La Nation Bénin...
Dans nos sociétés,
beaucoup de parents, souvent débordés par le stress quotidien, recourent aux
cris pour se faire obéir de leurs enfants. Cette habitude, héritée parfois de
modèles éducatifs anciens, n’est pas sans conséquence. L’expert en santé de
l’enfant, Dr Romuald Bothon, a partagé ses pistes pour transformer la
communication parent-enfant et renforcer la confiance des plus jeunes.
Selon le Dr Romuald Bothon
alias Dr Choco, plusieurs facteurs expliquent cette réaction impulsive notamment
le manque de contrôle émotionnel face à la fatigue ou à la frustration ; la
reproduction de modèles éducatifs hérités de la société coloniale ; le stress
et la surcharge mentale liés aux contraintes quotidiennes.
« Lorsque l’adulte réagit à chaud, il adresse des paroles qui blessent et compromettent la confiance de l’enfant dans leur relation et dans son propre comportement parental », explique Dr Bothon.
Selon Dr Laura Markham, psychologue américaine, « crier n’est pas l’outil idéal pour se faire entendre et amener l’enfant à mieux se comporter ». Au contraire, cela peut affaiblir sa sécurité émotionnelle et sa confiance. De plus, l’enfant effrayé se pose moins de questions, intériorise sa voix intérieure, et engage une communication blessante et inefficace.
Crier ou humilier l’enfant ne règle donc pas le problème de comportement, insiste le Dr Bothon. Au contraire, cela fragilise la relation et peut briser sa créativité. « Un enfant écouté, encouragé et compris arrive à gérer ses émotions et développe des aptitudes nécessaires pour sa réussite future. »
D’autres recherches montrent les effets encore plus profonds : la maltraitance verbale, comme le fait d’être crié dessus, peut altérer le développement cérébral en modifiant les circuits liés à la perception du danger et à la mémoire. Ces transformations peuvent engendrer des difficultés relationnelles et émotionnelles durables chez l’enfant. Dans une étude menée par BMJ Open, regroupant 20 687 adultes âgés de 64 à 96 ans, il est apparu que 16 % de l’échantillon ayant subi des violences verbales dans l’enfance souffraient de pathologies physiques ou mentales persistantes.
D’après Verywell Health,
les épisodes répétés de cris déclenchent une réponse de stress physiologique,
avec augmentation du cortisol, tension musculaire, anxiété chronique, et
parfois troubles du sommeil pouvant perdurer à l’âge adulte.
Vers des pratiques éducatives respectueuses
Dr Romuald Bothon propose plusieurs stratégies pour adopter une communication plus constructive : prendre quelques secondes pour respirer avant de parler ; exprimer son émotion calmement (« je suis en colère ») plutôt que de laisser exploser un cri ; critiquer l’action, non la personne de l’enfant ; privilégier des sanctions logiques (réparer une faute, retirer un privilège) plutôt que les sanctions basées sur la violence ; montrer l’exemple en régulant ses propres émotions.
« Les mots que nous utilisons avec un enfant deviennent sa voix intérieure », rappelle Dr Bothon. Éduquer sans crier, c’est offrir à la société de futurs adultes équilibrés, confiants et capables de gérer leurs émotions avec respect.
Ce type d’éducation,
reposant sur l’écoute et la compréhension, favorise l’épanouissement des
enfants et contribue à forger en eux-mêmes, des conditions essentielles à un
développement serein et harmonieux.