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Inflation dans la zone Uemoa: Des tensions atténuées malgré les disparités

Economie
Le relâchement de l’inflation observé en 2024 est essentiellement influencé par les ralentissements des prix du transport, de la restauration et du logement Le relâchement de l’inflation observé en 2024 est essentiellement influencé par les ralentissements des prix du transport, de la restauration et du logement

L’Uemoa a enregistré un léger repli de l’inflation en 2024, avec un taux moyen de 3,5 %, selon la Bceao. Si la tendance globale est à la décélération, des disparités importantes subsistent entre Etats membres, sous l’effet de chocs internes et externes.

 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 17 juil. 2025 à 09h26 Durée 3 min.
#Espace Uemoa

Après deux années marquées par des pressions inflationnistes soutenues, l’année 2024 a été celle d’une accalmie relative dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Le taux d’inflation moyen annuel s’est établi à 3,5 %, après 3,7 % en 2023 et un pic de 7,4 % en 2022, selon les données officielles de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).

Le repli de l’inflation enregistré en 2024 s’explique principalement par le net ralentissement des hausses de prix dans les secteurs du transport, de la restauration et du logement. La hausse des tarifs des transports a ainsi chuté de 6,7 % à 1,3 %, tandis que les tarifs de la restauration ont progressé à un rythme plus modéré (+4,2 % contre +5,7 % en 2023), tout comme les loyers et services liés au logement (+3,6 % contre +4,7 %), souligne le Rapport sur l’évolution des prix à la consommation dans l'Uemoa en 2024 et perspectives de la Bceao.

Toutefois, ce repli a été partiellement contrebalancé par la hausse des prix des produits alimentaires locaux (de +3,7 % à +4,8 % en 2024), affectés par une offre céréalière affaiblie en lien avec les résultats moyens de la campagne agricole 2023-2024. Il est aussi noté l’augmentation des coûts de santé : +3,7 % en 2024 contre +1,1 % un an plus tôt.

Facteurs de détente

Au nombre des facteurs qui expliquent l’évolution modérée des prix en 2024, la production céréalière a progressé de seulement 2 % sur la campagne 2023-2024, contre 16,9 % l’année précédente. Cette moindre disponibilité a entraîné une hausse des prix des céréales, culminant à +15 % en juillet 2024, lors de la période de soudure.

Par ailleurs, les perturbations sécuritaires dans plusieurs pays du Sahel, comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso, ont pesé sur les circuits d’approvisionnement. A cela s’ajoutent les restrictions sur les sorties de denrées, qui ont amplifié les tensions locales sur les prix.

En revanche, sur le plan externe, plusieurs signaux ont contribué à calmer les prix. Les cours internationaux des produits alimentaires importés ont poursuivi leur repli (-3,2 % en 2024, après -9,8 % en 2023), tirés par la baisse du sucre (-13,3 %), du riz (-2,5 %) et du blé.

De même, le baril de pétrole brut (Wti) s’est contracté à 75,2 dollars contre 77,4 dollars en 2023. Ces évolutions ont allégé les prix domestiques de l’énergie dans l’Union.

Dans cette dynamique, la Bceao anticipe une poursuite de la décélération de l’inflation dans la zone. Le taux moyen d’inflation devrait atteindre 2,2 % en 2025, puis 2,3 % en 2026, si les tendances observées se maintiennent. Les projections intègrent une amélioration de la production agricole avec une prévision de +5 % pour les campagnes à venir, un maintien de la baisse des cours alimentaires mondiaux et la stabilité des prix pétroliers.

Des écarts significatifs entre pays

Si la moyenne régionale affiche une baisse, les écarts entre pays restent importants. En 2024, l’écart-type des taux d’inflation a progressé à 2,5 points de pourcentage, contre 2,1 en 2023. Le Niger (9,1 %), le Burkina Faso (4,2 %) et le Mali (3,2 %) enregistrent les hausses les plus marquées. A l’inverse, le Sénégal (0,8 %), le Bénin (1,2 %) et la Guinée-Bissau (3,7 %) s’en sortent mieux.

Par rapport à ses partenaires commerciaux, l’Uemoa affiche un différentiel favorable de 4,2 points de pourcentage. L’écart est particulièrement marqué vis-à-vis du Nigeria (+29,5 points) et du Ghana (+17,6 points), où l’inflation a été tirée par la dépréciation monétaire et la hausse du coût de la vie.