La Nation Bénin...
Les récents cas de disqualification d’équipes lors du
Championnat national scolaire 2025 à Aplahoué relancent le débat sur les
pratiques frauduleuses dans le sport béninois. Falsification d’identité, fraude
sur l’âge, contournement des règlements: ces dérives suscitent des
interrogations et appellent à des réformes.
Le Championnat national scolaire 2025 organisé à
Aplahoué, censé promouvoir les valeurs de l’excellence et du mérite, a été
assombri par plusieurs cas avérés de tricherie.
Parmi les faits les plus marquants, la disqualification
de l’équipe féminine de football du Ceg 2 de Natitingou a retenu l’attention.
En cause, l’utilisation d’une joueuse présentée sous une fausse identité. Selon
les conclusions de la commission anti-fraude, l’élève alignée ne correspondrait
pas à celle mentionnée dans les pièces officielles. En application stricte de
l’article 31 du règlement général, qui prévoit l’exclusion immédiate en cas de
fraude liée à l’identité ou à l’âge, l’équipe a été écartée de la compétition.
Autre cas affligeant : celui de l’équipe masculine de
handball du Ceg Gogounou, également disqualifiée. Elle avait enrôlé huit
joueurs extérieurs, alors que la réglementation n’autorise que trois
cooptations par équipe. Les élèves concernés proviendraient du Collège
catholique La Madone, du Ceg Malanville, du Ceg Sègbana, du Ceg Banikoara et du
Ceg Gounarou. Là encore, la commission n’a eu d’autre choix que de prononcer
l’exclusion pour non-respect flagrant du règlement.
Ces exemples récents s’inscrivent dans une longue série
de dérives qui minent les compétitions sportives au Bénin, notamment dans les
catégories de jeunes. En 2014, puis en 2018, la sélection béninoise U17 avait
été exclue des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (Can) pour
fraude sur l’âge. Des cas similaires ont émaillé d’autres tournois au niveau
local sans véritables sanctions dissuasives. En janvier 2024, l’Association
sportive omnisports La Gazelle de Hêvié et l’Association sportive Phénix de
Bohicon, toutes deux engagées dans le Championnat béninois de football féminin
de première division, ont été lourdement sanctionnées par la Commission de
discipline de la Fédération béninoise de football (Fbf). Selon la décision
n°0001/Fbf/Cd/2024, il leur est reproché des actes de falsification de licences
de joueuses. Dans un souci de transparence et dans le cadre de sa politique de
tolérance zéro à la fraude, la Fbf a saisi l’instance compétente qui a
confirmé, après enquête, les pratiques frauduleuses commises par les deux
formations issues respectivement des poules A et B. La commission a détaillé
les manœuvres orchestrées par les responsables des clubs pour contourner les
règlements, notamment à travers l’usage de faux documents, portant ainsi
atteinte à l’intégrité de la compétition. Les sanctions prononcées sont à la
hauteur de la gravité des faits : amende de 500 000 francs Cfa, suspension des
joueuses concernées et relégation des deux équipes en division inférieure.
Une culture de tricherie à éradiquer
Ces affaires récurrentes révèlent l’existence d’une
culture de la tricherie à éradiquer dans le sport béninois. Dans certains
établissements ou clubs, l’objectif devient la victoire à tout prix, même si on
doit enfreindre les règles, parfois avec la complicité d’encadreurs peu
scrupuleux. Cette situation ternit l’image du sport national et démotive les
jeunes qui souhaitent évoluer dans un cadre juste et équitable.
Face à cette réalité, les autorités sportives doivent
penser à des réformes. Le ministère des Sports, le Comité olympique et les
fédérations doivent veiller à la centralisation et la sécurisation des données
sportives, l’introduction de contrôles biométriques (Irm) pour vérifier l’âge
dans les compétitions de jeunes, ainsi qu’un renforcement des sanctions à
l’encontre des responsables des établissements, des clubs en cause.
Il est également important d’intégrer la notion d’éthique dans la formation des acteurs du sport, dès l’école. Si les cas passés n’ont pas permis de prendre des décisions, celui d’Aplahoué sonne comme un énième avertissement. Tant que la lutte contre la tricherie ne sera pas menée avec fermeté, constance et transparence, le Bénin continuera de fragiliser ses fondations sportives.
Si les cas passés n’ont pas permis de prendre des décisions, celui d’Aplahoué doit permettre de prendre des dispositions idoines contre les fraudes dans le championnat scolaire