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Finances publiques dans l’Uemoa: Le déficit budgétaire en recul

Economie
Évolution de l’encours de la dette publique de l’Uemoa  (milliards Fcfa) Évolution de l’encours de la dette publique de l’Uemoa (milliards Fcfa)

Selon le dernier rapport de la Bceao sur la politique monétaire dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), les finances publiques des États membres ont connu une légère amélioration en 2024. Le déficit budgétaire a diminué, porté par une hausse des recettes fiscales et une maîtrise relative des dépenses. 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 23 avr. 2025 à 09h46 Durée 3 min.
À fin décembre 2024, le déficit budgétaire global de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), base engagements et dons compris, s’est établi à 6 853,6 milliards de FCfa, soit 5,1 % du Pib. Il marque un recul par rapport à 2023 où il atteignait 7 664,6 milliards, soit 6,2 % du Pib. C’est ce que révèle le rapport de mars 2025 de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao) sur la politique monétaire dans l’espace. Cette amélioration s’explique par une progression significative des recettes budgétaires, notamment fiscales, qui ont profité de la bonne performance économique dans la zone. Ce qui reflète la dynamique économique de la sous-région et la stratégie proactive de financement adoptée par les États. Les recettes fiscales ont augmenté de 11,3 % pour atteindre 19 619,7 milliards de F Cfa. En dépit d’un léger recul des dons (–8,3 %), les recettes globales se sont hissées à 22 396,6 milliards, soit une hausse de 10,9 % par rapport à 2023. Le taux de pression fiscale reste relativement stable à  14,6 %, confirmant l’effort constant des États dans la mobilisation des ressources internes. Les dépenses totales et prêts nets ont atteint 30 366,8 milliards en 2024, en hausse de 4,4 %. Cette augmentation résulte à la fois des dépenses courantes (+4,3 %) et des investissements en capital (+7,8 %). Les recrutements et avancements dans la fonction publique, conjugués à une hausse des intérêts sur la dette publique (+16 %) ont pesé sur les charges courantes. La masse salariale, représentant 38,4 % des dépenses courantes, illustre la pression persistante sur les finances publiques des États. Les projets de développement poursuivis dans les différents pays ont également contribué à la progression des dépenses en capital, malgré un contexte marqué par la nécessité de maintenir les équilibres budgétaires. Pour financer leur déficit, les États de l’Union ont combiné plusieurs sources dont les emprunts sur le marché régional de la dette publique, les concours extérieurs et émissions sur les marchés internationaux.

Financement diversifié 

Sur le marché régional, 9 352 milliards ont été mobilisés en 2024 (+6,9 %). Les bons du Trésor ont représenté plus de la moitié (54,1 %) de ces ressources, avec une nette préférence pour les maturités de 12 mois. À l’inverse, les obligations du Trésor ont reculé de 16,3 %, malgré une demande soutenue sur les maturités de 3 et 5 ans. Globalement, les conditions de financement se sont légèrement assouplies pour les bons, avec un taux moyen de 6,48 % au quatrième trimestre 2024, tandis que les obligations ont vu leurs rendements augmenter à 7,46 %. Les États membres ont également levé 2 663,9 milliards de FCfa sur les marchés internationaux via des euro-obligations. La Côte d’Ivoire ayant levé 1 576,7 milliards, le Bénin 456,2 milliards et le Sénégal 631 milliards sont les principaux intervenants. À cela s’ajoutent les financements obtenus auprès de la Banque mondiale, de l’Agence française de développement ( Afd), du Fonds monétaire international (Fmi) et d’autres partenaires privés, portant le total des ressources extérieures à près de 3 818,2 milliards.
L’encours de la dette publique de l’Uemoa s’élève à 83 954,3 milliards de FCfa en 2024, soit 62,4 % du Pib, un niveau quasi stable par rapport à l’année précédente. Le service de la dette a quant à lui atteint 12 720,6 milliards, représentant 66 % des recettes fiscales, un niveau en hausse qui suscite des interrogations sur la soutenabilité à moyen terme. L’encours des titres publics sur le marché régional, en hausse de 12,6 %, s’établit à 27 787,2 milliards, dont près de 88 % constitués d’obligations du Trésor. Cette évolution traduit la volonté des États de diversifier leurs sources de financement tout en poursuivant leurs objectifs de développement.
La dynamique budgétaire en 2024 traduit une meilleure maîtrise des finances publiques au sein de l’Uemoa, dans un contexte de relance économique. Si les efforts de mobilisation des ressources internes portent leurs fruits, la vigilance reste de mise face à la hausse du service de la dette. Les États devront conjuguer rigueur budgétaire et ambition de développement pour maintenir la soutenabilité des finances publiques dans les années à venir