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Participation à la Coupe d’Afrique des Nations: Le Bénin à l’épreuve de son histoire et de ses ambitions

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Des débuts difficiles à l’exploit de 2019 le Bénin en passe d'écrire une nouvelle page de son histoire Des débuts difficiles à l’exploit de 2019 le Bénin en passe d'écrire une nouvelle page de son histoire

Pour la cinquième fois de son histoire, le Bénin va prendre part à la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations (Can). La Can Maroc 2025 ne sera pas seulement une nouvelle ligne au palmarès des Guépards ; elle constitue surtout un moment de vérité où l’équipe nationale devra mesurer le chemin parcouru depuis ses premières apparitions timides jusqu’à son exploit fondateur de 2019. A l’heure de se projeter vers cette échéance majeure, un retour lucide sur les quatre précédentes participations s’impose.

 

Par   Abdul Fataï SANNI, le 18 déc. 2025 à 12h22 Durée 2 min.
#Coupe d’Afrique des nations

Un apprentissage long et douloureux. La trajectoire du Bénin à la Coupe d’Afrique des Nations (Can) est celle d’une nation en apprentissage progressif du haut niveau continental. Qualifié pour la première fois en 2004 en Tunisie, le pays découvre alors la rigueur et l’exigence de la compétition. Le verdict est sans appel. Trois matchs joués, trois défaites, un seul but inscrit (Moussa Latoundji) pour huit encaissés, et une élimination précoce sanctionnée par une 16ᵉ place. Plus qu’un échec, cette première expérience apparaît comme un baptême du feu, révélant l’écart encore important entre le Bénin et les grandes nations africaines. Quatre ans plus tard, au Ghana en 2008, le scénario se répète presque à l’identique. Malgré des intentions louables et un engagement constant, les Ecureuils (Ndlr: appellation de l’époque) quittent encore la compétition dès la phase de groupes. Trois défaites, un but marqué, sept encaissés, et une 15ᵉ place finale. Le constat est amer. Le Bénin participe, mais peine à exister. La Can 2010 en Angola marque toutefois un premier frémissement. Sans encore franchir le cap du premier tour, la sélection béninoise parvient à accrocher un match nul, signe d’une résistance accrue. Avec deux buts inscrits et cinq concédés en trois rencontres, le bilan demeure modeste, mais la 14ᵉ place traduit une progression timide mais réelle. Le Bénin apprend à perdre moins largement, à mieux gérer ses matches, sans encore savoir les gagner.

Un quart de finale sans victoire

Il faudra pourtant attendre près d’une décennie pour assister au véritable tournant. En Egypte, lors de la Can 2019, le Bénin change de dimension. Solide, disciplinée, difficile à manœuvrer, l’équipe de Michel Dussuyer réalise un parcours inattendu et historique. Invaincue en phase de groupes, qualifiée pour les quarts de finale après avoir éliminé le Maroc (en huitième), elle termine à une remarquable 8ᵉ place. Certes, le paradoxe statistique demeure ; aucune victoire en cinq matches, mais quatre nuls et une seule défaite.

Cependant, l’essentiel est ailleurs. Le Bénin a prouvé qu’il pouvait rivaliser, résister et bousculer la hiérarchie. En quatre participations, le bilan global reste contrasté avec 14 matches disputés, aucune victoire, cinq nuls, neuf défaites, sept buts marqués contre vingt-quatre encaissés. Mais réduire l’histoire béninoise à ces chiffres serait injuste. La Can 2019 a ouvert une brèche psychologique et sportive, démontrant que le plafond de verre pouvait être brisé.

Can 2025 entre lucidité et audace

La Can 2025 s’inscrit donc dans un contexte particulier. Le Bénin n’est plus un novice, mais il n’est pas encore une référence. Placée dans un groupe D relevé (avec la Rd Congo, le Sénégal et le Botswana), la sélection béninoise emmenée par Gernot Rohr devra composer avec des adversaires d’un calibre supérieur, à commencer par la République démocratique du Congo et le Sénégal, deux nations régulièrement installées parmi les poids lourds du continent. Sur le papier, elles partent avec l’étiquette de favoris. Pour autant, le football africain s’est souvent nourri de surprises. Face à ces ténors, l’objectif du Bénin sera de rester compact, discipliné et de saisir la moindre opportunité. Les confrontations contre le Sénégal et la Rd Congo seront déterminantes en termes de contenu et d’état d’esprit, même si la clé du groupe pourrait bien se situer ailleurs.

Le Botswana, adversaire au profil comparable, apparaît comme un concurrent direct dans la course à la qualification. C’est dans ce type de match que le Bénin devra franchir un nouveau palier, en osant davantage et en cherchant enfin cette victoire qui manque encore à son histoire à la Can. Gagner au moins une rencontre, créer la surprise et capitaliser sur une éventuelle place de meilleur troisième ; tel pourrait être le chemin réaliste vers le second tour.

Néanmoins, le parcours s’annonce parsemé d’embûches. Le forfait annoncé de plusieurs cadres pour le premier match face à la Rd Congo constitue un handicap sérieux. Cette absence d’expérience pourrait peser lourd d’entrée. Mais elle peut aussi servir de catalyseur, en obligeant le groupe à se surpasser collectivement et à faire preuve de solidarité.

Oser…

Les chances du Bénin reposeront avant tout sur son état d’esprit. Jouer sans complexe, sans pression excessive, en abordant chaque match comme une finale. Oser, même face aux plus forts. La Can n’est pas une science exacte ; elle récompense souvent les équipes les plus disciplinées, les plus résilientes et les plus audacieuses. Et en définitive, le Bénin abordera la Can 2025 avec des certitudes modestes mais une ambition légitime. Son histoire récente lui rappelle d’où il vient et ce qu’il est capable de réaliser. A Rabat, Casablanca ou Marrakech, les Guépards n’auront rien à perdre, mais beaucoup à gagner. Une victoire fondatrice, une qualification arrachée, ou simplement la confirmation que leur progression n’était pas un accident. Dans ce tournoi où les chances sont égales au coup d’envoi, le Bénin garde les siennes, à condition d’y croire pleinement.