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La situation en Haïti atteint un niveau de violence extrême qui défie l’entendement, selon les observateurs internationaux. En 2024, au moins 5 601 personnes ont perdu la vie dans des violences liées aux gangs. La descente aux enfers semble se poursuivre malgré les tentatives internationales pour mettre fin au chaos. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (Oim), plus de 700 000 Haïtiens ont été forcés de fuir leurs foyers. Le chef des droits de l’homme, Volker Türk, a exprimé sa vive inquiétude face à cette situation.
Volker
Türk, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, décrit la situation en Haïti avec
une grande inquiétude: « Une fois de plus, je dois faire état de la situation
profondément préoccupante en Haïti. » En effet, désormais, les gangs
contrôlent 80 % de Port-au-Prince. Le chef des droits de l’homme de l’Onu
annonce aussi que « la crise de sécurité, la crise de l’Etat de droit et la
crise de gouvernance que les Haïtiens endurent peuvent être résolues ».
Les
violences ont atteint un niveau de cruauté inimaginable, début décembre 2024
dans le quartier de Cité Soleil à Port-au-Prince, lorsque au moins 207
personnes ont été tuées dans un massacre orchestré par le chef du puissant gang
Wharf Jérémie. De nombreuses victimes étaient accusées d’avoir causé la mort du
fils du chef par des pratiques vaudoues présumées. Pour effacer les preuves,
les membres du gang ont mutilé et brûlé la plupart des corps, tandis que
d’autres ont été jetés à la mer. Le chaos total dans le pays a été en grande
partie déclenché par l’assassinat en juillet 2021 du dernier président élu,
Jovenel Moïse.
En
2024, le Bureau des droits de l’homme de l’Onu a documenté 315 lynchages de
membres de gangs et de personnes prétendument associées à des gangs, parfois
avec la complicité présumée d’agents de police haïtiens. De plus, 281 cas d’exécutions
sommaires présumées impliquant des unités de police spécialisées ont été
recensés entre le 1er janvier et le 31 décembre 2024. A ce propos, Volker Türk
a déclaré : « Il est clair depuis longtemps que l’impunité pour les
violations et abus des droits de l’homme, ainsi que la corruption prévalent en
Haïti, constituant certains des principaux moteurs de la crise
multidimensionnelle à laquelle le pays est confronté, ainsi que les inégalités
économiques et sociales enracinées. »
Un appel à la communauté internationale
Le
Haut-Commissaire a réitéré son appel à la mise en œuvre complète du régime de
sanctions du Conseil de sécurité ainsi que de l’embargo sur les armes, crucial
pour empêcher l’approvisionnement en armes à feu et en munitions du pays.
« Les armes qui entrent en Haïti finissent souvent entre les mains des
gangs criminels, avec des résultats tragiques : des milliers de morts, des
centaines de milliers de déplacés, des infrastructures et services essentiels,
tels que les écoles et les hôpitaux, perturbés et détruits », a souligné
le Chef des droits de l’homme. Dans ce contexte dramatique, la Mission
multinationale d’appui à la Sécurité (Mmas) de l’Onu, dirigée par le Kenya,
représente un espoir fragile pour restaurer la paix et le contrôle de l’Etat en
Haïti. Créée en octobre 2023, elle était censée rassembler 2 500 hommes mais
par manque de financement, seuls 425 policiers la composent. Des dizaines de
soldats du Guatemala et du Salvador ont également été déployés sur le terrain,
début janvier. De nombreux Haïtiens, actuellement aux Etats-Unis, craignent que
l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, le 20 janvier, entrainera la
révocation de leur statut de protection temporaire de migrant. A ce sujet, le
chef de l’Onu a réitéré son appel « à tous les États à ne pas renvoyer de
force quiconque en Haïti .»
Catherine Fiankan-Bokonga