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Can 2023: Immersion dans le monde des arbitres

Sports
Les arbitres africains sont à la hauteur de la compétition Les arbitres africains sont à la hauteur de la compétition

Acteurs missionnés pour faire respecter les règles dans les matchs, les arbitres jouent un rôle important sur le terrain. A la Can 2023, une incursion dans leur milieu nous amène à appréhender la complexité de leur mission et les conditions d’exercice de leur fonction notamment avec les transformations introduites par la Var. 

Par   Christian HOUNONGBE, le 01 févr. 2024 à 02h33 Durée 5 min.
#Can 2023 #Immersion #le monde des arbitres

Il sonnait 8h00 ce jeudi 25 janvier 2024 quand les premiers véhicules des officiels de la Confédération africaine de Football (Caf) ont commencé à s’immobiliser à Sol Béni, complexe sportif situé en bord de lagune à Abidjan. Une quarantaine d’hommes et dames en noir, sur la soixantaine présente à la Coupe d’Afrique des Nations Côte d’Ivoire 2023, descendent et se dirigent vers l’une des pelouses d’entrainement de ce centre de formation de l’Asec Mimosa. Parmi eux, on reconnait facilement l’Ethiopien Bamlak Tessema, l’un des meilleurs sifflets sur le continent, la Marocaine Bouchra Karboubi, première femme arabe à officier à une phase finale de la Can et le Béninois Louis Djindo Houngnandandé.

Ils sont enthousiasmés d’avoir réussi le premier tour de la compétition avec moins de décisions à polémique. « Nous sommes contents d’avoir fini ce premier tour avec moins de prestations à polémique », atteste Akhona Makalima, arbitre sud-africaine, présente dans le trio féminin ayant officié le match Guinée-Bissau-Nigeria, sourire aux lèvres, avant de se mettre en situation de travail sur un match d’entrainement opposant la réserve de l’Asec Mimosa à celle de Williamsville Athletic Club d’Abidjan. Ici, tout est mis en place pour permettre d’appréhender la complexité de la mission de ces acteurs chargés de faire respecter les règles du jeu et les conditions d’exercice de leur pouvoir avec les transformations récentes introduites par la Var.  Au cours de cet exercice qui s’est déroulé en deux heures d’horloge, arbitres, arbitres assistants et arbitres assistants vidéo qui officient dans le cadre de cette compétition et leurs responsables ont parlé des réalités d’un métier aussi complexe que l’arbitrage. « L'arbitre est au cœur même du jeu. Il doit être plus près des joueurs pour veiller au bon respect des règles du jeu, sanctionner, avoir un œil sur le chronomètre pour siffler la fin d'un match par exemple », poursuit l’arbitre sudafricaine pour qui l’arbitrage est non seulement un art mais aussi une passion. A l’en croire, entre le pouvoir et la responsabilité de prendre une décision, l’arbitre doit toujours être courageux afin d’éviter les décisions erronées. Ainsi, sous l’égide de l’ancien arbitre ivoirien et directeur de l'Arbitrage et de la Technologie du football à la Caf, Noumandiez Désiré Doué, nous sommes passés dans les trois stands mis en place lors des différents matchs. Il s’agit de la station pour le feed-back instantané, la position et la décision des assistants ainsi que les procédures de la Var, le stand principal réservé aux arbitres pour le contrôle de la surface de réparation en relation avec la Var et la troisième station liée à la récupération. « Chaque jour, on travaille pour regarder les points sur lesquels nos arbitres doivent travailler et s’améliorer et on traduit cela en exercice lors des entrainements », explique-t-il. 

Profil de l’arbitre africain

Pour lui, pour être un bon arbitre, il faut avoir non seulement une parfaite connaissance du règlement du jeu mais aussi une excellente condition physique. «L’arbitrage africain a beaucoup progressé et je peux vous dire que nous avons de bons arbitres à cette Coupe d’Afrique des Nations », se réjouit le Béninois Hugues Alain Adjovi, président de la Commission des arbitres à la Caf, qui soutient qu’il est tenu de plus en plus grand compte de la performance et de la compétence pour sélectionner les arbitres des compétitions africaines. « C’est pourquoi nous choisissons les arbitres en tenant compte de leur potentialité, leur personnalité et leur capacité à affronter chaque match », a-t-il confié, heureux de la prestation des arbitres au premier tour du tournoi. « Nous sommes satisfaits de la prestation des arbitres jusqu’ici », a-t-il indiqué avant d’évoquer les efforts que fait la Confédération africaine de Football qui travaille pour améliorer la formation des arbitres afin de parfaire leurs prestations. « La répétition corrige les erreurs et c’est ce que nous nous attelons à faire », poursuit Hugues Alain Adjovi. Ensuite, le passage en salle de contrôle des vidéos et en zone de contrôle, nous a permis de voir les arbitres en situation.   Nous avons beaucoup progressé au niveau de l’arbitrage vidéo et on continue à travailler dur pour atteindre le sommet », se satisfait Noumandiez Désiré Doué, directeur de l'Arbitrage et de la Technologie du football à la Caf.

Contrôler les situations litigieuses

A travers une mise en scène, les automatismes, les procédures, les façons d’analyser pour avoir de l’uniformité entre ceux qui sont sur le terrain et ceux qui sont derrière le moniteur ont été montrés aux journalistes. Pour Noumandiez Désiré Doué, les arbitres sont préparés afin d’avoir les éléments nécessaires avant de faire recours à la Var pour valider ou invalider un but, pour un penalty, pour un carton rouge et pour une mauvaise identité d’un joueur sanctionné. Si erreur manifeste il y a, les images sont mises à disposition par le réalisateur de la rencontre. Au centre Var, deux assistants sont chargés de contrôler les situations litigeuses. Les rôles sont clairement définis, comme l’assure Hugues Alain Adjovi, président de la commission des arbitres à la Caf qui pense que la Var est un outil qui a révolutionné l’arbitrage sur le continent. «Les arbitres africains maîtrisent davantage cette technologie et sont de plus en plus rapides dans le temps d’analyse », souligne-t-il.  A l’en croire, la Var suit un processus bien défini. « Il y a un assistant vidéo et son adjoint. Le premier a la responsabilité de recommander à l’arbitre principal de venir voir les images ou de dire à l’arbitre s’il y a hors-jeu ou non, penalty ou coup franc. Le second suit le direct dès lors que son collègue serait en train de contrôler une action pendant que le jeu se poursuit », explique-t-il.  

Les femmes et l’arbitrage africain

L’inclusion des femmes dans l’arbitrage africain est une réalité, ces dernières années. La Confédération africaine de Football s'engage en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes en assurant la présence du plus grand nombre possible de femmes sur les compétitions. En témoigne la sélection de cinq femmes dans la liste des arbitres retenus pour cette Can. Il s’agit de la Rwandaise Salima Radhia Mukansanga, la Camerounaise Carine Atezambong, la Marocaine Karboubi Bouchra, la Zambienne Diana Chicotesha et la Mauritanienne Rivet Maria Pakuita Cinquela. Au total, trois femmes ont officié au premier tour de cette Can. Après avoir dirigé avec brio le dernier match du groupe A de la Coupe d’Afrique des Nations Côte d’Ivoire 2023 entre la Guinée-Bissau et le Nigeria, Bouchra Karboubi est entrée dans l’histoire en rejoignant la Rwandaise Salima Mukansanga qui a officié lors d’un match de la Can au Cameroun, il y a trois ans. Devenue la première femme arabe à officier un match à la Coupe d’Afrique des nations de football, en tant que juge central, Bouchra Karboubi se dit fière d’avoir conduit cette partie : «C’est toute une fierté pour moi de représenter les femmes africaines et de représenter l’arbitrage en Afrique. Arbitrer ce match était pour moi un honneur», se félicite celle qui avait été la première femme à officier en tant qu’opératrice de la Var, en finale de la précédente Coupe d’Afrique des Nations au Cameroun. « Il fallait montrer que ce premier trio d’arbitres féminins était capable de faire un bon match et nous l’avions fait en parvenant à être à la hauteur de la confiance que la Caf nous accordait. » a-t-elle conclu.