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Thierry Babagbéto à propos des mondiaux de pétanque de tir de précision: « Le sacre de Marcel Gbétablé consacre la maturité du Bénin sur l’échiquier mondial »

Sports
Thierry Babagbéto, coach de l'équipe nationale de Pétanque Thierry Babagbéto, coach de l'équipe nationale de Pétanque

De retour des championnats du monde de tir de précision à Chengdu en Chine, où son athlète Marcel Gbétablé a offert au Bénin une médaille d’or, l’entraîneur de l’équipe nationale de pétanque, Thierry Babagbéto, revient sur l’exploit. Entre émotion, préparation rigoureuse et perspectives, il souligne que cette victoire a été remportée autant par la technique que par le mental.

Par   Abdul Fataï SANNI, le 21 août 2025 à 09h50 Durée 3 min.
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La Nation : Comment vous sentez-vous lorsque votre joueur monte sur la première marche du podium mondial ?

Thierry Babagbéto : C’est un sentiment de joie immense, souvent teinté d’émotion. Préparer une compétition d’une telle envergure n’est jamais facile, car elle réunit les meilleurs du monde entier. La préparation a été minutieuse et rigoureuse, et c’est ce travail qui nous a permis d’atteindre ce résultat. Lorsqu’on hisse le drapeau béninois à ce niveau, on est fier d’être Béninois. C’est cette fierté patriotique que je souhaite partager avec toute la population, qui doit se réjouir pour la discipline. J’aimerais que la pétanque devienne désormais l’un des sports les plus pratiqués dans notre pays.

Comment s’est déroulée la compétition jusqu’au sacre ?

Il faut rappeler que seuls les meilleurs du monde étaient conviés, et que le Bénin figure désormais dans le top 10. Deux épreuves étaient en lice notamment les compétitions individuelles, masculines et féminines et la doublette mixte. Nous n’avons pas brillé en doublette, mais en individuel, l’épreuve reine, Marcel Gbétablé s’est imposé face aux cadors mondiaux. Il a notamment surclassé des références comme Ratchata Khamdee, Andréa Chiapello ou encore Khaled Bourguiba. C’est une prouesse qu’il faut saluer. Je tiens aussi à souligner la discipline du groupe. Sans elle, rien n’est possible. A un moment donné, il faut savoir s’en remettre à l’encadrement, accepter ses orientations et travailler collectivement pour obtenir le sacre.

Sur quoi la finale s’est-elle jouée face à l’Italien Andréa Chiapello? 

Au départ, Marcel Gbétablé avait terminé deuxième du classement provisoire, derrière Ratchata Khamdee, ce qui lui a permis d’accéder directement aux demi-finales, après les repêchages. En demi-finale, nous avons affronté Khaled Bourguiba. Je me souviens très bien de ce dernier tir de bouchon, d’une précision remarquable, qui a scellé la victoire. Ce fut un moment d’émotion intense.

En finale, face à l’Italien Andréa Chiapello, la partie a été très disputée. Au troisième atelier, l’adversaire a pris jusqu’à sept points d’avance. Mais Marcel Gbétablé a su gérer cet écart, le réduire à deux points, puis inverser la tendance grâce à son adresse au tir de bouchon. A neuf mètres, l’Italien Andréa Chiapello a manqué son ultime tentative. La salle entière s’est alors levée pour saluer la performance exceptionnelle de Marcel Gbétablé. A travers lui, je rends hommage à toute l’équipe fédérale et à la diplomatie du président de la Fédération béninoise de pétanque (Fbp), Yaya Garba, qui a mobilisé toutes les ressources pour que notre participation soit possible. Sans cela, nous n’aurions pas connu cette belle surprise.

Peut-on dire que la finale s’est gagnée au mental ?

Oui, absolument. Dix minutes avant la finale, j’ai demandé à Marcel Gbétablé de se concentrer intensément. La pétanque, comme d’autres disciplines, exige une grande rigueur mentale. Elle peut d’ailleurs être conseillée à ceux qui manquent de concentration, car elle forge l’attention. Face à Andréa Chiapello, dont la concentration était maximale, Marcel a prouvé qu’il était mentalement plus fort. C’est ce qui a fait la différence. Cette victoire montre que le joueur béninois mérite désormais le respect sur l’échiquier mondial.

Être sacré champion est une chose, conserver le titre en est une autre. Que faut-il pour rester au sommet ?

La première règle est d’oublier très vite le sacre. On le savoure quelques heures, puis on doit retourner au travail. Il faut continuer à progresser pour viser encore plus haut. Une médaille ne doit pas être une finalité, mais un tremplin. Nous avons déjà une double médaille d’or. Il faut désormais viser une troisième, et pourquoi pas dans la catégorie triplette. Nous avons des athlètes talentueux comme Marcel Bio, capitaine de l’équipe nationale, Roland Fagbohoun ou encore Emmanuel Agonkan. Tous ceux qui désirent travailler doivent savoir qu’ils auront leur chance, car le travail sérieux finit toujours par payer.

Votre mot de la fin

Je voudrais lancer un appel aux autorités. Malgré les efforts déjà louables du gouvernement, il faudrait encore davantage valoriser cette discipline pour que les athlètes soient fiers d’être pétanqueurs. La pétanque peut devenir un formidable outil de rayonnement pour le Bénin à l’international. Chaque médaille d’or est une source de joie intense, parfois jusqu’aux larmes. Je souhaite que tous les Béninois vivent un jour ces émotions, mais elles ne peuvent naître que d’un travail sérieux et constant.