La Nation Bénin...
Le
dispositif de sécurité et de défense français est revu en Afrique dans un
contexte géopolitique où le besoin de solutions africaines aux problèmes
africains est d’actualité, cumulativement avec la hausse des manœuvres des
compétiteurs stratégiques exploitant les présences militaires occidentales pour
alimenter le ressenti colonial.
D’une
logique d’intervention aux côtés de ses partenaires africains qui nécessitait
une présence permanente conséquente, la France passe à une logique de
coopération. Sur le continent, le dispositif de sécurité et de défense français
est en pleine reconfiguration.
De
source digne de foi, la présence permanente sera réduite, au profit de la
projection de détachements « à géométrie variable » depuis la France ou les
forces prépositionnées pour des missions temporaires de formation, de conseil,
d’exercices conjoints et d’accompagnement, sur fond de projets structurants et
pluriannuels, dans le cadre d’un dialogue constant. Aussi, la France a augmenté
de manière substantielle son offre de formation avec une centaine de places
offertes à la rentrée 2023 au sein des écoles françaises et va continuer à le
faire, avec à terme un doublement du nombre de militaires africains accueillis
dans ses écoles militaires. Dans ce sens, les bases militaires françaises
doivent être progressivement transformées en écoles et académies
opérationnelles, transférées à terme au pays hôte, éventuellement avec l’appui
de partenaires non africains, renseignent nos sources.
Aux côtés des 20 écoles nationales à vocation régionale (Envr), les bases militaires de Dakar, Port-Bouët et Libreville formeront, à terme, un réseau d’écoles, d’académies opérationnelles construites et gérées par les partenaires africains, ouvertes à d’autres partenaires étrangers. Les Envr permettent déjà, chaque année, de former 3 000 cadres des armées, des forces de sécurité intérieure et des services de protection civile dans une approche interministérielle. Le centre de perfectionnement aux actions post-conflictuelles de déminage et de dépollution (Cpadd) de Ouidah illustre bien ce partenariat franco-béninois. Projet sous tutelle du ministère de la Défense béninoise, soutenu par des moyens français et des fonds internationaux, il est piloté de manière bilatérale et coordonnée. Deux experts français sont intégrés au sein de l’encadrement. L’école contribue à la création d’une capacité africaine opérationnelle dans les domaines de la lutte contre les engins explosifs conventionnels et improvisés, de la gestion des stocks de munitions et de la réduction de la prolifération des armes légères. En 2023, le Cpadd a formé 343 stagiaires lors de 23 formations.
Le nouveau dispositif français sera articulé autour de détachements de liaison des armées (Dla), dont les quatre plus importants et permanents seront au Tchad, au Sénégal, au Gabon et en Rci. Modulaires et différenciés selon les pays, sans format figé mais à l’empreinte réduite, ils permettront de garantir à la fois les actions de coopération avec les partenaires africains et l’accueil de détachements en transit (détachement de partenariat militaire opérationnel depuis la métropole ou les forces prépositionnées par exemple). Des Dla plus réduits et temporaires pourront aussi être déployés en fonction des besoins dans d’autres pays. Ce dispositif mouvant et adaptable permettra de répondre aux attentes évolutives des partenaires en termes de formation ou de capacités.
Cette
reconfiguration du partenariat militaire constituera également une opportunité
d’accompagner l’opérationnalisation de l’architecture de paix et de sécurité
africaine (Apsa) promue par l’Union africaine, ainsi que l’évolution de
l’action de l’Union européenne (Ue) dans le domaine de la sécurité.
L’évolution du contexte régional et sous-régional a rendu nécessaire la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, bien au-delà de la volonté politique affichée par Emmanuel Macron, dans les discours prononcés à Ouagadougou en novembre 2017, à Montpellier en octobre 2021 et à Paris en février 2023, où il définissait les lignes d’une refondation de la relation partenariale entre les Etats africains et la France. Ceci, pour assurer une coopération efficace et utile au profit de ces Etats tout en préservant les intérêts français sur le continent africain.
Ce processus de reconfiguration du dispositif militaire est engagé depuis près d’une année, en coordination avec les autorités des pays concernés afin de faire concorder au mieux nos attentes respectives. Ainsi, avec le Sénégal, le Gabon, la Côte d’Ivoire et le Tchad, la France a développé des partenariats dynamiques, denses et multisectoriels, qui s’appuient sur une relation historique et des liens humains étroits. Ces partenariats sont résolument tournés vers les jeunesses et les priorités d’investissement solidaires et durables de ces pays, et sont mutuellement bénéfiques aux parties. C’est dans ce cadre que la France a développé des partenariats militaires opérationnels reposant sur une logique de développement capacitaire autour du triptyque Formation/ Entrainement/ Equipements. Cette coopération de sécurité et de défense permet de répondre à d’importants enjeux communs, comme la lutte contre le terrorisme. Elle permet également d’agir dans des domaines variés au bénéfice direct des populations à savoir la lutte contre la pêche illégale et le braconnage, contre les trafics et la piraterie pour garantir la sécurité des personnes et la protection des ressources naturelles. C’est dire qu’aujourd’hui, la France souhaite poursuivre ces partenariats avec les pays qui le souhaitent, tout en faisant évoluer les modalités de sa présence militaire.
En effet, la présence française est moins « posée » puisque les partenariats sont définis et ajustés régulièrement en fonction des besoins conjoncturels et/ou structurels de chaque Etat. L’appui français aux armées partenaires ou au profit de leurs forces de sécurité intérieure est flexible et évolutif, en fonction des besoins exprimés par ces Etats, qui sont les acteurs de premier plan face aux menaces (expansion des groupes terroristes, atteintes à la souveraineté, pillages des ressources naturelles, flux migratoires) et aux risques liés aux changements climatiques (préservation de l’environnement). La France mobilise également ses industriels pour proposer une réponse capacitaire adaptée à ses partenaires africains, en particulier en matière d’acquisition d’armement, de rédaction des cahiers des charges à la contractualisation