Coumiba Djossouvi: « Le rugby béninois regorge d'un immense potentiel »

La Nation : Quel regard portez-vous sur l’évolution du rugby au Bénin ?

Coumiba Djossouvi : Depuis plusieurs années, les clubs se sont structurés et j’observe une évolution très positive. Les entraînements rassemblent de plus en plus de pratiquants, tant chez les hommes que chez les femmes. Les joueurs font preuve d’une grande motivation et d’une discipline exemplaire, tandis que les entraîneurs encadrent avec rigueur et professionnalisme. Il y a une véritable volonté de faire progresser ce sport et de le structurer davantage.

Quelle est votre perception de l’engagement des jeunes dans un sport souvent perçu comme exigeant, physiquement ?

Le rugby est, en effet, un sport très engageant et exigeant. Toutefois, ces jeunes font preuve d’une détermination impressionnante. Je suis convaincue que les Africains possèdent des aptitudes naturelles pour cette discipline. Plus ils commencent tôt, mieux ils assimilent les bases techniques et stratégiques. Ce qui leur permet de jouer en toute sécurité et de développer un niveau de jeu optimal.

Quelles sont vos ambitions pour le développement du rugby béninois ?

Mon souhait est d’aider à la mise en place d’une structure compétitive au niveau national. Les joueurs s’entraînent avec assiduité, mais sans un championnat régulier, ils risquent de perdre leur motivation et de stagner. C’est pourquoi, je compte m’impliquer auprès des instances fédérales afin de favoriser l’organisation de compétitions régulières. Ce serait un véritable levier de progression pour les joueurs et pour tout le rugby béninois.

Avez-vous repéré des talents qui pourraient, à terme, faire parler d’eux à l’international ?

J’ai remarqué Marie, une joueuse dotée d’une puissance physique impressionnante. Certains joueurs ont un talent qui semble inné, une lecture du jeu et une présence sur le terrain qui montrent une prédisposition naturelle. Si elle avait commencé le rugby à l'âge de cinq ans, cela ne m’aurait pas surprise. Son potentiel est indéniable, et je pense que des joueurs comme elle pourraient s’exporter à des niveaux plus élevés, y compris en Europe.

En parlant d’Europe, envisagez-vous un partenariat entre clubs béninois et français ?

C’est une idée qui pourrait être explorée. Les confrontations internationales sont essentielles pour progresser. On pourrait imaginer des échanges entre clubs français et béninois, voire des opportunités pour certains joueurs de venir se perfectionner en France.

Toutefois, il ne faut pas oublier que cela dépasse le cadre purement sportif. Délocaliser un joueur implique une réflexion sur son parcours académique et professionnel. Nous devons nous assurer que ces jeunes soient bien accompagnés pour que leur expérience soit une réussite globale. Pour l’instant, ce n’est pas un projet abouti, mais c’est une option à envisager sérieusement.

En conclusion, quel message souhaitez-vous adresser aux joueurs et joueuses ?

Je tiens à les féliciter chaleureusement. Je suis fière d'eux, aussi bien des garçons que des filles. Le rugby est un sport exigeant, qui demande du courage et du dévouement. Ils s’investissent pleinement et donnent le meilleur d’eux-mêmes, et c’est tout à leur honneur. Ce que j’ai vu ici est une formidable source d’espoir. Le travail est déjà en place, les jeunes sont performants et certains sont même champions. Il faut maintenant leur offrir les structures et opportunités qu’ils méritent pour continuer à grandir et à faire rayonner le rugby béninois.