La Nation Bénin...
Depuis
trois jours, la ville de Goma et ses environs, en République démocratique du
Congo (Rdc), sont le théâtre de violents combats ayant provoqué une
détérioration rapide de la situation humanitaire. Le Secrétaire général des
Nations Unies, Antonio Guterres, et le Conseil de sécurité ont demandé avec
insistance aux Forces de défense rwandaises de cesser leur soutien au M23 et de
se retirer du territoire congolais. Une nouvelle réunion du Conseil de sécurité
s’est tenue mardi après-midi à New York, dans l’espoir de relancer les
négociations diplomatiques entre la Rdc et le Rwanda.
A Genève (Suisse), lors d’un briefing pour la presse accréditée à l’Onu, Jens Laerke, porte-parole du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), a décrit une situation extrêmement alarmante à Goma et dans ses environs. D’après les témoignages du personnel onusien basé à Goma, les combats ont entraîné des tirs nourris, des pillages, des violences basées sur le genre, et des attaques contre des infrastructures humanitaires et sanitaires. Les hôpitaux, débordés par l’afflux de blessés, peinent à fournir les soins nécessaires, tandis que la coupure des services Internet accentue l’isolement de la région. Depuis le début des hostilités, des centaines de milliers de personnes ont été contraintes de fuir, incluant les 700 000 déjà déplacées autour de Goma. Le 24 janvier 2025, les sites abritant 300 000 déplacés internes ont été vidés en quelques heures face à l’avancée des combats. En réponse, le fonds d’urgence des Nations Unies (Cerf) a alloué 17 millions de dollars pour soutenir les efforts humanitaires.
Matthew Saltmarsh, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr), a indiqué que près d’un demi-million de personnes avaient été déplacées dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu en janvier 2025. Ces déplacements massifs ont entraîné la destruction d’abris et la perte de nombreuses vies. Les sites de déplacés à la périphérie de Goma, abritant plus de 300 000 personnes, ont été évacués en urgence. En prévision d’un afflux de demandeurs d’asile, l’agence se tient prête à assurer leur protection et à leur fournir une assistance essentielle. Matthew Saltmarsh a également rappelé que cette crise dépasse le cadre régional et nécessite une réponse mondiale renforcée.
Dimanche
26 janvier, les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations Unies ont exhorté
la Rdc et le Rwanda à reprendre les pourparlers diplomatiques. Ils ont appelé
les deux pays à traiter les questions relatives à la présence des Forces de
défense rwandaises en Rdc et au soutien présumé de la Rdc aux rebelles des
Forces démocratiques de libération du Rwanda (Fdlr). Une résolution durable et
pacifique du conflit est essentielle pour mettre fin aux souffrances des
populations civiles. Une nouvelle réunion du Conseil de sécurité, basé à New
York, se tiendra mardi après-midi.
Catherine Fiankan-Bokonga
Crise sanitaire sans précédent
Le docteur Adelheid Marschang, coordinateur des urgences en Rdc pour l’Organisation mondiale de la santé (Oms), a souligné l’impact catastrophique des violences sur les services de santé à Goma. Avant la fermeture de l’aéroport, l’Oms avait acheminé des fournitures pour faire face aux blessures par balle, au choléra et à d’autres urgences. Cependant, les infrastructures détruites et les déplacements massifs favorisent la propagation de maladies infectieuses comme le choléra, la rougeole et la mpox. En 2024, le Nord et le Sud-Kivu ont signalé 21 672 cas de choléra, causant 59 décès, et 11 710 cas de rougeole, entraînant 115 morts. Plus récemment, plus de 6 000 cas suspects de mpox ont été recensés au cours des six dernières semaines.
Parallèlement,
Patrick Youssef, Directeur régional Afrique du Comité international de la
Croix-Rouge (Cicr), a rapporté qu’en 24 heures, l’hôpital de N’dosho à Goma
avait admis plus de 100 blessés, un chiffre normalement enregistré en un mois.
Le Cicr a également exprimé son inquiétude quant à un laboratoire de l’Institut
national de recherche biomédicale à Goma, conservant des échantillons d’Ebola
et d’autres agents pathogènes. Une coupure d’électricité ou des dommages causés
par les combats pourraient entraîner des conséquences inimaginables.
Shelley Thakral, du Programme alimentaire mondial (Pam), basée à Kinshasa, a lancé une alerte sur l’intensification de l’insécurité alimentaire dans l’est de la Rdc où 5,1 millions de personnes étaient déjà déplacées avant le conflit. À Goma, les activités d’assistance du Pam ont été suspendues en raison de l’insécurité et des difficultés d’approvisionnement causées par les routes bloquées et la fermeture de l’aéroport. Les familles, forcées de traverser le lac Kivu dans des embarcations de fortune, se retrouvent sans provisions, tandis que les prix des denrées alimentaires s’envolent.