La Nation Bénin...
Au
Bénin, en dépit des dispositions contenues dans la loi N° 2021-12 du 20
décembre 2021 et des garanties qu’elle offre, des centaines de femmes perdent
la vie ou souffrent de complications graves dues à des avortements non
sécurisés. La campagne #Doxami, lancée
en septembre dernier et qui se poursuit actuellement se propose d’informer, de
sensibiliser et de briser les tabous autour de cette question de santé
publique.
Le
cadre légal béninois soutient l’accès à l’avortement sécurisé pour protéger la
vie et la santé des femmes. Un avortement sécurisé, lorsqu’il est pratiqué dans
un cadre légal, est l’une des procédures médicales les plus sûres. Il faut donc
informer, sensibiliser et soutenir sur les bons choix reproductifs des femmes
béninoises et barrer la voie à la stigmatisation et au jugement. La campagne
#Doxami, lancée en septembre dernier, s’y emploie bien. Elle se propose pour
l’essentiel de sensibiliser à l’importance de l’accès aux soins d’avortement
sécurisé, d’informer des dispositions légales en vigueur, notamment la loi N°
2021-12 du 20 décembre 2021 et de lutter contre la désinformation. Ceci, dans
le but de réduire la stigmatisation et favoriser une discussion ouverte et
constructive puis encourager les professionnels de santé à offrir ces services
conformément à la loi. Question majeure de santé publique, l’avortement
sécurisé revient sans cesse au cœur du débat public. Environ 200 décès
maternels par an sont liés aux avortements non sécurisés et
41
% des grossesses dans le monde sont involontaires, dont près de la moitié se
terminent par un avortement. Dans le même temps, l’accès à un avortement
sécurisé réduit le risque de complications graves. Comment donc ne pas
emboucher la trompette de la sensibilisation pour aider toute la population et
plus singulièrement la couche juvénile à se prémunir contre tout risque. Tout
le défi que s’impose la campagne #Doxami qui appuie ses interventions à la fois
sur des sensibilisations médiatiques, un engagement communautaire sur fond de
discussions avec les leaders religieux et communautaires ainsi que les jeunes
et les familles et enfin la formation des professionnels de santé.
Une affaire de tous
Pour
Folashade Saïzonou, juriste et membre de l’association « Filles en
action », les dispositions légales au Bénin ont prévu les quatre piliers
de l’avortement sécurisé ou médicalisé ou interruption volontaire de grossesse.
Aussi, précise-t-elle, les médecins, sages-femmes et infirmiers habilités
constituent le personnel soignant commis pour. Autre exigence fondamentale, les
centres privés doivent d’abord remplir certaines conditions avant de le
réaliser. Cet encadrement juridique ne suffit pas encore à résoudre les
difficultés qui se posent. Cette prestation souffre de sous-information,
reconnaît Dr Raphaël Totongnon, gynécologue. Même si la loi fait opposition à
la publicité sur les prestataires de soins d’avortement, le ministère de la
Santé met tout en œuvre « pour que nous ne retournions pas dans les
mauvaises pratiques ». Maintenant que le contexte légal est beaucoup plus
favorable, il faudrait que nous respections les dispositions légales en la
matière pour bénéficier de ces services, plaide le gynécologue.
« L’avortement sécurisé, ce sont des soins de santé publique essentiels et
non un sujet de honte », précise-t-il. Amour Aguiar, sage-femme, troisième
intervenante à la conférence de presse organisée dans le cadre de la campagne
#Doxami apportera pour sa part des éclairages sur les réalités sociales et les
enjeux de santé publique liés aux soins d’avortement sécurisé. L’agent de santé
se penchera du côté de ses pairs, pour les exhorter à éviter les conflits entre
leurs convictions personnelles et ou religieuses, et les obligations de leur
service. Aussi, appelle-t-elle à communiquer sur la loi pour en tenir largement
informée la communauté. « Nous devons intensifier les stratégies pour
pouvoir porter la vulgarisation de cette loi jusqu’au dernier kilomètre où
vivent les femmes et les filles en âge approprié pour qu’elles savent désormais
que nous ne devons plus continuer dans le sens des mauvaises pratiques »,
exhorte-t-elle.
La campagne en cours s’y emploiera à travers son engagement pour un accès sécurisé aux soins d’avortement au Bénin et poursuivra sa sensibilisation à l’accès aux services d’avortement dans le respect du cadre légal béninois. #Doxami qui signifie « Parlons-en» en fongbé, a été conçue à cette fin et la campagne met l’accent sur la diffusion d’informations fiables afin que chaque femme puisse prendre une décision libre et éclairée, sans peur ni jugement. Ladite campagne est portée par un collectif d’organisations engagées dans la promotion des droits en santé sexuelle et reproductive. Elle vise à lutter contre la stigmatisation, améliorer l’accès à l’information et garantir que chaque femme puisse bénéficier des soins de santé reproductive dans un cadre sécurisé et conforme à la loi.