La Nation Bénin...
Dans l’univers des arts martiaux, certains noms résonnent comme des repères. Jean Eudex Fabrice Codjo Noudofinin en fait indéniablement partie. A bientôt 39 ans, ce Cotonois de naissance, haut de ses 1 m 75 pour 68 Kg porte haut l’étendard du wushu béninois, mêlant tradition, rigueur et transmission.
Pourtant, à 7 ans, Jean-Eudex Fabrice Codjo Noudofinin ne
savait pas que les grimaces destinées à attirer l’attention d’un maître
changeraient le cours de sa vie. En 1993, fasciné par ses frères pratiquant les
arts martiaux dans la cour familiale, il développe une passion silencieuse,
nourrie d’admiration et de persévérance. Son initiation au wushu débute
véritablement grâce à l’œil bienveillant d’un maître, Léonard Guindéhou,
sensible à l’ardeur du jeune garçon. Treize ans plus tard, il obtient sa
ceinture (noire), ouvrant la voie à une carrière jalonnée de titres et de
distinctions. Depuis ses débuts en 1998 à la Fédération béninoise de wushu
(Fbw), l’originaire de Ouidah n’a cessé de gravir les échelons avec constance.
Ceinture noire 4e Duan, il n’était alors qu’aux prémices d’un parcours hors
norme. Très vite, l’horizon s’élargit: Chine, Zambie, Egypte... autant
d’escales initiatiques qui forgent un maître autant qu’un homme. En 2014, il
franchit un cap décisif. Son passage au célèbre Temple Shaolin sous le nom de
Shi Yen Lee en Chine lui vaut le diplôme de moine laïc, témoignage d’une
immersion complète dans la philosophie martiale. « Ce surnom de personnage
d’animation chinoise m’inspire à croire encore davantage en ce que je fais »,
confie-t-il, mardi 6 mai dernier, dans l’enceinte feutrée de la salle Vip du
Centre culturel chinois au Bénin, lors de la réception de son certificat en
tant qu’Ambassadeur. Mais au-delà des gestes, il y a l’esprit. C’est ce que
Jean Eudex Fabrice Codjo Noudofinin cherche à incarner.
Son palmarès en témoigne. Entre 2023 et 2025, il décroche
successivement les diplômes internationaux de Ceinture noire du 1er au 6e Duan,
reconnus par la Fédération internationale de Shaolin. Il est également honoré
comme meilleur entraîneur de plus de dix ans à l’étranger, titre rare décerné
au cœur même du Temple Shaolin. En parallèle, il est nommé représentant
officiel de la Fédération africaine de Shaolin au Bénin, consolidant son statut
continental. Mais c’est sur les tatamis de Cotonou qu’il continue de forger les
futurs talents. Son engagement auprès du Centre culturel chinois et du Pskc
Shotokan Karaté Club où il obtient une ceinture marron en karaté entre 2019 et
2022 témoigne d’une ouverture à d’autres disciplines martiales. Il y enseigne
aussi le Taiji, dont il détient une ceinture noire 4e Duan depuis 2020. Figure
tutélaire, Fabrice Noudofinin est aussi un infatigable stagiaire. De la
Zhejiang International Wushu School à Liaoning Dalian, de la Fédération
africaine au Centre Culturel Chinois, il a multiplié les formations, entre 2013
et 2025, au rythme des stages en Chine, en Egypte et au Bénin. Autant
d’occasions de nourrir sa pratique et de transmettre, avec précision et
passion, un savoir vivant.
Le guerrier au service de la nation
Son impressionnant parcours compétitif, entamé sur la
scène nationale entre 2008 et 2019, lui a valu le titre de Champion du Bénin
pendant plus d’une décennie. Mais très vite, ses ambitions dépassent les
frontières. Il s’impose dans les compétitions ouest-africaines, décrochant le
titre de champion à Cotonou (2008-2009) et à Lomé (2016-2017). Ces distinctions
ne sont que les prémices d’une ascension plus vaste. A l’échelle continentale,
Fabrice Noudofinin brille de mille feux. De Dakar (2011) à Abidjan (2024), en
passant par Agadir, Tunis, Le Caire, Thiès et Cotonou, il collectionne les
titres de champion africain, inscrivant son nom au panthéon du Wushu africain.
En 2025, il frôle de nouveau les sommets en décrochant le titre de
vice-champion d’Afrique au Caire. Cette constance sur près de deux décennies
force le respect.
Mais derrière le champion, il y a l’architecte. Depuis
2019, Jean Eudex occupe le poste d'entraîneur national de la Fbw, où il façonne
l'élite, prépare les compétiteurs à affronter les plus grands défis et veille à
la transmission des valeurs fondamentales du wushu. Sa pédagogie repose sur
l’exigence technique, la maîtrise du mouvement et la préparation mentale. Son
engagement ne s’arrête pas là. En tant qu’entraîneur au Centre Culturel
Chinois, il accompagne chaque semaine les jeunes talents, leur corrigeant
gestes et postures, les initiant aux subtilités du combat moderne. Il a
également été formateur en self-défense au Centre Proteca pour les agents de
sécurité, et formateur à l’Ecole nationale de police en 2011-2012, transmettant
des savoirs stratégiques pour la défense personnelle et collective.
Président et fondateur du club Shaolin Xiao Wu Shi, il a donné naissance à un lieu d’initiation et de perfectionnement aux techniques du Taiji et du Wushu, dans leurs versions tant traditionnelles que modernes. Ce rôle central dans la formation témoigne de sa volonté d’enraciner durablement les arts martiaux dans la société béninoise. A l’inverse de la posture du combattant solitaire, Jean Eudex incarne celle du passeur d’expérience, du stratège de terrain et du formateur rigoureux. Fort de ses 25 années de pratique, il n’a de cesse de bâtir, transmettre, élever. Dans ses pas, une génération de pratiquants grandit avec la certitude que la voie du Wushu est celle de l’excellence, de la discipline et du dépassement de soi.
Des distinctions et reconnaissances
Des compétitions régionales aux championnats internationaux, Fabrice Noudofinin s’impose comme une figure incontournable du wushu africain. Devenu disciple laïc du célèbre Temple Shaolin, sous le nom de Shi Yen Lee, il incarne la rigueur et l’esprit du wushu. Formé également en Chine, notamment à Danyang, il maîtrise aussi bien la danse du lion que celle du dragon. Cinq fois lauréat aux Oscars des Champions entre 2016 et 2025, il est sacré meilleur entraîneur de la décennie par le Temple Shaolin en 2024. Aujourd’hui Ambassadeur de la promotion sino-béninoise du Wushu, il est devenu un pont vivant entre deux cultures. Et au directeur du Centre Culturel Chinois Kuang Lin de saluer l’engagement de l’athlète avant de lancer : « Le roi africain des arts martiaux se voit attribuer un nouveau titre d’or ». Il ajoute : « Fabrice Noudofinin valorise cet art martial, ne cesse de se perfectionner et devient le tout premier ambassadeur de cette noble cause. » Un choix assumé, guidé par une volonté forte. « Nous n’avons désigné qu’un seul ambassadeur dans les pays occidentaux. Pour le wushu, c’est lui », a-t-il précisé. De même, par décision n°103/VPR/GCONB/SOCT du 3 juin 2025, et conformément au décret n°2016-116 du 10 mars 2016, Fabrice Noudofinin a été élevé au grade de Chevalier de l’Ordre national du Bénin.
La Fbw avait vu juste
« Très tôt, le président Patrice Komenan Dossou-Yovo l’avait repéré », confie David Ataï Guèdègbé, trésorier général de la Fbw, soulignant la clairvoyance des instances dirigeantes dans le soutien accordé à cet homme que l’on décrit comme un talent brut. Nourri d’une passion inébranlable pour le Wushu, Fabrice Noudofinin a su transformer l’accompagnement fédéral en une série de performances remarquables, tant sur le plan national qu’international. Son parcours est jalonné de participations honorables, de succès marquants, et d’une fidélité indéfectible aux couleurs du Bénin. Selon David Ataï Guèdègbé, l’un des épisodes les plus révélateurs reste ce championnat en Egypte, perturbé par une grève de la navigation aérienne. Malgré un départ retardé, Fabrice et son coéquipier Ezekiel Adandé ont su, avec dépassement de soi, imprimer leurs marques dans la compétition. « Malgré le stress, ils ont tout donné. Cela nous a confirmé que nous n’avions pas fait le mauvais choix », déclare le trésorier général de la Fbw. Aujourd’hui, la Fédération se dit fière de cet homme qui a su transformer les défis en opportunités. Pour David Ataï Guèdègbé, Fabrice Noudofinin est plus qu’un athlète ; il est un symbole de réussite, un pilier du Wushu béninois, et une preuve vivante que le talent, lorsqu’il est bien accompagné, peut faire rayonner une nation tout entière.
Jean Eudex Fabrice Codjo Noudofinin, maître en son art et artisan de l’avenir