La Nation Bénin...
Qualifié pour la première fois pour le Championnat du
monde de beach volley senior, le Bénin écrit une page historique de son
parcours sportif. Dans cet entretien, le président de la Fédération béninoise
de volleyball (Fbvb), Ali Yaro, revient sur la performance du duo Tobby
Tohouegnon et Yacoubou Daouda, dévoile les coulisses de la préparation et
évoqué les ambitions pour l’avenir d’un sport désormais en pleine ascension au
Bénin.
La Nation : Président, le Bénin vient de participer au Championnat d’Afrique de beach volley au Maroc. Peut-on dire que ce fut une expérience concluante ?
Ali Yaro : Absolument. C’était une grande première à ce niveau, et je dois dire que nous en ressortons avec beaucoup de fierté. Nous étions conscients que ce championnat était qualificatif et notre priorité était d’améliorer notre classement. L’an dernier, nous avions terminé à la 12e place. Cette fois-ci, l’objectif était de faire mieux. Mais terminer parmi les quatre premiers relevait d’un véritable défi. Il faut se rappeler que, lors des compétitions qualificatives, toutes les grandes nations sont présentes, entre autres, les pays du Maghreb, les pays de la zone 3, avec notamment le Ghana, le Nigeria, le Niger, sans oublier le Togo qui progresse rapidement. Notre groupe était très relevé avec l’Egypte, le Ghana et le Burundi, des adversaires qui, historiquement, nous ont toujours battus. Et pourtant, nous avons parfaitement débuté ; victoire 2-0 face à l’Egypte (21-13 ; 21-13), même score contre le Burundi (25-23 ; 21-18) puis contre le Ghana. En huitième de finale, nous avons éliminé le Nigeria 2-0 (24-22 ; 21-12), avant de tomber face au Maroc, futur vainqueur de la compétition. A l’arrivée, nous terminons cinquièmes. Mais comme le Maroc avait présenté deux paires dans le top 4, et conformément au règlement qui stipule « une nation, une place », le Bénin est remonté à la quatrième place, synonyme de qualification pour les Championnats du monde. Je tiens à féliciter ces jeunes qui, depuis trois ou quatre ans, travaillent sans relâche, sans savoir que cette édition serait l’apothéose. Après des participations mondiales chez les cadets (au Mexique) et les juniors (à Chypre), c’est une première chez les seniors. Et c’est une belle consécration. Le Bénin participera donc au prochain Championnat du monde de beach volley à Adélaïde.
Et justement, comment accueillez-vous cette nouvelle?
Je dois avouer que lorsque l’annonce officielle est tombée, il y a une semaine jour pour jour, ce fut un immense soulagement. Nous étions passés tout près de la qualification, et cela a été dur pour les athlètes comme pour nous, les dirigeants. Mais nous savions que nous étions éligibles, et il ne manquait plus que la validation de la Confédération africaine de volleyball (Cavb) et de la Fédération internationale de volleyball (Fivb). Ce fut une joie partagée par tout le comité exécutif. En tant que président, je considère que j’ai accompli une partie importante de mon mandat. Je peux dire, comme certains le formulent, que je peux partir tranquille.
Avant ce rendez-vous mondial, une phase de préparation est-elle prévue ?
Effectivement. La compétition de la zone 3, initialement
prévue avant le championnat continental, n’a pu se tenir à temps. Elle servira
donc de tremplin dans le cadre de notre préparation. Un plan détaillé sera très
bientôt communiqué et nos joueurs s’entraîneront intensivement, dans des
conditions proches de la compétition. Nous voulons qu’ils soient prêts,
mentalement et physiquement.
Le Bénin semble désormais redouté sur la scène régionale. Est-ce votre constat également?
Tout à fait. Le regard sur le Bénin a changé. Les Ghanéens et les Nigérians souhaitent désormais venir se préparer avec nous. Avant, c’était l’inverse. C’était nous qui allions vers eux pour apprendre. Aujourd’hui, ce sont eux qui frappent à notre porte. Cela témoigne de notre progression. Au vu de ce que j’ai vu au Maroc, je pense que nos athlètes peuvent encore surprendre.
Quels seront vos objectifs à Adélaïde, lors des Championnats du monde ?
Déjà, être qualifié, c’est une victoire. Nous n’avons jamais participé à une telle compétition, donc nous y allons sans pression, en tant qu’outsiders. C’est ce même statut qui nous a portés au Maroc. Nous ne connaissons personne, personne ne nous connaît. Ce sera du 50-50. Mais nous sommes là pour apprendre et pour marquer les esprits.
Tobby Tohouegnon et Yacoubou Daouda sont les deux joueurs qualifiés. Un travail est-il mené en amont pour assurer la relève ?
Un travail important est en cours, notamment avec l’appui du ministère des Sports et de l’Obssu (Office béninois du sport scolaire et universitaire). D’ici peu, nos moins de 15 ans participeront aux Jeux africains scolaires. En parallèle, nous serons également présents aux Championnats d’Afrique U18 à Abuja. Nous avons déjà aligné des équipes U21 à Abidjan l’an passé. Tous ces efforts visent à préparer l’après-Daouda et Tobby, pour qu’il n’y ait pas de vide générationnel.
Qu’en est-il de la sélection féminine qui a connu des difficultés au Maroc ?
La meilleure paire féminine actuelle reste Djamila Kora et Evelyne Kouagou. Sur le plan national, elles dominent. Mais en compétition internationale, cela ne passe pas depuis trois ans. Nous menons actuellement une réflexion avec l’encadrement technique pour prendre des décisions importantes sur ce segment.
Président, le mois d’août s’annonce chargé pour le volleyball béninois...
Effectivement, nous entrons dans la période la plus décisive de la saison. Après six mois de compétitions, tout va s’accélérer. A Abomey se déroulera la Premier League du 6 au 10 août, à Adjahomey la Ligue nationale du 13 au 17 août, à Parakou la Ligue pro suite du championnat professionnel de volleyball du 23 au 27 juillet. L’apothéose aura lieu du 18 au 24 août au Hall des arts avec les Play-offs du championnat professionnel de volleyball.
En somme, la Fédération peut se féliciter d’un bilan satisfaisant pour l’année 2025 !
Oui, je peux le confirmer. Sur le plan national comme
international, le volleyball béninois avance. Nous allons conclure cette année
sur une belle note, le 24 août prochain. C’est une grande satisfaction pour nous
tous.
Ali Yaro, président de la Fédération béninoise de volleyball