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Régulation du secteur de la santé: La charte des droits et devoirs des patients lancée

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Les acteurs mobilisés pour une ambiance apaisée  dans les centres de santé Les acteurs mobilisés pour une ambiance apaisée dans les centres de santé

L’Autorité de régulation du secteur de la santé a procédé au lancement officiel de la charte des droits et devoirs des patients au Bénin, mardi 23 septembre à Cotonou. Entre témoignages de patients et médecins victimes d’abus en milieux hospitaliers, les principaux orateurs ont salué l’avènement de cet outil de dialogue entre les parties prenantes dans le dispositif de soins de santé. 

Par   Joël C. TOKPONOU, le 24 sept. 2025 à 07h30 Durée 3 min.
#le secteur de la santé

L’histoire racontée par une jeune dame au lancement de la charte des droits et devoirs des patients au Bénin est glaçante. Après des soins de santé, elle a été gardée à l’hôpital comme dans une prison. Pas de sortie, pas de soleil, pas de visites. Elle y est enfermée pendant des jours simplement parce qu’elle ne pouvait pas solder la facture de ses soins. Elle n’a pu être libre qu’après l’intervention d’Amnesty International Bénin qui a été alertée.

Un autre témoignage est venu illustrer l’envers du décor. Un médecin, en service dans une structure publique, a été violemment agressé par les parents d’un patient. Ces derniers estimaient que le soignant « ne faisait pas bien son travail ». L’incident a choqué les professionnels de santé, déjà confrontés à des conditions de travail souvent difficiles.

Ces deux cas montrent à quel point les rapports entre soignants et patients peuvent être fragiles, explosifs même, lorsque aucun cadre clair ne régule les responsabilités et droits de chacun.

Face à ces réalités, le lancement de la Charte des droits et devoirs des patients apparaît comme une nécessité. Le document, fruit d’un long travail participatif ayant impliqué juristes, associations de patients, organisations de défense des droits humains et acteurs du système de santé, vient poser des balises claires.

« Ce document permet de mettre le patient au cœur du dispositif de santé », a déclaré Dieudonné Dagbéto, directeur exécutif d’Amnesty international Bénin. Il précise ce que chacun est en droit d’attendre et ce à quoi chacun est tenu dans une relation de soins.

Présent à la cérémonie, Benjamin Hounkpatin, ministre de la Santé, a salué cet acte fort dans la transformation du système sanitaire béninois. « Les effets des actions traduisent notre détermination à ce que chaque Béninois obtienne des soins de santé conformes aux normes », a-t-il affirmé. Il insiste également sur la portée morale et humaine du texte. « Cette charte n’est pas seulement juridique. Elle responsabilise aussi bien les patients que les professionnels de santé», a ajouté le ministre qui estime que ce document doit devenir « un outil de dialogue qui participe à la qualité des soins ».

 

 

Satisfaction

Du côté des régulateurs, l’enthousiasme est palpable. Docteur Lucien Dossou-Gbété, président de l’Autorité de régulation du secteur de la santé (Ars), a apprécié la qualité de l’outil qui révolutionne le système sanitaire. « La prise en charge sanitaire ne consiste pas seulement en un acte médico-technique », a-t-il souligné. « Elle doit instaurer un climat de confiance », précise le président pour qui, l’adoption de la charte induit des obligations pour chaque partie et représente un engagement pour des soins plus sûrs, plus respectueux et plus humains.

La charte repose sur une série de droits fondamentaux reconnus à tout patient. Il s’agit du libre choix de son établissement de santé et de son professionnel de santé, du droit à un environnement sain, sûr et adapté à sa condition et d’un accès équitable aux soins, sans discrimination. Il y a également le respect de sa vie privée, de son intimité et de sa dignité, le droit au consentement libre et éclairé à tout acte médical et la possibilité de refuser ou d’accepter un traitement.

En contrepartie, la charte rappelle que les patients ont aussi des devoirs, qu’ils  doivent alerter en cas d’anomalie ou de risque pour la santé publique, adopter un comportement respectueux envers le personnel médical et les autres patients, fournir des informations exactes sur leur état de santé pour faciliter le diagnostic et le traitement et respecter les règles de fonctionnement de l’établissement.

L’Autorité de régulation du secteur de la santé au Bénin est une institution indépendante créée pour garantir la qualité, l’efficacité, l’équité et la transparence dans le fonctionnement du système de santé béninois, qu’il soit public ou privé. L’Ars est chargée d’encadrer, superviser et réguler l’ensemble des acteurs du secteur de la santé au Bénin. Elle veille à ce que les prestations de santé respectent les normes, les droits des patients, les règles éthiques, et garantissent une utilisation rationnelle des ressources.

Elle se positionne entre les usagers, les prestataires de soins, l’Etat et les partenaires techniques et financiers, comme une sorte d’arbitre et de garant de l’équilibre et de la qualité.