La Nation Bénin...
Acteurs
missionnés pour faire respecter les règles dans les matchs, les arbitres jouent
un rôle important sur le terrain. A la Can 2023, une incursion dans leur milieu
nous amène à appréhender la complexité de leur mission et les conditions
d’exercice de leur fonction notamment avec les transformations introduites par
la Var.
Il
sonnait 8h00 ce jeudi 25 janvier 2024 quand les premiers véhicules des
officiels de la Confédération africaine de Football (Caf) ont commencé à
s’immobiliser à Sol Béni, complexe sportif situé en bord de lagune à Abidjan.
Une quarantaine d’hommes et dames en noir, sur la soixantaine présente à la
Coupe d’Afrique des Nations Côte d’Ivoire 2023, descendent et se dirigent vers
l’une des pelouses d’entrainement de ce centre de formation de l’Asec Mimosa.
Parmi eux, on reconnait facilement l’Ethiopien Bamlak Tessema, l’un des
meilleurs sifflets sur le continent, la Marocaine Bouchra Karboubi, première
femme arabe à officier à une phase finale de la Can et le Béninois Louis Djindo
Houngnandandé.
Ils
sont enthousiasmés d’avoir réussi le premier tour de la compétition avec moins
de décisions à polémique. « Nous sommes contents d’avoir fini ce premier tour
avec moins de prestations à polémique », atteste Akhona Makalima, arbitre
sud-africaine, présente dans le trio féminin ayant officié le match
Guinée-Bissau-Nigeria, sourire aux lèvres, avant de se mettre en situation de
travail sur un match d’entrainement opposant la réserve de l’Asec Mimosa à
celle de Williamsville Athletic Club d’Abidjan. Ici, tout est mis en place pour
permettre d’appréhender la complexité de la mission de ces acteurs chargés de
faire respecter les règles du jeu et les conditions d’exercice de leur pouvoir
avec les transformations récentes introduites par la Var. Au cours de cet exercice qui s’est déroulé en
deux heures d’horloge, arbitres, arbitres assistants et arbitres assistants
vidéo qui officient dans le cadre de cette compétition et leurs responsables
ont parlé des réalités d’un métier aussi complexe que l’arbitrage. « L'arbitre
est au cœur même du jeu. Il doit être plus près des joueurs pour veiller au bon
respect des règles du jeu, sanctionner, avoir un œil sur le chronomètre pour
siffler la fin d'un match par exemple », poursuit l’arbitre sudafricaine pour
qui l’arbitrage est non seulement un art mais aussi une passion. A l’en croire,
entre le pouvoir et la responsabilité de prendre une décision, l’arbitre doit
toujours être courageux afin d’éviter les décisions erronées. Ainsi, sous
l’égide de l’ancien arbitre ivoirien et directeur de l'Arbitrage et de la
Technologie du football à la Caf, Noumandiez Désiré Doué, nous sommes passés
dans les trois stands mis en place lors des différents matchs. Il s’agit de la
station pour le feed-back instantané, la position et la décision des assistants
ainsi que les procédures de la Var, le stand principal réservé aux arbitres
pour le contrôle de la surface de réparation en relation avec la Var et la
troisième station liée à la récupération. « Chaque jour, on travaille pour
regarder les points sur lesquels nos arbitres doivent travailler et s’améliorer
et on traduit cela en exercice lors des entrainements », explique-t-il.
Profil de l’arbitre africain
Pour
lui, pour être un bon arbitre, il faut avoir non seulement une parfaite
connaissance du règlement du jeu mais aussi une excellente condition physique.
«L’arbitrage africain a beaucoup progressé et je peux vous dire que nous avons
de bons arbitres à cette Coupe d’Afrique des Nations », se réjouit le Béninois
Hugues Alain Adjovi, président de la Commission des arbitres à la Caf, qui
soutient qu’il est tenu de plus en plus grand compte de la performance et de la
compétence pour sélectionner les arbitres des compétitions africaines. « C’est
pourquoi nous choisissons les arbitres en tenant compte de leur potentialité,
leur personnalité et leur capacité à affronter chaque match », a-t-il confié,
heureux de la prestation des arbitres au premier tour du tournoi. « Nous sommes
satisfaits de la prestation des arbitres jusqu’ici », a-t-il indiqué avant
d’évoquer les efforts que fait la Confédération africaine de Football qui
travaille pour améliorer la formation des arbitres afin de parfaire leurs
prestations. « La répétition corrige les erreurs et c’est ce que nous nous
attelons à faire », poursuit Hugues Alain Adjovi. Ensuite, le passage en salle
de contrôle des vidéos et en zone de contrôle, nous a permis de voir les
arbitres en situation. Nous avons
beaucoup progressé au niveau de l’arbitrage vidéo et on continue à travailler
dur pour atteindre le sommet », se satisfait Noumandiez Désiré Doué, directeur
de l'Arbitrage et de la Technologie du football à la Caf.
Contrôler les situations litigieuses
A
travers une mise en scène, les automatismes, les procédures, les façons
d’analyser pour avoir de l’uniformité entre ceux qui sont sur le terrain et
ceux qui sont derrière le moniteur ont été montrés aux journalistes. Pour
Noumandiez Désiré Doué, les arbitres sont préparés afin d’avoir les éléments
nécessaires avant de faire recours à la Var pour valider ou invalider un but,
pour un penalty, pour un carton rouge et pour une mauvaise identité d’un joueur
sanctionné. Si erreur manifeste il y a, les images sont mises à disposition par
le réalisateur de la rencontre. Au centre Var, deux assistants sont chargés de
contrôler les situations litigeuses. Les rôles sont clairement définis, comme
l’assure Hugues Alain Adjovi, président de la commission des arbitres à la Caf
qui pense que la Var est un outil qui a révolutionné l’arbitrage sur le
continent. «Les arbitres africains maîtrisent davantage cette technologie et
sont de plus en plus rapides dans le temps d’analyse », souligne-t-il. A l’en croire, la Var suit un processus bien
défini. « Il y a un assistant vidéo et son adjoint. Le premier a la
responsabilité de recommander à l’arbitre principal de venir voir les images ou
de dire à l’arbitre s’il y a hors-jeu ou non, penalty ou coup franc. Le second
suit le direct dès lors que son collègue serait en train de contrôler une
action pendant que le jeu se poursuit », explique-t-il.
Les femmes et l’arbitrage africain
L’inclusion
des femmes dans l’arbitrage africain est une réalité, ces dernières années. La
Confédération africaine de Football s'engage en faveur de l'égalité entre les
hommes et les femmes en assurant la présence du plus grand nombre possible de
femmes sur les compétitions. En témoigne la sélection de cinq femmes dans la
liste des arbitres retenus pour cette Can. Il s’agit de la Rwandaise Salima
Radhia Mukansanga, la Camerounaise Carine Atezambong, la Marocaine Karboubi
Bouchra, la Zambienne Diana Chicotesha et la Mauritanienne Rivet Maria Pakuita
Cinquela. Au total, trois femmes ont officié au premier tour de cette Can.
Après avoir dirigé avec brio le dernier match du groupe A de la Coupe d’Afrique
des Nations Côte d’Ivoire 2023 entre la Guinée-Bissau et le Nigeria, Bouchra
Karboubi est entrée dans l’histoire en rejoignant la Rwandaise Salima
Mukansanga qui a officié lors d’un match de la Can au Cameroun, il y a trois
ans. Devenue la première femme arabe à officier un match à la Coupe d’Afrique
des nations de football, en tant que juge central, Bouchra Karboubi se dit
fière d’avoir conduit cette partie : «C’est toute une fierté pour moi de
représenter les femmes africaines et de représenter l’arbitrage en Afrique.
Arbitrer ce match était pour moi un honneur», se félicite celle qui avait été
la première femme à officier en tant qu’opératrice de la Var, en finale de la
précédente Coupe d’Afrique des Nations au Cameroun. « Il fallait montrer que ce
premier trio d’arbitres féminins était capable de faire un bon match et nous
l’avions fait en parvenant à être à la hauteur de la confiance que la Caf nous
accordait. » a-t-elle conclu.
Les arbitres africains sont à la hauteur de la compétition