La Nation Bénin...
Portée
par une vision artistique engagée, l’initiative Miva Karo 2025 transforme le
centre culturel ‘’Villa Karo’’ de Grand-Popo en un espace de création, de
sensibilisation et de dialogue autour de l’environnement. Artistes, femmes
rurales et enfants unissent leurs voix depuis le 17 avril pour donner vie à des
spectacles puissants, en prélude à un futur festival dédié aux enjeux
climatiques et sociaux.
Depuis
le 17 avril dernier, le centre culturel ‘’Villa Karo’’ de Grand-Popo est en
effervescence. La résidence artistique Miva Karo, placée sous le thème de la
protection de l’environnement, a mobilisé une diversité de créateurs venus de
plusieurs horizons. L’objectif est de faire émerger, en collaboration avec les
enfants de la communauté et des femmes issues des zones rurales, des œuvres
scéniques qui interpellent sur les mutations écologiques, tout en ouvrant des
pistes de réflexion sur les droits fonciers et les inégalités de genre. Pendant
plusieurs jours, ateliers, échanges, répétitions et expérimentations se sont
succédé au sein de cette résidence singulière. Chaque artiste ou collectif a
apporté sa sensibilité, son langage et son univers pour faire jaillir des créations
originales, ancrées dans les réalités locales et portées par une conscience
environnementale affirmée.
L’activité,
pilotée par Georgette Singbe, manager culturelle, ne se limite pas à une simple
résidence. Elle s’inscrit dans une démarche de long terme qui consiste à jeter
les bases d’un festival annuel, dès 2026, qui ferait de Grand-Popo un haut lieu
de convergence entre art, recherche, engagement communautaire et plaidoyer
environnemental. Lors de la cérémonie de lancement officielle, tenue le 30 avril
dernier, Richard Tandjoma, directeur de la Villa Karo, a exprimé la vision de
ce projet ambitieux. « Miva Karo incarne une démarche artistique engagée,
placée sous le signe des défis climatiques. Cette année, sa mission est
d’expérimenter des formes artistiques ancrées dans l’urgence environnementale
et de jeter les bases pérennes d’un festival annuel dès 2026. Ce futur festival
ambitionne de devenir un carrefour unique de dialogues, de savoir-faire et
d’innovations, réunissant artistes, chercheurs, communautés locales et
institutions autour d’un idéal commun : agir ensemble pour un monde plus
solidaire, résilient et durable », a-t-il fait savoir. Pour Richard Tandjoma,
directeur de la ‘’Villa Karo - Finnish West African Cultural Centre’’, leur
défi aujourd’hui est de tester le territoire, d’affiner leurs arguments, et de
construire collectivement les fondations de cette aventure.
Parmi les initiatives fortes de cette résidence, l’équipe dirigée par Codjo Donatien Sodegla a réalisé un travail remarquable avec un groupe de femmes rurales, qui font ici leurs premiers pas sur scène. Ensemble, ils ont donné naissance à «Voix de femme», une œuvre vibrante qui traduit les luttes silencieuses et les aspirations profondes de ces femmes souvent marginalisées dans les discours sur l’environnement et le développement. Autre moment fort : le spectacle «Le ventre de l’océan», porté par le trio Chakirou Salami, Davis Aligbé et Davy Aligbé. Inspirée du livre «L’océan a mal au ventre», cette création fusionne la danse, la percussion et la parole poétique pour explorer les douleurs invisibles de la mer et les conséquences du dérèglement climatique. L’œuvre se veut à la fois sensible et percutante, interrogeant notre lien à l’eau, à la terre, et notre responsabilité collective. Enfin, l’artiste Jean Louis Kedagni présente «Monsieur Environnement», une performance satirique et engagée qui détourne l’humour pour dénoncer avec finesse les contradictions du comportement humain face à la nature.