La Nation Bénin...
Une
séance de sensibilisation aux effets destructeurs des substances psychoactives
a été initiée, mercredi 16 octobre dernier, à l’endroit des populations de
Cotonou, sous l’égide du Centre de prise en charge intégrée des addictions
(Cepiac), de l’Ong Orientation neutre santé (Bornes) et Médecins du monde.
La
consommation de drogues, en forte augmentation ces dernières années en Afrique
de l’Ouest, constitue un enjeu majeur de santé publique. C’est pour répondre à
cette urgence que le Centre de prise en charge intégrée des addictions
(Cepiac), l’Ong Orientation neutre santé (Bornes) et Médecins du monde ont
organisé une campagne de sensibilisation des populations aux conséquences
néfastes des substances psychoactives sur la santé mentale. L'activité
s'inscrit dans le cadre de la Journée mondiale de la santé mentale et marque
également le lancement des activités psychosociales du Projet régional de
dissémination des expertises de réduction des risques, destiné aux usagers de
drogues en Afrique de l’Ouest. Au cœur de cette sensibilisation, Sidoine Aho
Coulibaly, chargée de projet au sein de Médecins du monde, a insisté sur
l’importance du projet régional de réduction des risques (RdR) pour la lutte
contre le Vih et la tuberculose chez les usagers de drogues. « Ce projet, déjà
mis en œuvre avec succès en Côte d'Ivoire, s’étend désormais au Bénin et au
Togo. Notre mission est de soutenir l’Ong Bornes dans la mise en œuvre de ses
activités psychosociales, afin de toucher les usagers de drogues vulnérables et
leur offrir un accompagnement adapté », a-t-elle expliqué. Le Projet régional
de dissémination des expertises de réduction des risques, dont le lancement a
coïncidé avec cet événement, vise à améliorer l'accès à des services de soins
de qualité, particulièrement pour les femmes, souvent plus marginalisées dans
les contextes de toxicomanie. «La contribution de Médecins du monde est
essentielle pour renforcer les capacités des organisations communautaires
locales, afin qu’elles puissent mieux prendre en charge les populations les
plus à risque », a ajouté Sidoine Aho Coulibaly. Le projet vise trois objectifs
spécifiques que Rodrigue Agossou, président de l’Ong Bornes, n’a pas manqué de
préciser. « Tout d'abord, nous souhaitons consolider une offre de soins
accessibles et adaptés aux usagers de drogues, en particulier dans la lutte
contre le Vih et la tuberculose », expose Rodrigue Agossou.
Le professeur Magloire Gansou, directeur du Cepiac, a décrit les répercussions inquiétantes de la consommation des substances psychoactives sur l’individu et sur la société. « Les addictions ont des effets dévastateurs, non seulement sur la santé mentale des individus, mais aussi sur l'économie et l'environnement social de notre pays », a-t-il déclaré. Il indique qu’il est important de sensibiliser davantage aux risques associés à ces substances et inciter ceux qui en souffrent à se rapprocher du centre pour bénéficier de soins gratuits et d’une prise en charge spécialisée. Le Cepiac, créé en 2023 avec l’appui du gouvernement béninois et des organisations internationales, s’est fixé pour mission de fournir des soins gratuits et adaptés aux personnes dépendantes. Ainsi, le centre propose des thérapies spécifiques aux complications liées à la consommation de drogues, permettant aux patients de retrouver un équilibre psychologique et de réduire les risques d'overdose et d’autres complications graves. Fayçal Adebayo Assani, chargé de la communication au Secrétariat permanent de la Commission interministérielle de lutte contre les substances psychotropes, a alerté sur l’ampleur que prend la consommation des drogues, notamment les nouvelles substances psychoactives, dans la région. « Nous avons constaté une montée en flèche de la consommation, en particulier parmi les jeunes et les élèves, ce qui est très préoccupant pour l'avenir du pays », a-t-il déploré. Il a évoqué la nécessité d'un contrôle renforcé des nouvelles drogues, souvent difficiles à détecter en raison de méthodes sophistiquées utilisées par les trafiquants. « Ces substances ont des effets dévastateurs sur le système nerveux et peuvent entraîner des surdoses mortelles. Il est impératif que l'État prenne des mesures plus strictes pour endiguer cette propagation, notamment dans les établissements scolaires où les jeunes sont de plus en plus exposés à ces produits », a-t-il souligné. L’événement du 16 octobre a été marqué par des témoignages poignants d’anciens usagers de drogues, désormais pris en charge par le Cepiac, qui ont souligné l’importance des services de réduction des risques. Grâce à l’implication de plusieurs organisations, dont Plan Bénin et Médecins du monde, des avancées notables ont été réalisées, mais les défis restent nombreux■