La Nation Bénin...
La
mise en terre des plants notamment les fruitiers n’est pas une vaine action,
selon Kouagou Gilbert Moutikou de Moutikou plants Bénin basé à Natitingou. A
travers cet entretien, le spécialiste renseigne sur les enjeux des plantations
qui contribuent, selon lui, à la restauration du couvert forestier et au
renforcement de l’écosystème.
La Nation : Quel est votre regard sur l’impact des plantations ?
Kouagou Gilbert Moutikou : Dans le domaine de la plantation, beaucoup ne savent pas qu’on peut devenir riche en s’y investissant. Le meilleur investissement, c’est dans la terre, dans le domaine des fruitiers. Il y a un double intérêt à s’investir dans la plantation. D’une part, vous rentabilisez et d’autre part, vous participez à la restauration du couvert végétal et au renforcement de l’écosystème d’autre part. C’est un pan de la chose. En s’investissant dans la plantation, vous oeuvrez pour l’avancement de la biodiversité et contribuez à lutter contre les effets pervers du changement climatique. Il faut dire que le profil environnemental lié à ce volet est reluisant. Je conseille de faire des investissements dans les plants fruitiers pour qu’on commence à avancer dans la lutte contre le réchauffement climatique. C’est à cela que j’invite ma communauté en mettant à leur disposition des plants que je produis avec mon équipe pour favoriser une large plantation. C’est un activisme environnemental, signe de ma reconnaissance à ceux qui me soutiennent dans mes initiatives.
Quels sont les paramètres à considérer pour l’entretien et la rentabilité des plantations ?
Il
s’agit notamment du suivi phytosanitaire des plantations qui vient pratiquement
à la fin de l’installation. Quand nous finissons de procéder au piquetage, à la
trouaison et à la mise en terre des plants, c’est pratiquement cette étape qui
suit. Ce suivi phytosanitaire permet aux plants d’émerger correctement sans
maladie. Il les protège contre des parasites et micro-organismes nuisibles qui
peuvent être un obstacle à leur croissance. Après la mise en terre des plants,
il faut observer un peu leur croissance, vérifier s’il n’y a pas des vers sur
les plants, si les feuilles ne sont pas pliées ou attaquées par des
araignées...
Le
suivi concerne pratiquement tous les plants fruitiers qui sont purement
fragiles aux invasions parasitaires. On peut citer le manguier, le karité, le goyavier,
l’oranger... tous ces plants ont besoin d’un traitement phytosanitaire pour
assurer leur bonne croissance d’une part et pour maintenir leurs paramètres de
performance d’autre part. Le taux de rendement des plants attaqués par la
maladie baisse contrairement à un plant objet de suivi et de traitement
phytosanitaire réussi.
Lorsque
vous constatez la présence de ces micro-organismes nuisibles, vous pouvez vous
rapprocher de l’Agence territoriale de développement agricole qui a un registre
des produits phytosanitaires comme les fongicides par exemple. Ce sont des
produits chimiques que vous pouvez utiliser pour le traitement. Mais
actuellement, nous développons des produits phytosanitaires purement
biologiques qui sont des répulsifs contre ces différentes maladies. Pour ce
type de produits phytosanitaires, nous faisons la composition avec les
combinaisons des racines et feuilles des plantes qui ont ces répulsifs comme le
neem, le caïlcédrat, très amer, l’ail... Donc, c’est tout un paquet d’ingrédients
issus des matières premières végétales pour avoir un phytosanitaire biologique.
Nous
produisons bio, mais on ne peut pas mettre ces phytosanitaires bio sur le
marché sans avoir les autorisations ou les certifications qu’il faut. Je pense
que l’Etat aussi a cette politique de travailler sur les différentes pratiques
agroécologiques non seulement sur des produits phytosanitaires purement
biologiques, mais aussi des fertilisants biologiques. D’ici peu, on aura des
avancées dans ce domaine au Bénin.
Quel bénéfice pourrait-on tirer de l'installation d'une plantation ?
Pour
ceux qui désirent avoir une plantation, la première des choses à laquelle ils
pensent, c’est la rentabilité. Pour atteindre un bon résultat, il faut que ceux
qui ont l’ambition d’investir dans le domaine de la plantation se confient à un
spécialiste. Un vrai spécialiste qui n’a pas que des connaissances livresques,
mais qui possède un background. Un praticien qui a fait des expériences sur le
terrain et disposant d’un paquet de connaissances dans ce domaine peut leur
proposer les types de plants selon les zones. Il est capable de fournir des
plants de bon paramètre de performance. Même si cela devient cher, c’est la
rentabilité pour le promoteur de ferme qui compte.
L’autre
chose, c’est de suivre la procédure de plantation. Il faut savoir qu’il y a une
méthode réfléchie et plus adaptée à nos réalités d’aujourd’hui. Le piquetage
doit être de mise. C’est une opération par laquelle on arrive à matérialiser,
au moyen d’un piquet, là où un plant sera posé sur le sol. Il matérialise
l’écart qui doit exister entre deux plants, l’équidistance selon les essences
de plants. Nous avons le canevas et on sait qu’on ne peut pas observer le même
écart pour l’anacardier, le papayer et le karité... Lorsque vous respectez
cela, il y a un rayonnement solaire qui doit être de mise pour permettre à ces
plants de prospérer aisément et le rendement sera intéressant.
Le processus de trouaison lors de la mise en terre est important. Quand vous prenez le cocotier, ce n’est pas la même profondeur ni le même diamètre que lorsqu’on est en face d’un goyavier. Lors de la mise en terre, il est essentiel de savoir déchirer le sachet polyéthylène de sorte que le terreau ne quitte pas les racines. C’est donc un ensemble de procédures qu’il faut respecter pour espérer un bon rendement.