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Problématique de la souveraineté des États africains: Arifari Bako lance les réflexions

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La veille panafricaniste, la quête de l'unité africaine, c'est un combat permanent La veille panafricaniste, la quête de l'unité africaine, c'est un combat permanent

La problématique de la souveraineté des États africains est au menu des réflexions de l'Institut des artisans de justice et de paix, pour le 3e trimestre de l'année. Jeudi 10 juillet 2025, au siège de l’Institut des artisans de justice et de paix, Chant d’oiseau (Iajp/Co), Nassirou Arifari Bako a, au cours d'une conférence inaugurale, fait l'état des lieux et évoqué des pistes d'échanges.

Par   Isidore Gozo, le 14 juil. 2025 à 10h33 Durée 2 min.
#Nassirou Arifari Bako #souveraineté

Le ton est solennel et la démarche pédagogique. Arifari Bako, dans un savant dosage entre l’histoire politique des Etats et le vécu qui est le sien, en tant qu’ancien ministre des Affaires étrangères, de l'Intégration africaine, de la Francophonie et des Béninois de l'extérieur, a abordé la problématique de la souveraineté, jeudi 10 juillet au Chant d’oiseau. Convié à lancer les discussions sur le thème « Souveraineté du pouvoir politique en Afrique : entre unité africaine et impuissance des dirigeants africains», Nassirou Arifari Bako a endossé son costume d’universitaire et d’acteur politique averti, pour démontrer que « la souveraineté des États africains reste partielle malgré leur indépendance formelle. » Il évoque l’héritage colonial des pays africains et fait savoir que beaucoup dépendent encore de puissances étrangères sur les plans économique, militaire et politique. Et si les Etats ne sont pas forts, il n’est pas possible de concevoir des ensembles régionaux forts, et par ricochet, un continent « uni et fort. »

 

« L’Unité africaine est une utopie… »

Partant de la crise libyenne, dont il a participé aux différents sommets qui ont tenté de la gérer, l’ancien ministre des Affaires étrangères a relaté combien les décisions prises, jusqu’à l’intervention de forces étrangères, traduisent la dépendance des pays africains de l’extérieur. A l’en croire, l’ingérence de partenaires comme la France, la Chine, ou les États-Unis, ainsi que la pression d’institutions internationales, limitent leur autonomie. La monnaie Cfa, toujours liée au Trésor français, freine la souveraineté monétaire de plusieurs pays. Sur le plan sécuritaire, la présence de forces étrangères ou de groupes paramilitaires, traduit une externalisation de la défense. Toutes choses qui le poussent à dire que « l'unité africaine est une utopie ; c'est une illusion fonctionnelle », lâche-t-il avant d’ajouter : « On veut créer l'unité africaine, à partir d'instruments dont la conception, l’institutionnalisation, n'ont pas été le fait des Africains eux-mêmes.» Il concède que « nous sommes actuellement dans une phase de reconquête de la souveraineté historique », ce qui explique les élans qui s’observent, notamment en ce qui concerne le retrait de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), des pays membres de l’Association des Etats du Sahel (Aes). Il reste tout de même optimiste et affirme que « la veille panafricaniste, la quête de l'unité africaine, c'est un combat permanent. Travaillons ensemble pour trouver les voies et moyens, pour avancer dans la voie ouverte par les fondateurs. C'est à ce prix que le rêve de l'unité africaine pourra être une réalité. »

Initiateur du débat qui a réuni des cadres et personnalités politiques et universitaires, le directeur de l’Institut des artisans de justice et de paix, Chant d’oiseau (Iajp/Co), a réaffirmé sa foi en une Afrique qui doit se recentrer sur les fondamentaux de la bonne gouvernance et du bien commun. Pour lui, le décideur est confronté à des réalités exogènes et à des réalités intrinsèques au pouvoir. Son souhait, « c'est que le décideur soit vraiment un gouverneur, et que le colon cesse d'être le gouverneur.»

Les travaux se poursuivent le jeudi 7 août prochain, à travers des cercles de réflexion, toujours au siège de l’Iajp/Co à Cotonou.