La Nation Bénin...
Un Africain sur cinq souffrait de la faim et près de deux
sur trois ne pouvaient se permettre une alimentation saine en 2024. La
progression mondiale masque une aggravation inquiétante sur le continent, selon
un rapport de la Fao et ses partenaires.
Plus d’un milliard de personnes sont incapables de se
nourrir sainement dans le monde dont environ 307 millions de personnes en
Afrique, selon le dernier rapport sur l'état de la sécurité alimentaire et de
la nutrition dans le monde des Nations Unies, (Fao, Fida, Oms, Pam et Unicef,
2025). D’après les estimations, entre 638 millions et 720 millions de
personnes, soit respectivement 7,8 % et 8,8 % de la population mondiale, ont
souffert de la faim en 2024.
En Afrique, la faim a touché 20,2 % de la population contre 6,7 % en Asie et 5,1 % en Amérique latine et dans les Caraïbes. Ainsi, malgré le recul global de la faim dans le monde, l’Afrique reste l’épicentre de l’insécurité alimentaire. Le taux de sous-alimentation sur le continent est trois fois supérieur à la moyenne mondiale chiffrée à 8,2 %. La situation s’est aggravée dans la plupart des sous-régions, à l’exception de quelques poches de stabilité, alors que l’Asie du Sud et l’Amérique latine enregistrent des progrès notables.
Pis, les projections indiquent qu’en 2030, près de 60 %
des 512 millions de personnes souffrant encore de la faim dans le monde vivront
en Afrique.
En fait, l’insécurité alimentaire modérée ou grave a
touché 2,3 milliards de personnes dans le monde, dont près de 900 millions
d’Africains n’ayant pas un accès régulier à une nourriture adéquate. Ainsi,
l’insécurité alimentaire concerne 58,9 % de la population africaine, soit plus
du double de la moyenne mondiale estimée à 28 %. Les zones rurales sont les
plus affectées, mais la situation se dégrade aussi en milieu urbain. Les femmes
restent plus exposées que les hommes dans toutes les régions du continent.
Une alimentation saine hors de portée
Le coût moyen d’un régime alimentaire sain en Afrique
atteignait 4,41 dollars Us/jour en parité de pouvoir d’achat (Ppa) en 2024,
soit une des plus fortes hausses au monde. Plus d’un milliard d’Africains, soit
66,6 % de la population, ne peuvent se permettre de manger sainement contre 864
millions en 2019.
Cette hausse est la combinaison d’une inflation
persistante et de revenus stagnants dans de nombreux pays. L’inflation
alimentaire mondiale amorcée fin 2020 a culminé à 13,6 % en janvier 2023 avant
de refluer, tout en restant au-dessus des niveaux pré-pandémiques. Les pays à
faible revenu ont été les plus touchés avec un taux ayant atteint 30 % en mai
2023, sapant le pouvoir d’achat et aggravant l’insécurité alimentaire.
Entre 2019 et 2024, plusieurs pays africains ont connu les plus fortes hausses de prix des produits de base au niveau mondial, notamment pour les féculents et les huiles qui sont des aliments essentiels pour les ménages pauvres. Au Bénin et au Nigeria par exemple, la flambée de ces produits qui constituent la base de l’alimentation a exacerbé la précarité alimentaire et a pesé particulièrement sur les ménages pauvres.
Défis majeurs et pistes d’action
L’accès à une alimentation saine et nutritive reste un
défi. La prévalence du retard de croissance chez les enfants africains reste
élevée et ce, malgré une légère baisse dans certaines sous-régions comme
l’Afrique de l’Ouest où le taux de prévalence de l’émaciation chez l’enfant a
diminué de 8,2 % à 6,5 % entre 2012 et 2024.
Le retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans est passé de 26,4 % en 2012 à 23,2 % en 2024 dans le monde, mais l’émaciation et l’excès pondéral stagnent. L’anémie chez les femmes de 15 à 49 ans demeure un problème majeur, s’aggravant à 30,7 % contre 27,6 % en 2012. De même, l’obésité chez l’adulte a progressé à 15,8 % en 2024 contre 12,1 % en 2012, signe d’une alimentation de plus en plus déséquilibrée dans le monde en général.
Sous-titré « Lutter contre la forte inflation des prix des produits alimentaires pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition », le rapport de la Fao et de ses partenaires préconise des mesures budgétaires ciblées pour protéger les plus vulnérables. Des subventions ponctuelles, des réductions temporaires de taxes et des programmes sociaux permettraient d’amortir les chocs de prix.
Une meilleure coordination monétaire et budgétaire est
aussi nécessaire pour stabiliser les marchés. A cela devront s’ajouter des
investissements structurels dans l’agriculture, les infrastructures et les
systèmes de stockage, le transport et les infrastructures commerciales pour
renforcer la résilience. Enfin, un renforcement des systèmes d’information et
de la transparence des marchés permettrait d’anticiper les crises et de
prévenir la spéculation.
La faim recule à l’échelle mondiale, mais augmente en Afrique et en Asie de l’Ouest, en raison notamment de l’inflation des prix des denrées alimentaires, selon le rapport des Nations Unies