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Microfinance: Crédits et dépôts en hausse, mais risques accrus

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Au troisième trimestre 2024, la microfinance au Bénin confirme sa dynamique de croissance avec une hausse des dépôts et des crédits. Toutefois, la qualité du portefeuille de prêts reste un défi majeur pour le secteur.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 07 févr. 2025 à 09h39 Durée 2 min.
#microfinance au Bénin

D’après les données de la Bceao, les dépôts collectés par les Systèmes financiers décentralisés (Sfd) au Bénin ont augmenté de 2,2 milliards F Cfa au troisième trimestre 2024, soit une progression de 1,1 %. Cette croissance s’inscrit dans une tendance générale au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Umoa), où l’encours global des dépôts s'est établi à 2 459,6 milliards F Cfa, en hausse de 2,8 % par rapport au trimestre précédent.

L’encours des crédits octroyés au Bénin a également connu une hausse de 2,5 %, avec un montant de 6 milliards F Cfa supplémentaires. Cette progression, bien qu'encourageante, demeure inférieure à celle observée au Togo (+9,9 %), en Côte d’Ivoire (+4,8 %) et au Sénégal (+4,4 %). Le montant moyen des crédits par client au sein de l’Umoa s'est établi à 139 306 F Cfa, en hausse de 3,9 % sur le trimestre.

A l’instar de l’ensemble de l’Union, malgré ces performances positives, le secteur de la microfinance au Bénin fait face à un défi majeur : la qualité du portefeuille de crédits. Le taux brut de dégradation du portefeuille dans l’Umoa s’est détérioré, atteignant 8,9 % à fin septembre 2024 contre 8,2 % à fin juin 2024, bien au-delà de la norme communautaire maximale de 3 %. En glissement annuel, il est également noté une augmentation de ce taux par rapport à son niveau de septembre 2023 (7,5 %). Cette situation est en partie due à une augmentation de 13,2 % des créances en souffrance, qui progresse plus rapidement que l'encours total des crédits (+4,7 %).  Le Bénin n’est pas épargné par cette tendance et compte actuellement deux structures parmi les neuf institutions de microfinance sous administration provisoire dans l’Umoa.

Enjeux

Le développement de la microfinance au Bénin s’inscrit dans un contexte plus large de transformation du secteur dans l’Umoa. Le nombre total de Sfd dans l’Union s’élève à 537, en légère baisse par rapport au trimestre précédent (539), suite à des retraits d’agrément en Côte d’Ivoire et au Togo, indique la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

Dans d’autres pays, la microfinance poursuit son expansion. Le Sénégal et la Côte d'Ivoire figurent parmi les marchés les plus dynamiques, avec des hausses significatives des dépôts et des crédits. En revanche, le Niger affiche une contraction notable de son encours de crédits (-3,8 %) et de ses dépôts (-2,1 %), signalant des difficultés structurelles.

Le secteur de la microfinance au Bénin affiche une résilience certaine, soutenue par une augmentation des dépôts et des crédits. Toutefois, la dégradation du portefeuille de crédits et la mise sous administration provisoire de certaines institutions appellent à un renforcement des mécanismes de gestion des risques.

La microfinance demeure un levier essentiel pour favoriser l’inclusion financière et soutenir le développement des activités génératrices de revenus au Bénin et dans toute la sous-région. Pour assurer une croissance durable, les Sfd devront améliorer leur gouvernance, diversifier leurs offres de services et renforcer l'accompagnement des bénéficiaires.