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Nutrition et bien-être de l’enfant: La dynamique communautaire de Koukiri, un exploit !

Société
Pour leur bien-être, l'Unicef et ses partenaires déploient leurs diverses actions Pour leur bien-être, l'Unicef et ses partenaires déploient leurs diverses actions

A Koukiri, localité située à 39 km de Parakou, les hommes font preuve de dynamisme et d’engagement pour la promotion de la nutrition et du bien-être de l’enfant. Masculins positifs bon teint, ils sont au-devant de toutes les initiatives concourant à l’atteinte des résultats. 

Par   Maryse ASSOGBADJO, le 16 janv. 2025 à 15h16 Durée 4 min.
#bien-être de l’enfant

Koukiri, localité de Kinoukpanou dans l’arrondissement de Tchatchou arbore fièrement ses attributs de « village propre avec zéro enfant malnutri ». Cette localité qui revient de loin en matière de bien-être de l’enfant doit son sursaut au projet « Promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant ». A la manœuvre, l’Unicef et ses partenaires financiers et des Ong  locales telles que Sia N’Son.

Grâce à des initiatives propres, le village fait partie de ceux ayant atteint un certain nombre d’indicateurs de santé tels que l’état nutritionnel des enfants, l’hygiène et l’assainissement.

« Chaque ménage dispose de latrines. La localité a mis en place des initiatives communautaires comme les jardins de case et des jardins communautaires », apprécie Gaëlle Logozo, chargée de nutrition au Bureau Unicef Parakou.

L’existence des groupes de soutien et des clubs de pères témoigne du fort engagement de la localité pour la cause de l’enfant.  « Ici, vous trouverez des hommes engagés dans les actions de nutrition, d’hygiène et d’assainissement, de la santé de l’enfant », assure-t-elle.

Les résultats obtenus dans la localité sont aussi le fruit de l’investissement personnel des différents acteurs. Chacun sait sur quel pied danser pour ne pas naviguer à vue. Des pères sont responsabilisés suivant les thématiques relevant du droit de l’enfant et chacun veille au grain.

« Nous avons établi des partenariats avec les Ong locales qui maîtrisent les dynamiques communautaires et les questions de développement afin d’atteindre nos objectifs. Idem pour tous les autres services déconcentrés de l’Etat (zones sanitaires, mairie, Guichets uniques de protection sociale avec qui nous collaborons. Avec eux, nous faisons un diagnostic communautaire, tout en faisant toucher du doigt aux communautés les points à corriger », explique Gaëlle Logozo.

Ensuite, le plan d’action élaboré de commun accord avec la communauté sert de boussole pour la mise en œuvre des solutions. Au moins quatre mille localités sont enrôlées dans le cadre de ce projet où l’Unicef accompagne les communautés à adopter les bonnes pratiques au profit des enfants. « L’Unicef leur donne la connaissance et les aide à maintenir les acquis», précise-t-elle.

Dans la localité de Koukiri, Sia N’son Ong prend une part active dans le bien-être des communautés. Ses interventions sur une année ont produit de merveilleux résultats. « Nous sommes intervenus de février 2023 à février 2024 sur le projet intitulé : promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune-enfant. Notre équipe est constituée de vingt-quatre personnes dont quinze facilitatrices ayant intervenu sur le volet nutrition et assainissement et neuf facilitateurs sur le volet assainissement piloté par la communauté », souligne Véronique Tinéponanti. 

Travail méthodique

La finalité est non seulement d’assainir le village, mais aussi de faire en sorte que tous les enfants aient un bon état nutritionnel. Pour en arriver là, il a fallu un travail de fourmis. « Au début, nous avons fait le diagnostic communautaire pour voir les causes de la malnutrition afin d’y adapter les solutions locales », se souvient-elle.

La démarche a été bâtie sur une cible prioritaire. « Il s’agit de la fenêtre d’opportunité des 1 000 premiers jours, parce que cette période est marquée par une croissance rapide de l’enfant. C’est à cette étape que tout le potentiel de l’enfant s’installe. Une malnutrition qui intervient au cours de cette période peut engendrer beaucoup de conséquences pour l’enfant dans le futur. A l’âge adulte, il va développer les maladies métaboliques telles que le diabète, l’hypertension artérielle, les maladies cardio-vasculaires… », explique Véronique Tinéponanti.  

Toutes choses que confirme l’Unicef. « Une bonne alimentation au cours des 1 000 premiers jours est fondamentale dans le développement de l’enfant. Les enfants de 6 à 23 mois ont des besoins nutritifs importants, plus importants qu’à toute autre période de leur vie. Sans une alimentation diversifiée, les enfants ne pourront pas grandir ni se développer correctement. Ils subiront des conséquences durables tout au long de leur vie et leurs perspectives seront restreintes ». 

Mais grâce à la dynamique communautaire de Koukiri, les enfants de la localité ne connaîtront pas un tel sort.

« Nous voulons corriger cela. C’est pour cette raison que l’Unicef soutient le projet « Promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant afin que la localité ait des enfants sur qui elle peut compter à l’avenir », soutient Gaëlle Logozo.

Les différentes initiatives au profit de la localité lui ont permis de se requinquer en un laps de temps.

« Le village était à une prévalence de 32 % de la malnutrition aiguë. Aujourd’hui, les données se sont nettement améliorées grâce à la dynamique locale et aux différentes interventions de l’Unicef à travers Sia N’Son Ong dans la communauté. 

Village propre avec zéro enfant malnutri

Les bonnes pratiques d’alimentation riment avec l’assainissement du cadre de vie. Le volet hygiène du projet fait de la lutte contre la défécation à l’air libre, un vrai challenge, avec un focus sur des groupes cibles de femmes. Le village peut désormais brandir avec fierté le précieux sésame de ‘’village propre avec zéro enfant malnutri’’. « Sur ce volet, nous avons appris l’éducation nutritionnelle aux femmes enceintes, aux allaitantes et aux mères d’enfants de 0 à 5 ans. Nous avons appris aux unes les aliments galactogènes à manger pendant la grossesse pour favoriser une production lactée facile après l’accouchement et aux autres les aliments utiles qui vont favoriser la croissance et le développement cérébral de l’enfant », souligne Véronique Tinéponanti.

Au-delà de l’appropriation des bonnes pratiques par les communautés, le suivi promotion-croissance de l’enfant est fait par Sia N’Son Ong en vue de consolider les acquis. Il s’agit d’évaluer l’état nutritionnel de l’enfant et d’autres pathologies qui peuvent fragiliser sa santé. En cas de malnutrition, une batterie de solutions est mise en place pour le sauver. Cela passe surtout par l’apprentissage des bonnes recettes aux mères et la démonstration culinaire de masse. « Du fait de certaines pratiques culinaires, certains aliments peuvent perdre toutes leurs valeurs nutritives. Nous ciblons les femmes allaitantes et les mères d’enfants de 6 à 59 mois pour leur inculquer cela », poursuit-elle.

Les rares enfants qui tardent à prendre le pli sont référés vers les centres de santé. « Lorsque l’enfant souffre de malnutrition aiguë sévère avec complications, nous le référons vers les centres adaptés pour sa prise en charge et l’Unicef met à sa disposition des aliments thérapeutiques. Les facilitatrices assurent le relais pour que l’enfant ne récidive pas une fois de retour en communauté », explique-t-elle. 

Dans le cadre de la lutte contre la malnutrition, Koukiri peut aussi compter sur le soutien de ses Farn : les foyers d’apprentissage et de réhabilitation nutritionnelle. « On rassemble les enfants du village dans un ménage où ils  séjournent pendant douze jours en leur cuisinant des repas concourant à leur récupération nutritionnelle. Un suivi sur deux mois est fait au bout des douze jours pour se rassurer d’une bonne récupération de l’enfant tout en outillant les mères pour le relais une fois à domicile », souligne Véronique Tinéponanti.

La lutte contre la malnutrition, la promotion de l’hygiène et de la santé infantile sont un ensemble, concourant au développement et au bien-être de l’enfant, l’avenir du monde. C’est pourquoi, l’Unicef et ses partenaires interviennent pour soutenir les dynamiques locales et accompagner le gouvernement du Bénin à travers un paquet d’interventions.

Reconnaissance

A Koukiri les fruits, tiennent la promesse des fleurs. D’où la joie des communautés : « Ce projet nous a appris beaucoup de choses dans notre localité, à savoir l’allaitement maternel exclusif, l’importance du colostrum (tout premier lait maternel après l’accouchement), les aliments de croissance, de protection et de force pour l’enfant. Je suis très contente parce que aujourd’hui mieux qu’hier, il y a de l’entraide et une bonne collaboration entre mon mari et moi. Nous pouvons compter sur nos maris qui nous accompagnent spontanément à l’hôpital pour les consultations prénatales et les vaccinations», apprécie Sahadatou Sanni, membre du groupe de soutien à Koukiri.

La localité est aussi un bon élève sur le plan de l’hygiène et de l’assainissement. « Nous avons réussi à faire adhérer ce village à toutes les bonnes pratiques que prône le projet en matière d’hygiène, et d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant», se réjouit Gaëlle Logozo, chargée de programme de nutrition à Unicef Parakou.

Autant d’efforts qui suscitent l’admiration des élus locaux. « L’Unicef fait un travail colossal dans le domaine de l’assainissement et de l’hygiène dans notre village. Je suis reconnaissant pour ses efforts au profit de nos administrés », témoigne Joël Domagui, chef d’arrondissement de Tchatchou.

Le projet « Promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant » s’étend au-delà de Tchatchou. Il couvre également d’autres communes dans les départements du Borgou, de l’Alibori et du Zou.