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Transport urbain et conflits tarifaires: Jacques Ayadji engage un dialogue tripartite

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Balises posées pour la mise en place d’un cadre légal et équitable pour le marché  des Véhicules de transport avec chauffeur Balises posées pour la mise en place d’un cadre légal et équitable pour le marché des Véhicules de transport avec chauffeur

Face aux conditions et à la chute drastique des revenus des conducteurs de Vtc (Véhicules de transport avec chauffeur), le ministre conseiller Jacques Ayadji a convoqué une rencontre tripartite avec les plateformes GoZem, Yango et les représentants des conducteurs. Objectif : poser les bases d'une régulation juste et durable.

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 11 juil. 2025 à 07h39 Durée 3 min.
#Jacques Ayadji

Les plaintes s’accumulent depuis des mois. Tarifs en chute libre, commissions inchangées, conditions d’exercice de plus en plus précaires. Alerté par les conducteurs de Véhicules de transport avec chauffeur (Vtc), le ministre conseiller Jacques Ayadji a pris l’initiative de réunir autour de la même table les deux principales plateformes opérant au Bénin à savoir GoZem et Yango, et les représentants des chauffeurs. La rencontre, première du genre, s’est tenue dans un climat franc et tendu à la fois, mais a permis de poser les jalons d’une future régulation du secteur. « J’ai reçu une dénonciation des conducteurs Vtc, a rappelé le ministre conseiller en ouverture. Ce qu’ils vivent aujourd’hui résulte du jeu de la concurrence entre les plateformes. Pour illustrer, un trajet de Iita à Dantokpa est facturé à 500 F Cfa, dont une part revient à la plateforme », expose Jacques Ayadji. Il a rappelé que le gouvernement ne peut rester en spectateur face à un déséquilibre qui met en péril le gagne-pain de milliers de travailleurs. Maxi Agbla, responsable du Syndicat national des conducteurs Vtc du Bénin, a indiqué : « Nous sommes en détresse. À ce rythme, il nous est même difficile d’assumer notre rôle de père de famille. » Selon lui, le secteur connaissait un certain équilibre jusqu’en 2023. À l’époque, GoZem, seul opérateur en place, proposait des tarifs corrects : 1 000 F Cfa pour une course basique, 1 200 F Cfa pour une course climatisée, 2 500 F Cfa pour le confort. Mais depuis l’arrivée de Yango, la situation a basculé : « Les tarifs ont chuté brutalement alors que les coûts d’exploitation augmentent. L’essence est passée à 690 F Cfa, la visite technique coûte 15 000 F Cfa, les assurances montent jusqu’à 70 000 F Cfa. Pendant ce temps, GoZem facture désormais à 750 F Cfa la course basique, et prélève toujours 20 % de commission ». Anne-Marie, conductrice Vtc, en témoigne également : « Avec Yango, c’est encore pire : certaines courses sont rémunérées à 300 ou 400 F Cfa. Ce n’est plus une activité rentable ».

GoZem et Yango sous le dictat du marché

Zanyiwe Asare, représentante pays de Yango, a évoqué les difficultés d’opérationnalisation de l’application. « Nos services sont parfois inaccessibles. Nous avons même reçu des réponses informelles de certaines sociétés de téléphonie nous indiquant une suspension, ce qui est faux. » Elle a précisé que Yango fonctionne selon un modèle économique différent, sans entrer dans les détails. Mais cette approche n’a pas convaincu le ministre conseiller Jacques Ayadji, qui a recentré le débat : « Le fonctionnement de l’application n’est pas l’objet de notre rencontre. Il faut faire preuve de bonne foi et répondre à la détresse des chauffeurs ».

Didier Thèsè, Pdg de GoZem, a justifié la baisse des tarifs par la pression concurrentielle: «Dans un marché libre, quand un concurrent arrive avec des prix cassés, vous devez vous aligner ou disparaître. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous l’avons fait. » Il a cependant exprimé son ouverture à une régulation: « Si le gouvernement engage un processus pour statuer sur des tarifs planchers, nous participerons volontiers aux discussions ».

Jacques Ayadji a expliqué que le gouvernement a initié un processus de régulation du secteur Vtc. « Nous allons mettre en place un cadre légal. En attendant, je demande à tous les acteurs de faire des propositions concrètes de tarifs. Ensuite, chaque plateforme pourra ajuster ses marges selon la concurrence, mais sur une base minimale équitable ». Le dialogue est amorcé. Reste désormais à poser les bases solides d’un cadre légal et équitable.