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Violence des gangs en Haïti: Une crise humanitaire sans précédent

International
Après des semaines de pénuries, les Haïtiens sont descendus dans la rue pour dénoncer la misère, l’insécurité et l’illégitimité de l’exécutif Après des semaines de pénuries, les Haïtiens sont descendus dans la rue pour dénoncer la misère, l’insécurité et l’illégitimité de l’exécutif

La situation en Haïti atteint un niveau de violence extrême qui défie l’entendement, selon les observateurs internationaux. En 2024, au moins 5 601 personnes ont perdu la vie dans des violences liées aux gangs. La descente aux enfers semble se poursuivre malgré les tentatives internationales pour mettre fin au chaos. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (Oim), plus de 700 000 Haïtiens ont été forcés de fuir leurs foyers. Le chef des droits de l’homme, Volker Türk, a exprimé sa vive inquiétude face à cette situation.

Par   Catherine Fiankan-Bokonga, Correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse), le 13 janv. 2025 à 08h56 Durée 2 min.
#Situation en Haïti #crise humanitaire

Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, décrit la situation en Haïti avec une grande inquiétude: « Une fois de plus, je dois faire état de la situation profondément préoccupante en Haïti. » En effet, désormais, les gangs contrôlent 80 % de Port-au-Prince. Le chef des droits de l’homme de l’Onu annonce aussi que « la crise de sécurité, la crise de l’Etat de droit et la crise de gouvernance que les Haïtiens endurent peuvent être résolues ».

Les violences ont atteint un niveau de cruauté inimaginable, début décembre 2024 dans le quartier de Cité Soleil à Port-au-Prince, lorsque au moins 207 personnes ont été tuées dans un massacre orchestré par le chef du puissant gang Wharf Jérémie. De nombreuses victimes étaient accusées d’avoir causé la mort du fils du chef par des pratiques vaudoues présumées. Pour effacer les preuves, les membres du gang ont mutilé et brûlé la plupart des corps, tandis que d’autres ont été jetés à la mer. Le chaos total dans le pays a été en grande partie déclenché par l’assassinat en juillet 2021 du dernier président élu, Jovenel Moïse.

En 2024, le Bureau des droits de l’homme de l’Onu a documenté 315 lynchages de membres de gangs et de personnes prétendument associées à des gangs, parfois avec la complicité présumée d’agents de police haïtiens. De plus, 281 cas d’exécutions sommaires présumées impliquant des unités de police spécialisées ont été recensés entre le 1er janvier et le 31 décembre 2024. A ce propos, Volker Türk a déclaré : « Il est clair depuis longtemps que l’impunité pour les violations et abus des droits de l’homme, ainsi que la corruption prévalent en Haïti, constituant certains des principaux moteurs de la crise multidimensionnelle à laquelle le pays est confronté, ainsi que les inégalités économiques et sociales enracinées. »

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Un appel à la communauté internationale

Le Haut-Commissaire a réitéré son appel à la mise en œuvre complète du régime de sanctions du Conseil de sécurité ainsi que de l’embargo sur les armes, crucial pour empêcher l’approvisionnement en armes à feu et en munitions du pays. « Les armes qui entrent en Haïti finissent souvent entre les mains des gangs criminels, avec des résultats tragiques : des milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés, des infrastructures et services essentiels, tels que les écoles et les hôpitaux, perturbés et détruits », a souligné le Chef des droits de l’homme. Dans ce contexte dramatique, la Mission multinationale d’appui à la Sécurité (Mmas) de l’Onu, dirigée par le Kenya, représente un espoir fragile pour restaurer la paix et le contrôle de l’Etat en Haïti. Créée en octobre 2023, elle était censée rassembler 2 500 hommes mais par manque de financement, seuls 425 policiers la composent. Des dizaines de soldats du Guatemala et du Salvador ont également été déployés sur le terrain, début janvier. De nombreux Haïtiens, actuellement aux Etats-Unis, craignent que l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, le 20 janvier, entrainera la révocation de leur statut de protection temporaire de migrant. A ce sujet, le chef de l’Onu a réitéré son appel « à tous les États à ne pas renvoyer de force quiconque en Haïti .»
Catherine Fiankan-Bokonga