La Nation Bénin...

Coup d’Etat déjoué: La résilience du Bénin réaffirmée

Actualités
En surmontant cette épreuve, le Bénin entre dans une nouvelle phase de  consolidation de sa vie institutionnelle En surmontant cette épreuve, le Bénin entre dans une nouvelle phase de consolidation de sa vie institutionnelle

La tentative de coup de force survenue à l’aube du dimanche 7 décembre a été rapidement maîtrisée par les Forces de défense et de sécurité, restées fidèles aux institutions de la République. Cet échec consacre la solidité de l’Etat béninois et réaffirme l’attachement national à l’ordre constitutionnel.

 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 10 déc. 2025 à 03h31 Durée 3 min.
#ordre constitutionnel #Tentative de coup d’Etat au Bénin

Au petit matin du dimanche 7 décembre, la quiétude des populations a été troublée par des actes de déstabilisation ciblant certains points sensibles du dispositif institutionnel du pays. Des éléments isolés, en rupture avec la discipline militaire, ont tenté de remettre en cause l’ordre républicain, avant d’être rapidement neutralisés par les Forces de défense et de sécurité, restées loyales à la Constitution et à la chaîne de commandement. La réaction rapide et coordonnée des unités régulières a permis de circonscrire la menace et d’éviter toute dérive. Cet épisode, bien que grave dans son intention, consacre la maturité des institutions béninoises et la solidité de l’architecture républicaine patiemment bâtie depuis plusieurs décennies.

Depuis plusieurs années, l’Afrique de l’Ouest est frappée par une vague de coups d’État militaires, du Mali au Burkina Faso, en passant par la Guinée. Le Bénin, jusque-là épargné, se retrouve désormais confronté à une tentative de déstabilisation qui, si elle avait abouti, aurait marqué un tournant majeur dans son histoire politique récente. Mais contrairement à ce qui a été observé ailleurs avec la recrudescence des coups de force, le Bénin vient d’apporter la preuve qu’il demeure attaché à la primauté du droit et à la légitimité des institutions. La tentative de déstabilisation, déjouée avec professionnalisme, place le pays parmi les rares États de la sous-région à avoir fait échec à une velléité de prise de pouvoir par la force. Ce sursaut institutionnel n’est pas le fruit du hasard. Il s’inscrit dans la continuité des réformes engagées pour la modernisation de l’appareil sécuritaire, le renforcement de la discipline militaire et la consolidation de la gouvernance démocratique. L’attitude des populations, restées calmes et lucides, a également contribué à préserver l’ordre public. C’est un message de résilience envoyé à toute la région.

Au-delà de l’aspect sécuritaire, cette capacité de résistance institutionnelle joue également un rôle clé sur le plan économique. Dans un environnement international où la stabilité politique est un critère central pour l'investissement, la réaction rapide des forces loyalistes apparaît comme un signal rassurant. L’épisode doit être lu comme la preuve que l’État béninois est en capacité de faire face aux menaces et de protéger l’environnement des affaires. Cet échec des putschistes envoie également un message aux partenaires techniques et financiers du pays. Le Bénin demeure un espace de stabilité, de prévisibilité et de sécurité juridique. Les chantiers en cours dans les domaines des infrastructures, de l’industrialisation et de l’énergie peuvent donc se poursuivre sans rupture.

Mission républicaine de l’armée

 Cette tentative de coup de force remet au centre du débat la vocation républicaine des Forces armées béninoises. Leur mission fondamentale, celle de défendre l’intégrité du territoire, préserver l’inviolabilité des frontières et garantir la sécurité des populations, demeure intangible et ne saurait souffrir d’aucune interférence avec l’arène politique. L’attachement des unités régulières à la Constitution et à la chaîne de commandement, dans les moments les plus sensibles, vient d’ailleurs de le démontrer avec force. Cependant, le contexte de génération impose aujourd’hui un devoir de mémoire et de pédagogie institutionnelle. Une grande partie des cadres militaires ayant directement vécu la Conférence nationale de février 1990 est désormais à la retraite, et certains ne sont plus. Or, cette période fondatrice avait consacré le principe cardinal de neutralité absolue de l’armée dans les affaires politiques et son retour définitif dans les casernes comme force exclusivement républicaine.

Depuis lors, l’armée béninoise s’est renouvelée. Elle est aujourd’hui portée dans sa majorité par de jeunes officiers et sous-officiers qui n’ont pas connu de l’intérieur ces moments historiques. Dès lors, il apparaît plus que jamais nécessaire de renforcer, dans leurs rangs, la culture républicaine, l’enseignement de l’éthique militaire et la transmission des repères institutionnels, afin de préserver l’acquis majeur de 1990, une armée professionnelle, disciplinée et strictement soumise à l’autorité civile. Cette exigence n’est pas une remise en cause, mais un impératif de consolidation. Car la force d’une armée ne réside pas seulement dans ses capacités opérationnelles, mais dans sa fidélité constante aux principes démocratiques et à l’État de droit. L’armée ne saurait être un acteur partisan. Elle accompagne l’autorité issue des urnes et demeure au service exclusif de la République. Toute ambition politique personnelle ne peut s’exprimer qu’en dehors de l’institution militaire, dans le strict respect de l’éthique et de la discipline.

En surmontant cette épreuve, le Bénin entre dans une nouvelle phase de consolidation de sa vie institutionnelle. L’essentiel est désormais de tirer les enseignements de cet acte isolé, de renforcer davantage les mécanismes de prévention et de sauvegarder, avec fermeté, les fondements de l’État de droit. La République a tenu bon, et avec elle, la volonté inébranlable du peuple béninois de rester fidèle à la paix, à la stabilité et à la démocratie.