La Nation Bénin...
En
marge des Assemblées annuelles du groupe de la Banque africaine de
développement (Bad) tenues du 27 au 31 mai dans la capitale kényane, des
experts se sont penchés sur la nécessité de trouver des solutions innovantes en
ce qui concerne la gestion de la dette africaine. Cette session a été
co-organisée par la Commission de l’Union africaine et le Cabinet de conseil
international Development Reimagined.
Fardeau
de la dette, déficit d’intégration régionale, manque de compétitivité des
entreprises et de diversification des économies. Tels sont les défis auxquels
sont confrontés les pays. Albert Muchanga, commissaire au Commerce et à l’Industrie
à la Commission de l’Union africaine, a alerté sur le risque d’une possible
« décennie perdue pour le développement en Afrique » d’ici à 2034, en raison de
ces enjeux majeurs pour le continent. « Nous devons assurer une croissance du
continent de 10 % en moyenne, bien supérieure aux 3,5 % actuels, diversifier
nos exportations en développant notre industrie manufacturière, et renforcer
l’intégration régionale en allant vers un marché commun qui permettra
d’harmoniser nos politiques pour une plus grande résilience aux changements
climatiques et pour régler la question de la dette », a-t-il indiqué au cours
de la session consacrée au financement de la dette et du développement en
Afrique. Une session co-organisée par la Commission de l’Union africaine et le
Cabinet de conseil international Development Reimagined, en marge des
Assemblées annuelles du groupe de la Banque africaine de développement (Bad).
En
effet, 60 % des pays africains dépensent plus pour le service de la dette que
pour la santé, et les experts s’accordent pour dire qu’il est plus que
nécessaire de trouver des solutions innovantes à la gestion de la dette par ces
pays, avec des actions proactives à mener pour sécuriser le financement du
développement sur le continent. « Avoir recours à des conseils juridiques très
tôt, est ce qu’il peut arriver de mieux pour restructurer une dette et éviter
les problèmes que rencontrent les pays africains », a déclaré Olivier Pognon,
directeur de la Facilité africaine de soutien juridique. Il va insister sur le
pouvoir de négociation des États africains et sur la nécessité d’être
transparent sur la dette afin d'aboutir à des résultats. Citant en exemple les
clauses dites de « résilience climatique » qui sont un outil de soutien à la
liquidité en cas de catastrophe climatique, tous les experts soulignent
l’importance du cadre juridique dans l’architecture de la dette.
Marchés de capitaux régionaux
Ahmed Shide, ministre des Finances de l’Éthiopie, va suggérer: « une approche plus coordonnée, avec plus de transparence et des lignes plus claires entre les emprunteurs et les créanciers ». Et, « Pour réduire le risque, il est nécessaire de fournir des garanties de créanciers officiels, comme l’ont fait, en 2023, les institutions financières africaines qui ont aidé les pays à lever des obligations souveraines à des coûts plus faibles », a préconisé Hanan Morsy, secrétaire exécutive adjointe et économiste en chef de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique. La dette fait partie de l’équation du développement, et n’est pas une mauvaise chose en soi. Tout dépend de son usage, assurent les experts. Ils ajouteront qu’il urge d’assurer une bonne utilisation de la dette au niveau national, avec la mise en place de mécanismes de redevabilité à travers des organismes indépendants comme au Kenya.
Selon
Mavis Owusu-Gyamfi, vice-présidente exécutive du Centre africain pour la
transformation économique (Acet), en investissant dans le développement, dans
la diversification de leurs économies, dans la compétitivité de leurs
exportations, les pays africains peuvent briser le cycle de l’endettement à
long terme. « Et tout commence chez nous avec le cadre juridique et
institutionnel. Certains pays comme le Zimbabwe ont de très bons cadres à cet
égard», a-t-elle indiqué. Travailler à obtenir des financements abordables à
l’échelle pour contribuer au développement des pays, notamment par les marchés
de capitaux régionaux, renforcer la capitalisation des banques multilatérales
de développement et les guichets concessionnels, optimiser les bilans, tout en
renforçant les capacités internes des Etats avec une analyse de soutenabilité
de la dette, font partie des idées émises par les experts.
« Il
faut trouver des modèles de développement durable en accélérant la mobilisation
des ressources internes, en renforçant le rôle du secteur privé, en
diversifiant les investissements. Il est aussi essentiel d’emprunter de façon
responsable », a conclu Ahmed Shide, ministre des Finances de l’Éthiopie. Trois
pays du continent sont en défaut de paiement de leurs dettes extérieures à
savoir le Ghana, la Zambie et l’Éthiopie, et 21 autres sont en situation de
surendettement■