Hommage aux icônes: Jean-Roger Ahoyo célébré

Premier directeur de cabinet du président Nicéphore Soglo, ancien ministre, député, conseiller régional de l’Unesco, mais aussi chef de collectivité sous le nom de Dah Ahoyo Goudjèman, l’homme (Jean-Roger Ahoyo) a marqué plusieurs générations par son engagement et son sens du service public. A juste titre, le Centre de promotion de l’entrepreneuriat et des arts (Ceprea) lui a consacré la cinquième édition de son initiative « Célébrer nos icônes ».

 Se référant au mot du président Patrice Talon, selon lequel les héros sont aussi « ceux d’entre nous, Béninois, qui se sont particulièrement distingués et se sont dévoués à la cause nationale d'une manière ou d'une autre », Coach Justino Vieyra, directeur exécutif du Ceprea, a indiqué que « ces héros, nous les célébrons trop peu, nous ne les célébrons presque pas. Nous ne mettons pas assez en lumière leur parcours ou les valeurs qu’ils incarnent pour inspirer la jeunesse ».

Depuis cinq ans, le Ceprea s’attelle à combler ce vide en rendant hommage à des personnalités qui, chacune à leur manière, ont contribué à écrire l’histoire du Bénin. Après Jérôme Carlos, Dr Léontine Idohou, Yacoubou Malèhossou et Me Rufino d’Almeida, c’était donc au tour de Jean-Roger Ahoyo d’être mis à l’honneur.

Un parcours exemplaire

Né le 28 mars 1941 à Parakou, Jean-Roger Ahoyo a grandi entre Abomey et Porto-Novo. Après un baccalauréat en mathématiques élémentaires en 1961, il poursuit les études supérieures en France où il obtient une licence, une maîtrise puis un doctorat en géographie à l’Université Paris VII. A son retour, il enseigne l’histoire et la géographie dans plusieurs lycées béninois avant de rejoindre l’Université nationale du Bénin (Unb) en tant que professeur- assistant. Rapidement, son profil dépasse le cadre académique. De 1977 à 1980, il est nommé directeur général au ministère de l’Intérieur. Il reprend ensuite sa carrière universitaire comme directeur de l’École normale supérieure(Ens), puis vice-recteur de l’Université nationale du Bénin. Sa trajectoire politique prend un tournant décisif lors de la Conférence des forces vives de la nation de 1990 où il joue un rôle central.

En 1991, il devient le premier directeur de cabinet du président Nicéphore Soglo, ouvrant ainsi une nouvelle ère démocratique au Bénin. Deux ans plus tard, il entre au gouvernement comme ministre de l’Environnement, de l’Habitat et de l’Urbanisme. En 1996, il entame une carrière internationale à l’Unesco, d’abord à Brazzaville puis à Dakar, comme conseiller régional pour la culture. Auteur prolifique, passionné de culture et de mémoire historique, il a publié plusieurs ouvrages dont Dada Gbèhanzin, le règne inachevé (2020) et un livre consacré aux Conférences de 1979 et 1990 (2022). Descendant direct du roi Béhanzin par sa grand-mère, il a également présidé plusieurs comités commémoratifs liés à l’histoire royale d’Abomey.

Une figure de rigueur et de générosité

Au-delà de ses responsabilités officielles, Jean-Roger Ahoyo est décrit par ses proches comme un homme profondément humain, attentif à sa famille et à sa collectivité. « Dah Ahoyo Goudjèman Roger est un véritable exemple. C’est un homme discret, rigoureux, généreux, qui sait donner de la joie autour de lui », a confié Francis Ayoho, l’un de ses parents. Il a insisté sur son attachement à l’éducation.

« Côté académique, Dah Goudjèman est prêt à vous acheter des bouquins, même si ça coûte un million de francs. C’est sa passion : vous voir réussir, être des intellectuels valables comme lui l’a été », a-t-il témoigné. Son petit-fils, Loïck Ahoyo, a livré un témoignage empreint d’émotion.  « Nous sommes fiers de toi. Ton engagement, ton courage, ta discipline nous rendent fiers. Cette distinction, nous la recevons en héritage. Nous allons essayer d’être dignes de toi. Nous t’aimons très fort », a-t-il promis.

La cérémonie a rassemblé de nombreuses personnalités, parmi lesquelles Théodore Holo, ancien président de la Cour constitutionnelle, l’ancien député Maxime Houédjissin ou encore Timothée Adanlin, ancien président de la Haac. Tous ont salué la trajectoire d’un homme qui, à la fois académicien, homme politique, diplomate et chef traditionnel, a marqué le Bénin de son empreinte.

Pour le directeur exécutif du Ceprea : « Même si le professeur Jean-Roger Ahoyo ne parle pas de lui-même, ses actes parlent pour lui. Ses valeurs profondes, son humilité, sa générosité et sa richesse culturelle font de lui une véritable icône de la nation béninoise ».