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Indiscipline chez les Guépards du Bénin: Un mal chronique difficile à éradiquer ?

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L’indiscipline est une ombre qui semble planer, depuis des années, sur la sélection nationale. Une fois encore, le sélectionneur Gernot Rohr a évoqué ce problème en conférence de presse, lundi 10 mars dernier à Cotonou en pointant du doigt le cas du défenseur Olivier Verdon. Alors, s’agit-il d’un simple manque de rigueur ou d’un mal profondément enraciné ?

Par   Christian HOUNONGBE, le 12 mars 2025 à 11h33 Durée 3 min.
#Les Guépards du Bénin

Qu’il s’agisse d’écarts de conduite individuels ou d’un relâchement collectif, l’indiscipline nuit à la cohésion de l’équipe et ternit l’image de la sélection nationale du Bénin. Le récent cas d’Olivier Verdon, pointé du doigt par Gernot Rohr, n’est que le dernier épisode d’une longue série de controverses. C’est dire que Olivier Verdon n’est pas le premier à être épinglé pour des problèmes de discipline. Avant lui, Cèbio Soukou s’était attiré les reproches de Rohr pour son absence lors des derniers matchs des éliminatoires de la Can 2023. « Lui-même a dit qu’il ne voulait plus venir. Alors, on est resté sur ça », avait déclaré le sélectionneur pour fustiger le comportement du joueur qui avait fait le choix de ne plus répondre aux convocations du technicien allemand.

Plus loin dans le passé, sous l’ère de Michel Dussuyer, Jodel Dossou avait été sanctionné suite à un incident nocturne à l’hôtel des joueurs en novembre 2021. A l’époque, le sélectionneur français avait fait savoir que la sanction à lui infligée était une décision importante parce que «son comportement et son habitude ne sont pas forcément bons ». L’indiscipline ne date pas d’aujourd’hui chez les Guépards. Avant la Can 2008, l’ancien international Mouri Ola Ogounbiyi avait eu des démêlés avec le sélectionneur Reinhard Fabisch, la veille de la confrontation contre le Mali pour la première journée du groupe B de la Can 2008. « Il s’est mal comporté envers moi et vis-à-vis du groupe. Pire encore, il n’a pas assisté à la cérémonie de remise de drapeau national au Palais présidentiel à Cotonou », avait déploré Reinhard Fabisch.

Une ombre persistante

En 2010, une situation similaire avait conduit à la dissolution pure et simple de l’équipe nationale. La Fédération béninoise de football (Fbf) dirigée par Anjorin Moucharaf avait dissous la sélection et l’encadrement technique dirigé par le Français Michel Dussuyer, pour « indiscipline et manque de patriotisme », au lendemain de l’élimination au 1er tour de la Can 2010 en Angola. Les raisons avancées dans la décision N°01/201 O/ Ce-Fbf/Pt étaient entre autres : le manque de respect des joueurs de l’équipe nationale A vis-à-vis des responsables en charge du football au Bénin, les mauvais comportements et le manque de patriotisme des joueurs de l’équipe nationale A, le chantage orchestré par les joueurs à la veille du départ de la délégation officielle pour l’Angola et la complicité ou le cautionnement des actes blâmables des joueurs par l’encadrement technique. Autant de précédents qui témoignent d’un problème de fond difficile à juguler.

Quid des racines ?

L’indiscipline au sein des Guépards du Bénin trouve ses racines dans plusieurs facteurs, à commencer par un manque criant de rigueur dans la gestion interne de l’équipe nationale. La camaraderie entre joueurs et dirigeants et l’absence d’un cadre strict encadrant les joueurs ouvrent la porte à toutes sortes de dérives. La culture de l’impunité en est une conséquence directe : trop souvent, des comportements répréhensibles sont banalisés, voire passés sous silence, ce qui finit par encourager d’autres joueurs à défier l’autorité sans crainte de représailles. Si certains techniciens ont montré des difficultés à imposer leur autorité, d’autres se sont heurtés à des joueurs peu enclins à accepter leurs choix. L’environnement général du football béninois, où la rigueur et la discipline ne sont pas toujours des priorités, alimente également cette récurrence des écarts de conduite. Par exemple, sous l’ère Michel Dussuyer, un règlement intérieur existait et les joueurs étaient censés s’y conformer. Que reste-t-il aujourd’hui de cette discipline instaurée à l’époque ? Lorsqu’on sait que ces incidents ternissent l’image de la sélection nationale, il serait important que les dirigeants trouvent des moyens durables pour enrayer ce phénomène. La Fédération béninoise de football et le staff technique doivent impérativement prendre des mesures fermes. L’instauration d’une discipline rigoureuse, à l’image des grandes nations de football, est une nécessité. Cela passe par la mise en place d’un code de conduite clair, assorti de sanctions strictes et systématiques en cas d’écarts. Mais la rigueur seule ne suffira pas. Il est également essentiel de travailler sur l’aspect psychologique et relationnel. Une sensibilisation des joueurs à la gestion des conflits, à l’importance de la communication et à l’engagement collectif pourrait permettre de limiter les récidives. L’indiscipline qui gangrène les Guépards du Bénin n’est pas une fatalité. Mais tant qu’aucune action concrète et rigoureuse ne sera entreprise, ce mal continuera de peser sur la sélection et de freiner ses ambitions sur la scène africaine et internationale.