La Nation Bénin...

Transformation des économies ouest-africaines: Vers une dynamique nouvelle

Economie
L’objectif de mobilisation des ressources ne prend pas en compte les  ressources concessionnelles L’objectif de mobilisation des ressources ne prend pas en compte les ressources concessionnelles

Face aux chocs successifs et aux transformations mondiales, il apparait important de redéfinir les priorités afin de bâtir une approche plus robuste, mieux arrimée à la Vision 2050 de la Cedeao et résolument tournée vers la résilience économique. 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 25 août 2025 à 08h43 Durée 3 min.
#Economie africaine

Les bouleversements sanitaires, politiques et économiques des dernières années ont profondément remodelé l’environnement économique en Afrique de l’Ouest. Dans ce contexte, des initiatives sont prises par différentes institutions pour redéfinir les priorités afin de dynamiser la transformation des économies ouest-africaines. Ainsi, la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (Bidc) a choisi de revisiter sa feuille de route afin de renforcer sa pertinence et d’assurer une meilleure cohérence avec les aspirations communautaires. Conçue initialement autour de 11 des 17 Objectifs de développement durable (Odd), la Stratégie 2025 de l’institution, adoptée en 2020, avait pour ambition d’ancrer l’action de la Banque dans les priorités communautaires définies à Niamey lors de la 57 Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao. Mais certaines circonstances, notamment sanitaires, les crises géopolitiques et les mutations économiques, ont imposé une adaptation. C’est dans ce contexte que la Bidc a révisé sa Stratégie 2025 afin de la rendre plus robuste, plus alignée sur la Vision 2050 de la Cedeao et davantage tournée vers la résilience des économies ouest-africaines. Le Cadre stratégique communautaire (Csc), arrivé à échéance en 2020, n’avait pas pu être immédiatement remplacé à cause des perturbations liées à la pandémie du Covid-19. En 2022, la Commission de la Cedeao a adopté la « Vision 2050 », qui repose sur cinq piliers : paix et sécurité, gouvernance et État de droit, intégration économique et interconnectivité, développement inclusif et durable, et inclusion sociale. En tant que bras financier de la Communauté, la Bidc a un mandat qui se rattache naturellement aux piliers 3 à 5 de cette vision, tout en contribuant indirectement aux deux premiers. La Stratégie 2025 a donc été révisée pour s’aligner sur cette nouvelle boussole régionale et rester pertinente dans un contexte de changements multiples.

Des orientations stratégiques

La version initiale de la Stratégie 2025 se concentrait sur six axes : accroître la visibilité de la Banque, améliorer ses notations de crédit, renforcer la mobilisation de ressources, consolider la gouvernance, recruter et retenir des talents de haut niveau, et moderniser ses infrastructures technologiques. La révision maintient ces piliers mais y ajoute une dimension davantage tournée vers les partenariats et l’intégration régionale, en intégrant désormais l’Odd 17 (Partenariat pour la réalisation des objectifs). La Banque entend ainsi multiplier les synergies avec les institutions financières internationales, les États membres et les acteurs privés, afin d’optimiser l’impact de ses financements.

Dans la pratique, la Bidc mise sur une stratégie d’investissements ciblés dans les pôles de croissance régionaux, pour stimuler la relance après les récessions successives. Elle met aussi l’accent sur la transformation structurelle : intégration économique, promotion de la santé et de la protection sociale, renforcement de la résilience climatique, et investissements dans l’éducation, notamment scientifique et technologique. Ces choix s’inscrivent dans le deuxième pilier de la Vision 2050 de la Cedeao, qui promeut un développement inclusif et durable. La Banque entend ainsi être un catalyseur pour réduire les inégalités sociales et territoriales, tout en soutenant la transition écologique et numérique de la sous-région. Plusieurs facteurs ont rendu cette révision indispensable. D’une part, les résultats enregistrés jusqu’en 2023 montrent que de nombreux objectifs quantitatifs étaient déjà atteints ou en passe de l’être. Il fallait donc rehausser l’ambition et adapter le cap. D’autre part, l’environnement régional s’est profondément modifié avec l’instabilité politique croissante, les tensions sécuritaires, la volatilité financière et la fragilisation des monnaies de certains États membres. Dans ce contexte, la Bidc cherche à consolider sa crédibilité financière et institutionnelle. L’amélioration de sa notation de crédit demeure un objectif clé, car elle conditionne sa capacité à lever des ressources sur les marchés internationaux. La gouvernance interne, la transparence et l’efficacité opérationnelle sont également placées au cœur de cette dynamique de transformation. La révision de la Stratégie 2025 vise à doter la Banque d’outils plus adaptés aux réalités du moment, tout en maintenant le cap sur les grandes priorités régionales. Elle traduit une volonté de continuité et d’innovation à la fois : continuité dans l’accompagnement des États membres vers le développement ; innovation dans la manière de mobiliser les ressources et de créer des partenariats durables.