Grande Nuit de l’Indigo est plus qu’un défilé. C’est un rituel de mémoire, une célébration de la beauté, et un acte de restitution contemporaine», précise Nadia Adanlé.
Aussi, doit-on rappeler que l’inauguration d’Indigo Village constitue l’un des temps symboliques majeurs de cette édition. Le lieu se présente comme un écosystème vivant, fidélisé autour de la connaissance, de l’art, de l’artisanat, de la formation et de l’accueil d’artistes en résidence. Pour Nadia Adanlé, « notre mission est de faire connaître, de protéger et de valoriser l’indigo afin qu’il continue de vivre, non pas comme un vestige mais comme une identité, une énergie transmise ». En quatre éditions seulement, le Symposium sur l’indigo africain s’est installé comme un espace incontournable dans la cartographie des initiatives de sauvegarde du patrimoine immatériel au Bénin. Plus qu’un événement, il est une démarche de réappropriation culturelle, un geste de continuité historique, une traversée de mémoire. L’édition 2025, en reliant le Bénin, le Brésil et le Nigeria, rappelle sans doute que certaines couleurs ne s’effacent pas. Elles voyagent plutôt, survivent et rassemblent.
Le comité d'organisation du symposium présentant ses diverses attractions