Statistiques économiques au Bénin: Modèle de fiabilité et de régularité

« Tirer parti des innovations en matière de données et de statistiques pour promouvoir une société juste, pacifique, inclusive et prospère pour les Africains ». C’est sous ce thème que se tiendra l’édition 2025 de la Journée africaine de la statistique. Célébrée chaque année depuis 1990, la Journée africaine de la statistique vise à sensibiliser les gouvernements, les décideurs et les citoyens à l’importance des données dans la transformation du continent. En 2025, cette célébration s’inscrit dans un contexte marqué par des défis économiques, sociaux, sécuritaires et environnementaux, où la fiabilité et l’innovation statistiques apparaissent comme des leviers indispensables pour bâtir une Afrique plus équitable et résiliente. Le thème choisi, en droite ligne de celui de l’Union africaine pour 2025, « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine grâce aux réparations », met l’accent sur la nécessité d’exploiter le potentiel transformateur des données pour favoriser des sociétés pacifiques, inclusives et prospères. Car au-delà des discours politiques, les données sont désormais le socle de toute politique publique efficace, qui éclaire les choix, oriente les priorités et évalue les progrès vers les Objectifs de développement durable (Odd). Malgré les progrès enregistrés ces dernières années, l’Afrique reste confrontée à d’importants défis de développement. Plus d’un Africain sur cinq a souffert de la faim en 2024, selon les agences onusiennes, et le Global peace index 2025 indique que l’Afrique subsaharienne abrite trois des dix pays les moins pacifiques du monde. Ces indicateurs rappellent combien la paix, la justice et des institutions solides, au cœur de l’Objectif 16 des Odd, sont indissociables du développement durable. Pourtant, de nombreux pays manquent encore de données suffisantes pour mesurer leurs progrès dans ces domaines. Les lacunes statistiques limitent la capacité des États à concevoir des politiques inclusives et à évaluer leur efficacité.

En exemple

Les efforts en matière de production et de diffusion des statistiques au Bénin sont salués à l’échelle régionale. Sous la coordination de l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad), le pays a mis en place un système statistique moderne et dynamique. Il publie régulièrement des chiffres précis et actualisés sur la croissance économique, l’évolution des entreprises, la consommation des ménages, les prix à la consommation, le marché du travail ou encore les échanges commerciaux. Ces données, accessibles au public, permettent non seulement d’éclairer les politiques publiques mais aussi de renforcer la transparence économique. Grâce à des outils numériques et des plateformes interactives, l’Instad rend désormais disponibles des bases de données consultables en ligne, offrant aux chercheurs, journalistes, investisseurs et citoyens une information statistique fiable et vérifiable. Le Recensement général de la population et de l’habitation (Rgph-5), achevé récemment, illustre cette modernisation. Il fournit une cartographie socio-économique détaillée du pays, essentielle pour la planification territoriale et la mise en œuvre des politiques publiques.

Partout sur le continent, des initiatives montrent que l’innovation statistique est possible et porteuse d’impact. Au Ghana, le service national des statistiques a modernisé ses enquêtes de gouvernance grâce à des entretiens téléphoniques assistés par ordinateur. En Ouganda, le ministère de la Justice a digitalisé ses systèmes administratifs pour harmoniser les données sur la gouvernance. Le Bénin suit la même voie. L’Instad a intégré des solutions technologiques de pointe dans la collecte, le traitement et la diffusion des données. L’usage de tablettes électroniques pour les enquêtes, l’exploitation des données géospatiales, la mise en place de systèmes d’information intégrés et la collaboration avec des partenaires internationaux pour le développement d’outils de visualisation de données sont autant d’innovations qui renforcent la qualité statistique nationale. Au-delà des initiatives ponctuelles, les experts s’accordent que la donnée est un bien public. Pour le Bénin, cela se traduit par des investissements croissants dans les infrastructures statistiques, la formation continue des agents, la recherche méthodologique et l’amélioration de la coordination institutionnelle. Le gouvernement a d’ailleurs consolidé l’autonomie de l’Instad en tant qu’autorité administrative indépendante, garantissant ainsi son impartialité et la fiabilité de ses publications. La Journée africaine de la statistique 2025 réaffirme ainsi la conviction que l’Afrique de demain se construira sur la puissance des données d’aujourd’hui. Chaque chiffre compte, chaque donnée éclaire une décision, et chaque innovation rapproche un peu plus le continent d’un avenir durable et équitable.