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Oswald Homeky, ministre des Sports; « Le Bénin ne sera plus un donneur de points »

Sports
Par   LANATION, le 02 déc. 2016 à 04h23

L’équipe nationale du Bénin n’a pas démenti les pronostics au tournoi de l’Uémoa à Lomé. Mais Oswald Homeky, ministre des Sports, tire du positif de la participation du Bénin à cette fête de l’Intégration. Au regard de l’ambition du gouvernement pour la renaissance du sport national, il parie que le pays, dans un avenir proche, fera parler de lui sur l’échiquier sportif international. Interview exclusive.

La Nation : Vous avez conduit la délégation béninoise à la 7e édition du tournoi de l’Uémoa à Lomé. Qu’est-ce qu’on peut tirer de positif de la participation du Bénin à cette compétition ?

Oswald Homeky : Ce qu’il faut savoir, le tournoi de l’Uémoa est un tournoi de célébration de l’intégration entre les huit pays membres de l’Union. C’est une compétition sportive, il est vrai, mais le but principal est de célébrer l’amitié entre les peuples. Donc le chef de l’Etat nous a autorisé à conduire la délégation béninoise à ce tournoi. C’est vrai que nous étions tentés de ne pas y participer en raison de la situation de notre football. Mais c’est avant tout un rendez-vous de l’intégration, notre absence aurait été une absence diplomatique qui ne serait pas bien perçue par les autres membres de l’Union. Nous sommes venus célébrer l’intégration mais aussi compétir pour tirer les enseignements nécessaires pour l’avenir de notre football. Nous avons participé à cette fête qui traduit aussi de l’ambition des chefs d’Etat de construire une Uémoa des peuples. Vous avez dû remarquer toute la ferveur autour de ce tournoi et les moyens que les autorités de l’Uémoa et du Togo ont mis pour que la jeunesse africaine se sentent véritablement concernée par les idéaux d’intégration et d’amitié. C’est une occasion de rassemblement, nous y avons participé. Sportivement parlant, même si l’état de notre football ne nous permet pas d’être certain de remporter la compétition, c’est déjà bien d’avoir réussi à construire une équipe dans les conditions que nous connaissons, de se mesurer aux autres nations et à partir de là de tirer les leçons pour corriger ce qui doit l’être.

Votre présence au stade vous a permis de mesurer l’ampleur du défi qui attend le football béninois. Comment comptez-vous vous y prendre pour une meilleure participation des Ecureuils à la prochaine édition ?

Il faut déjà savoir que le Bénin a été finaliste de cette compétition et l’a déjà organisée en 2009. J’ai dit au président de la Commission de l’Uémoa que je suis candidat pour organiser l’une des prochaines éditions, si possible la tout prochaine. Je crois que nous avons besoin de ramener dans notre pays ce genre de compétition qui participe non seulement de la célébration de l’amitié dans l’espace communautaire mais aussi de la renaissance de la passion du football qui a commencé à disparaitre. Les stades au Bénin ne se remplissent plus. Il y a une sorte de désaffection entre le public béninois et ses équipes. Abriter des compétitions comme celles là peut aider à faire renaitre la flamme de l’amour entre les Béninois et leurs équipes nationales. J’ai annoncé notre candidature et c’est en très bonne voie. Je rendrai compte au chef de l’Etat pour le suivi nécessaire. Le Bénin qui aujourd’hui a essayé de monter une équipe doit continuer à travailler afin que nous ne soyons pas ridicules pour les prochaines éditions. Ce que j’ai vu au niveau des joueurs n’est pas très mal lorsqu’on sait les conditions dans lesquelles nous avons préparé ce tournoi. Il y avait un fond de jeu, les jeunes ont donné le meilleur d’eux-mêmes, nous essayerons de construire à partir de là. Nous sommes sans championnat local alors que c’est une compétition qui réunit les joueurs jouant dans le championnat de l’espace Uémoa exclusivement. Nous vivons dans une crise qui heureusement est en train de tirer vers la fin.

Justement vous évoquez l’absence de championnat au Bénin. Comment vivez-vous cette situation en tant que ministre des Sports ?

Je le vis très mal. Venir en compétition avec des équipes qui ont un championnat régulier et être à la tête d’une délégation composée de joueurs qui sont obligés de se surpasser, c’est difficile. Je n’ai aucune fierté à être ici et à ne pas avoir un championnat dans mon pays. C’est pour cela que j’en appelle encore à l’esprit patriotique des différents protagonistes avec qui nous discutons pour que comme annoncé, nous puissions vite finir avec cette crise qui fait beaucoup de mal à notre jeunesse. Vous savez, j’ai une connaissance toute modeste du football et je sais que rien ne s’obtient du jour au lendemain. Vous pouvez être le meilleur joueur du monde, vous pouvez être très talentueux, si vous n’êtes pas en jambes, si vous ne jouez pas des matchs, si vous n’avez pas de compétitions, vous ne pouvez pas rivaliser avec des gens qui ont plusieurs journées de championnat dans les jambes. C’est une maxime du sport, on ne peut pas attendre des résultats si on ne joue pas. Mais je crois que là où nous en sommes aujourd’hui, on peut fortement espérer que cette page sombre de l’histoire de notre football va être définitivement tournée. J’ai parlé aux différents acteurs. Nous lancerons le championnat dans quelques semaines avec l’adhésion de tous les camps en conflit. Tout le monde est d’accord sur le principe. Je comprends l’amertume des Béninois qui ont envie de gagner même si c’est un tournoi d’intégration. Mais nous devons avoir l’humilité de reconnaitre que notre niveau actuel n’est pas bon. Il faut accepter de perdre, il faut être patient pour espérer gagner. Ce que je sais est que je me battrai pour emmener le sport béninois un peu plus haut qu’il ne se trouvait quand nous sommes arrivés aux affaires. Mais il faut du temps, du travail et de la patience.

Le football est aussi un vecteur de création de richesses et beaucoup de pays se mobilisent pour décrocher l’organisation d’une compétition de la CAF. Avez-vous à ce propos une ambition à moyen terme ?

Absolument. J’ai annoncé mon intention d’organiser une coupe d’Afrique des Nations Sénior au Bénin. Evidemment, cela passe par un processus. Il y a d’abord que nous devons remettre nos infrastructures à niveau. Il y a que nous devons en construire de nouvelles et il y a surtout que nous devons faire le lobbying nécessaire. Ce lobbying a déjà commencé et dans les prochaines années, en tout cas je peux l’annoncer ici, le Bénin abritera bientôt une coupe d’Afrique des Nations. Je ne saurait dire précisément en quelle année. De toute façon, c’est un processus que nous lançons. Le Bénin est un grand pays qui mérite aussi d’abriter des compétitions d’envergure internationale. Je confirme que nous avons déjà enclenché le processus de candidature du Bénin pour l’organisation d’une coupe d’Afrique des Nations.

La relance du football, ce n’est pas seulement pour participer aux compétitions internationales. C’est surtout une discipline qui mobilise surtout la jeunesse béninoise. Qu’avez-vous envie de dire à des centaines de milliers de Béninois qui espèrent voir leur football se hisser un jour au haut niveau ?

Ce que je veux dire à tout le peuple béninois, particulièrement à la jeunesse béninoise passionnée de sport, nous allons tout mettre en œuvre pour que les sports de façon générale au Bénin redeviennent des facteurs de belles émotions, de passion, de cohésion mais également de satisfaction pour notre peuple. Le sport a cette particularité que même si on s’amuse, c’est beaucoup d’émotion et de passion. Nous sommes venus au tournoi de l’intégration mais vous avez vu les réactions de nos compatriotes sur les réseaux sociaux, dans les médias quand l’équipe a perdu son premier match. C’est dire que même s’il s’agit d’un match amical, dès qu’il y a un coup de sifflet, la passion prend le dessus. Je comprends que le peuple béninois a besoin de victoires. Nous sommes un peuple de gagneurs, et je suis conscient de la nécessité de construire afin que nous ne soyons plus ridicules.
C’est pour l’ensemble des sports, il n’y a pas que le football. Il y a plusieurs disciplines sportives dans lesquelles le Bénin a beaucoup de talents. Je me suis engagé à faire en sorte que mon mandat soit celui de l’égalité des chances à tous les sports, nous nous battons pour le faire. Nous avons beaucoup de problèmes dans les fédérations, et dans l’organisation des championnats dans plusieurs disciplines. Je veux demander à tous les Béninois de rester sereins, de nous faire confiance. Nous avons conscience du niveau où nous sommes. Il nous faut du temps pour y arriver mais nous sommes à l’œuvre. Déjà, mon souhait est de relancer pour l’année 2017 l’ensemble des championnats de façon régulière, de pouvoir aider les fédérations sportives dans la mobilisation des ressources du privé parce que les subventions de l’Etat ne peuvent pas entièrement prendre en compte les besoins des fédérations. C’est augmenter les subventions, mais c’est aussi et surtout déployer une grosse politique de promotion du sport à la base, dans les écoles, dans les universités et dans les communes. Il n’y a pas de miracle en sport, il faut se préparer, préparer la relève pour espérer des résultats. Nous allons tout faire pour que notre pays retrouve sa place. Nous sommes le quartier latin de l’Afrique, c’est une fierté au plan intellectuel. Je crois qu’au plan sportif également, nous avons les moyens d’y arriver. Je me suis engagé à inverser la tendance à partir de 2017-2018. Le Bénin progressivement ne sera plus un donneur de points mais un pays qui compte sur l’échiquier du sport en général?


Tournoi de l’Uémoa: Le Bénin sort de la compétition avec 2 points

Mathématiquement éliminés après leur deuxième match, les Ecureuils du Bénin ont concédé hier un deuxième match nul face aux Etalons du Burkina Faso, lors de la dernière confrontation de groupe B. Les poulains de Mathias Deguénon ont abordé cette rencontre avec l’envie d’assurer une victoire afin de sortir de la compétition par la grande porte. Mais en face, les Burkinabé avaient à l’entame du match une chance de qualification en cas de faux pas du Sénégal qui affrontait la Guinée-Bissau à la même heure. Sur les 90 minutes de jeu, la domination était pourtant béninoise. Les Ecureuils ont eu plusieurs occasions pour marquer au moins un but dans cette compétition. Mais leur inefficacité devant les buts s’est encore révélée.
Le milieu de terrain béninois a bien tourné, avec des enchainements de passes et des centres corrects dans le dos de la défense des Etalons. Toutefois, les attaquants ont pêché dans la finition. Dans les dix dernières minutes du jeu, les Béninois ont failli payer cher leur manque d’efficacité lorsqu’un attaquant du Burkina a enrhumé toute la défense avant de voir sa frappe du plat du pied échouer sur le poteau.
In fine, le Bénin et le Burkina Faso sont sortis de la compétition après la victoire du Sénégal 4 buts à zéro contre la Guinée-Bissau. Le Bénin occupe la dernière place du groupe B avec 2 points et zéro but marqué. La finale du tournoi opposera demain le Mali premier du groupe A au Sénégal.

Gnona AFANGBEDJI