La Nation Bénin...
Réunis à Cotonou, les 19 et 20 août, les responsables
nationaux de la gestion des frontières de l’Afrique de l’Ouest examinent les
défis sécuritaires et humanitaires qui fragilisent la région. Objectif :
renforcer la coopération transfrontalière pour garantir la libre circulation,
lutter contre les trafics et faire des frontières des espaces de développement
partagé.
La coopération transfrontalière en Afrique de l’Ouest,
mise à rude épreuve par l’insécurité et les trafics illicites, est au centre
d’une concertation régionale ouverte, hier mardi 19 août à Cotonou. C’est à la
faveur de la deuxième réunion des responsables des structures nationales de
gestion des frontières qui se tient à l’initiative de la Commission de la
Cedeao avec l’appui de l’Union africaine.
Durant deux jours, les participants venus des Etats
membres passent en revue les actions menées, partagent leurs expériences et
envisagent de nouvelles approches pour une meilleure gouvernance des espaces
frontaliers. L’objectif visé est d’assurer la libre circulation des personnes
et des biens, renforcer la sécurité et stabiliser les zones transfrontalières.
En ouvrant les travaux, Yafradou Adam Taïrou, directeur de cabinet du ministre béninois de l’Intérieur et de la Sécurité publique, a insisté sur la nécessité d’une approche collective.
« Cette rencontre offre un cadre propice pour évaluer les
progrès accomplis, mutualiser nos expériences respectives, identifier les défis
persistants et formuler des recommandations concrètes en vue d’une gestion
efficace de nos frontières communes », a-t-il déclaré.
« Nos frontières ne doivent plus être perçues comme des
lignes de séparation, mais comme des espaces de coopération, d’échange et de
développement partagé », a-t-il poursuivi, rappelant l’engagement du Bénin dans
cette dynamique.
Défis multiples
Les enjeux sont de taille et appellent à renforcer la
coordination et à promouvoir une approche inclusive impliquant les communautés
locales, a souligné Albert Siaw-Boateng, directeur de la Libre circulation des
personnes et des Migrations à la Commission de la Cedeao, citant l’insécurité, la
criminalité transfrontalière, la migration irrégulière, le trafic de drogue et
d’armes, sans oublier les menaces terroristes.
La rencontre, placée sous l’égide de Francis Langumba
Keili, de l’Office national de sécurité de la Sierra Leone, met l’accent sur le
partage de bonnes pratiques. Plusieurs initiatives sont au cœur des échanges,
notamment l’expérience du Bénin avec ses plans locaux de sécurité et
l’implication des collectivités, la Stratégie d’appui à la transition
incomplète (Sati), la gestion pacifique des ressources naturelles partagées
dans le bassin du fleuve Sénégal ou encore l’initiative de coopération
transfrontalière entre les communes de Tominian (Mali) et de Kossi (Burkina
Faso).
Pour Youssoufou Adam, directeur général de l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliers (Abegief), cette réunion doit marquer « le point de départ de nouvelles dynamiques régionales, porteuses d’espoir pour les populations frontalières ». Il a salué le rôle du Programme régional d’appui à la coopération transfrontalière comme « levier stratégique pour le renforcement de la cohésion entre les populations ».
Vers une feuille de route triennale
Au-delà du partage d’expériences, les discussions portent
aussi sur le financement durable des projets et programmes, la mise en place
d’organismes de coopération transfrontalière, la maîtrise des flux migratoires
et la prise en compte des menaces émergentes sur la gouvernance des frontières
terrestres, fluviales et maritimes à savoir changements climatiques, gestion
des ressources partagées ou encore crises sanitaires.
Dr. Stefan Buchwald, ambassadeur d’Allemagne près le Bénin Bénin, a exprimé son optimisme quant aux résultats. Selon lui, les leçons tirées des projets pilotes permettront de « planifier de façon conjointe et réaliste les actions des trois prochaines années », à travers une feuille de route triennale 2025-2027.
La rencontre de Cotonou doit ainsi déboucher sur des
recommandations fortes pour améliorer la gouvernance, la sécurité et le
développement dans les zones frontalières de la Cedeao. Elle sera suivie, les
21 et 22 août, d'une réunion de la Plateforme d’échanges et de coordination sur
la gestion des espaces frontaliers en Afrique de l’Ouest (Pecagef), afin de
traduire les conclusions des responsables nationaux en plans d’action
opérationnels.
les responsables nationaux de la gestion des frontières de l’Afrique de l’Ouest examinent les défis sécuritaires et humanitaires