La Nation Bénin...
A
Koukiri, localité située à 39 km de Parakou, les hommes font preuve de
dynamisme et d’engagement pour la promotion de la nutrition et du bien-être de
l’enfant. Masculins positifs bon teint, ils sont au-devant de toutes les
initiatives concourant à l’atteinte des résultats.
Koukiri,
localité de Kinoukpanou dans l’arrondissement de Tchatchou arbore fièrement ses
attributs de « village propre avec zéro enfant malnutri ». Cette localité qui
revient de loin en matière de bien-être de l’enfant doit son sursaut au projet
« Promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune
enfant ». A la manœuvre, l’Unicef et ses partenaires financiers et des Ong locales telles que Sia N’Son.
Grâce
à des initiatives propres, le village fait partie de ceux ayant atteint un
certain nombre d’indicateurs de santé tels que l’état nutritionnel des enfants,
l’hygiène et l’assainissement.
«
Chaque ménage dispose de latrines. La localité a mis en place des initiatives
communautaires comme les jardins de case et des jardins communautaires »,
apprécie Gaëlle Logozo, chargée de nutrition au Bureau Unicef Parakou.
L’existence
des groupes de soutien et des clubs de pères témoigne du fort engagement de la
localité pour la cause de l’enfant. «
Ici, vous trouverez des hommes engagés dans les actions de nutrition, d’hygiène
et d’assainissement, de la santé de l’enfant », assure-t-elle.
Les
résultats obtenus dans la localité sont aussi le fruit de l’investissement
personnel des différents acteurs. Chacun sait sur quel pied danser pour ne pas
naviguer à vue. Des pères sont responsabilisés suivant les thématiques relevant
du droit de l’enfant et chacun veille au grain.
«
Nous avons établi des partenariats avec les Ong locales qui maîtrisent les
dynamiques communautaires et les questions de développement afin d’atteindre
nos objectifs. Idem pour tous les autres services déconcentrés de l’Etat (zones
sanitaires, mairie, Guichets uniques de protection sociale avec qui nous
collaborons. Avec eux, nous faisons un diagnostic communautaire, tout en
faisant toucher du doigt aux communautés les points à corriger », explique
Gaëlle Logozo.
Ensuite,
le plan d’action élaboré de commun accord avec la communauté sert de boussole
pour la mise en œuvre des solutions. Au moins quatre mille localités sont
enrôlées dans le cadre de ce projet où l’Unicef accompagne les communautés à
adopter les bonnes pratiques au profit des enfants. « L’Unicef leur donne la
connaissance et les aide à maintenir les acquis», précise-t-elle.
Dans
la localité de Koukiri, Sia N’son Ong prend une part active dans le bien-être
des communautés. Ses interventions sur une année ont produit de merveilleux résultats.
« Nous sommes intervenus de février 2023 à février 2024 sur le projet intitulé
: promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du
jeune-enfant. Notre équipe est constituée de vingt-quatre personnes dont quinze
facilitatrices ayant intervenu sur le volet nutrition et assainissement et neuf
facilitateurs sur le volet assainissement piloté par la communauté », souligne
Véronique Tinéponanti.
Travail méthodique
La
finalité est non seulement d’assainir le village, mais aussi de faire en sorte
que tous les enfants aient un bon état nutritionnel. Pour en arriver là, il a
fallu un travail de fourmis. « Au début, nous avons fait le diagnostic
communautaire pour voir les causes de la malnutrition afin d’y adapter les
solutions locales », se souvient-elle.
La
démarche a été bâtie sur une cible prioritaire. « Il s’agit de la fenêtre
d’opportunité des 1 000 premiers jours, parce que cette période est marquée par
une croissance rapide de l’enfant. C’est à cette étape que tout le potentiel de
l’enfant s’installe. Une malnutrition qui intervient au cours de cette période
peut engendrer beaucoup de conséquences pour l’enfant dans le futur. A l’âge
adulte, il va développer les maladies métaboliques telles que le diabète,
l’hypertension artérielle, les maladies cardio-vasculaires… », explique
Véronique Tinéponanti.
Toutes
choses que confirme l’Unicef. « Une bonne alimentation au cours des 1 000
premiers jours est fondamentale dans le développement de l’enfant. Les enfants
de 6 à 23 mois ont des besoins nutritifs importants, plus importants qu’à toute
autre période de leur vie. Sans une alimentation diversifiée, les enfants ne
pourront pas grandir ni se développer correctement. Ils subiront des
conséquences durables tout au long de leur vie et leurs perspectives seront
restreintes ».
Mais
grâce à la dynamique communautaire de Koukiri, les enfants de la localité ne
connaîtront pas un tel sort.
« Nous voulons corriger cela. C’est pour cette raison que l’Unicef soutient le projet « Promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant afin que la localité ait des enfants sur qui elle peut compter à l’avenir », soutient Gaëlle Logozo.
Les
différentes initiatives au profit de la localité lui ont permis de se requinquer
en un laps de temps.
«
Le village était à une prévalence de 32 % de la malnutrition aiguë.
Aujourd’hui, les données se sont nettement améliorées grâce à la dynamique
locale et aux différentes interventions de l’Unicef à travers Sia N’Son Ong
dans la communauté.
Village propre avec zéro enfant malnutri
Les
bonnes pratiques d’alimentation riment avec l’assainissement du cadre de vie.
Le volet hygiène du projet fait de la lutte contre la défécation à l’air libre,
un vrai challenge, avec un focus sur des groupes cibles de femmes. Le village
peut désormais brandir avec fierté le précieux sésame de ‘’village propre avec
zéro enfant malnutri’’. « Sur ce volet, nous avons appris l’éducation
nutritionnelle aux femmes enceintes, aux allaitantes et aux mères d’enfants de
0 à 5 ans. Nous avons appris aux unes les aliments galactogènes à manger
pendant la grossesse pour favoriser une production lactée facile après
l’accouchement et aux autres les aliments utiles qui vont favoriser la
croissance et le développement cérébral de l’enfant », souligne Véronique
Tinéponanti.
Au-delà
de l’appropriation des bonnes pratiques par les communautés, le suivi
promotion-croissance de l’enfant est fait par Sia N’Son Ong en vue de
consolider les acquis. Il s’agit d’évaluer l’état nutritionnel de l’enfant et
d’autres pathologies qui peuvent fragiliser sa santé. En cas de malnutrition,
une batterie de solutions est mise en place pour le sauver. Cela passe surtout
par l’apprentissage des bonnes recettes aux mères et la démonstration culinaire
de masse. « Du fait de certaines pratiques culinaires, certains aliments
peuvent perdre toutes leurs valeurs nutritives. Nous ciblons les femmes
allaitantes et les mères d’enfants de 6 à 59 mois pour leur inculquer cela »,
poursuit-elle.
Les
rares enfants qui tardent à prendre le pli sont référés vers les centres de
santé. « Lorsque l’enfant souffre de malnutrition aiguë sévère avec
complications, nous le référons vers les centres adaptés pour sa prise en
charge et l’Unicef met à sa disposition des aliments thérapeutiques. Les
facilitatrices assurent le relais pour que l’enfant ne récidive pas une fois de
retour en communauté », explique-t-elle.
Dans
le cadre de la lutte contre la malnutrition, Koukiri peut aussi compter sur le
soutien de ses Farn : les foyers d’apprentissage et de réhabilitation
nutritionnelle. « On rassemble les enfants du village dans un ménage où
ils séjournent pendant douze jours en
leur cuisinant des repas concourant à leur récupération nutritionnelle. Un
suivi sur deux mois est fait au bout des douze jours pour se rassurer d’une
bonne récupération de l’enfant tout en outillant les mères pour le relais une
fois à domicile », souligne Véronique Tinéponanti.
La lutte contre la malnutrition, la promotion de l’hygiène et de la santé infantile sont un ensemble, concourant au développement et au bien-être de l’enfant, l’avenir du monde. C’est pourquoi, l’Unicef et ses partenaires interviennent pour soutenir les dynamiques locales et accompagner le gouvernement du Bénin à travers un paquet d’interventions.
Reconnaissance
A
Koukiri les fruits, tiennent la promesse des fleurs. D’où la joie des
communautés : « Ce projet nous a appris beaucoup de choses dans notre localité,
à savoir l’allaitement maternel exclusif, l’importance du colostrum (tout
premier lait maternel après l’accouchement), les aliments de croissance, de
protection et de force pour l’enfant. Je suis très contente parce que
aujourd’hui mieux qu’hier, il y a de l’entraide et une bonne collaboration
entre mon mari et moi. Nous pouvons compter sur nos maris qui nous accompagnent
spontanément à l’hôpital pour les consultations prénatales et les
vaccinations», apprécie Sahadatou Sanni, membre du groupe de soutien à Koukiri.
La
localité est aussi un bon élève sur le plan de l’hygiène et de
l’assainissement. « Nous avons réussi à faire adhérer ce village à toutes les
bonnes pratiques que prône le projet en matière d’hygiène, et d’alimentation du
nourrisson et du jeune enfant», se réjouit Gaëlle Logozo, chargée de programme
de nutrition à Unicef Parakou.
Autant
d’efforts qui suscitent l’admiration des élus locaux. « L’Unicef fait un
travail colossal dans le domaine de l’assainissement et de l’hygiène dans notre
village. Je suis reconnaissant pour ses efforts au profit de nos administrés »,
témoigne Joël Domagui, chef d’arrondissement de Tchatchou.
Le projet « Promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant » s’étend au-delà de Tchatchou. Il couvre également d’autres communes dans les départements du Borgou, de l’Alibori et du Zou.