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Fabrice Codjo Noudofinin, athlète et entraîneur d'art martial: Un symbole de réussite et pilier du wushu béninois

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Jean Eudex Fabrice Codjo Noudofinin, maître en son art et artisan de l’avenir Jean Eudex Fabrice Codjo Noudofinin, maître en son art et artisan de l’avenir

Dans l’univers des arts martiaux, certains noms résonnent comme des repères. Jean Eudex Fabrice Codjo Noudofinin en fait indéniablement partie. A bientôt 39 ans, ce Cotonois de naissance, haut de ses 1 m 75 pour 68 Kg porte haut l’étendard du wushu béninois, mêlant tradition, rigueur et transmission.

Par   Abdul Fataï SANNI, le 17 juil. 2025 à 10h02 Durée 3 min.
#art martial

Pourtant, à 7 ans, Jean-Eudex Fabrice Codjo Noudofinin ne savait pas que les grimaces destinées à attirer l’attention d’un maître changeraient le cours de sa vie. En 1993, fasciné par ses frères pratiquant les arts martiaux dans la cour familiale, il développe une passion silencieuse, nourrie d’admiration et de persévérance. Son initiation au wushu débute véritablement grâce à l’œil bienveillant d’un maître, Léonard Guindéhou, sensible à l’ardeur du jeune garçon. Treize ans plus tard, il obtient sa ceinture (noire), ouvrant la voie à une carrière jalonnée de titres et de distinctions. Depuis ses débuts en 1998 à la Fédération béninoise de wushu (Fbw), l’originaire de Ouidah n’a cessé de gravir les échelons avec constance. Ceinture noire 4e Duan, il n’était alors qu’aux prémices d’un parcours hors norme. Très vite, l’horizon s’élargit: Chine, Zambie, Egypte... autant d’escales initiatiques qui forgent un maître autant qu’un homme. En 2014, il franchit un cap décisif. Son passage au célèbre Temple Shaolin sous le nom de Shi Yen Lee en Chine lui vaut le diplôme de moine laïc, témoignage d’une immersion complète dans la philosophie martiale. « Ce surnom de personnage d’animation chinoise m’inspire à croire encore davantage en ce que je fais », confie-t-il, mardi 6 mai dernier, dans l’enceinte feutrée de la salle Vip du Centre culturel chinois au Bénin, lors de la réception de son certificat en tant qu’Ambassadeur. Mais au-delà des gestes, il y a l’esprit. C’est ce que Jean Eudex Fabrice Codjo Noudofinin cherche à incarner.

Son palmarès en témoigne. Entre 2023 et 2025, il décroche successivement les diplômes internationaux de Ceinture noire du 1er au 6e Duan, reconnus par la Fédération internationale de Shaolin. Il est également honoré comme meilleur entraîneur de plus de dix ans à l’étranger, titre rare décerné au cœur même du Temple Shaolin. En parallèle, il est nommé représentant officiel de la Fédération africaine de Shaolin au Bénin, consolidant son statut continental. Mais c’est sur les tatamis de Cotonou qu’il continue de forger les futurs talents. Son engagement auprès du Centre culturel chinois et du Pskc Shotokan Karaté Club où il obtient une ceinture marron en karaté entre 2019 et 2022 témoigne d’une ouverture à d’autres disciplines martiales. Il y enseigne aussi le Taiji, dont il détient une ceinture noire 4e Duan depuis 2020. Figure tutélaire, Fabrice Noudofinin est aussi un infatigable stagiaire. De la Zhejiang International Wushu School à Liaoning Dalian, de la Fédération africaine au Centre Culturel Chinois, il a multiplié les formations, entre 2013 et 2025, au rythme des stages en Chine, en Egypte et au Bénin. Autant d’occasions de nourrir sa pratique et de transmettre, avec précision et passion, un savoir vivant.

Le guerrier au service de la nation

Son impressionnant parcours compétitif, entamé sur la scène nationale entre 2008 et 2019, lui a valu le titre de Champion du Bénin pendant plus d’une décennie. Mais très vite, ses ambitions dépassent les frontières. Il s’impose dans les compétitions ouest-africaines, décrochant le titre de champion à Cotonou (2008-2009) et à Lomé (2016-2017). Ces distinctions ne sont que les prémices d’une ascension plus vaste. A l’échelle continentale, Fabrice Noudofinin brille de mille feux. De Dakar (2011) à Abidjan (2024), en passant par Agadir, Tunis, Le Caire, Thiès et Cotonou, il collectionne les titres de champion africain, inscrivant son nom au panthéon du Wushu africain. En 2025, il frôle de nouveau les sommets en décrochant le titre de vice-champion d’Afrique au Caire. Cette constance sur près de deux décennies force le respect.

Mais derrière le champion, il y a l’architecte. Depuis 2019, Jean Eudex occupe le poste d'entraîneur national de la Fbw, où il façonne l'élite, prépare les compétiteurs à affronter les plus grands défis et veille à la transmission des valeurs fondamentales du wushu. Sa pédagogie repose sur l’exigence technique, la maîtrise du mouvement et la préparation mentale. Son engagement ne s’arrête pas là. En tant qu’entraîneur au Centre Culturel Chinois, il accompagne chaque semaine les jeunes talents, leur corrigeant gestes et postures, les initiant aux subtilités du combat moderne. Il a également été formateur en self-défense au Centre Proteca pour les agents de sécurité, et formateur à l’Ecole nationale de police en 2011-2012, transmettant des savoirs stratégiques pour la défense personnelle et collective.

Président et fondateur du club Shaolin Xiao Wu Shi, il a donné naissance à un lieu d’initiation et de perfectionnement aux techniques du Taiji et du Wushu, dans leurs versions tant traditionnelles que modernes. Ce rôle central dans la formation témoigne de sa volonté d’enraciner durablement les arts martiaux dans la société béninoise. A l’inverse de la posture du combattant solitaire, Jean Eudex incarne celle du passeur d’expérience, du stratège de terrain et du formateur rigoureux. Fort de ses 25 années de pratique, il n’a de cesse de bâtir, transmettre, élever. Dans ses pas, une génération de pratiquants grandit avec la certitude que la voie du Wushu est celle de l’excellence, de la discipline et du dépassement de soi.

Des distinctions et reconnaissances

Des compétitions régionales aux championnats internationaux, Fabrice Noudofinin s’impose comme une figure incontournable du wushu africain. Devenu disciple laïc du célèbre Temple Shaolin, sous le nom de Shi Yen Lee, il incarne la rigueur et l’esprit du wushu. Formé également en Chine, notamment à Danyang, il maîtrise aussi bien la danse du lion que celle du dragon. Cinq fois lauréat aux Oscars des Champions entre 2016 et 2025, il est sacré meilleur entraîneur de la décennie par le Temple Shaolin en 2024. Aujourd’hui Ambassadeur de la promotion sino-béninoise du Wushu, il est devenu un pont vivant entre deux cultures. Et au directeur du Centre Culturel Chinois Kuang Lin de saluer l’engagement de l’athlète avant de lancer : « Le roi africain des arts martiaux se voit attribuer un nouveau titre d’or ». Il ajoute : « Fabrice Noudofinin valorise cet art martial, ne cesse de se perfectionner et devient le tout premier ambassadeur de cette noble cause. » Un choix assumé, guidé par une volonté forte. « Nous n’avons désigné qu’un seul ambassadeur dans les pays occidentaux. Pour le wushu, c’est lui », a-t-il précisé. De même, par décision n°103/VPR/GCONB/SOCT du 3 juin 2025, et conformément au décret n°2016-116 du 10 mars 2016, Fabrice Noudofinin a été élevé au grade de Chevalier de l’Ordre national du Bénin.

La Fbw avait vu juste

« Très tôt, le président Patrice Komenan Dossou-Yovo l’avait repéré », confie David Ataï Guèdègbé, trésorier général de la Fbw, soulignant la clairvoyance des instances dirigeantes dans le soutien accordé à cet homme que l’on décrit comme un talent brut. Nourri d’une passion inébranlable pour le Wushu, Fabrice Noudofinin a su transformer l’accompagnement fédéral en une série de performances remarquables, tant sur le plan national qu’international. Son parcours est jalonné de participations honorables, de succès marquants, et d’une fidélité indéfectible aux couleurs du Bénin. Selon David Ataï Guèdègbé, l’un des épisodes les plus révélateurs reste ce championnat en Egypte, perturbé par une grève de la navigation aérienne. Malgré un départ retardé, Fabrice et son coéquipier Ezekiel Adandé ont su, avec dépassement de soi, imprimer leurs marques dans la compétition. « Malgré le stress, ils ont tout donné. Cela nous a confirmé que nous n’avions pas fait le mauvais choix », déclare le trésorier général de la Fbw. Aujourd’hui, la Fédération se dit fière de cet homme qui a su transformer les défis en opportunités. Pour David Ataï Guèdègbé, Fabrice Noudofinin est plus qu’un athlète ; il est un symbole de réussite, un pilier du Wushu béninois, et une preuve vivante que le talent, lorsqu’il est bien accompagné, peut faire rayonner une nation tout entière.