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Déré Lydie Chabi Nah, préfet de l’Atacora: L’autorité de tutelle au cœur d’or

Société
Par   Eklou, le 31 juil. 2017 à 04h44

Un an après sa prise de fonction, le préfet de l’Atacora, Déré Lydie Chabi Nah, montre toute sa capacité à assumer la mission de représentant du chef de l’Etat dans le département. Tôt, sa volonté à instaurer la cohésion au sein de l’administration départementale et à ne point désarmer face aux divers problèmes des populations des neuf communes dont elle assure la tutelle, a conquis ceux qui se montraient bien sceptiques à son avènement.

L’intérieur du bureau en dit long sur le caractère de celle qui y travaille. Avec ses mobiliers en ordre, ses dossiers bien rangés sur la table, il séduit le visiteur qui éprouve dès lors l’envie de s’asseoir avec confiance pour écouter la maîtresse de céans : Déré Lydie Chabi Nah, 38 ans. A l’aise dans son boubou aux couleurs vives fleuries, cette native de la commune de Kérou, est tout un symbole. Préfet de l’Atacora, celle qui officiait, il y a peu de temps, comme assistante de son prédécesseur a tôt imprimé sa marque au pouvoir de commandement. Prenant de court ceux qui demeuraient sceptiques quant à sa capacité réelle à faire face à la mission à elle dévolue. « Telle une mère de famille qui sait gérer les divergences et les contradictions, elle a su instaurer au sein de l’administration préfectorale une bonne ambiance. Elle se bat beaucoup et sa présence sur tous les fronts le montre. Je dirai sans abuser des mots que c’est un administrateur civil au vrai sens du terme », témoigne Nestor N’tcha M’po, chef service Affaires générales de la Préfecture de Natitingou. Dans la Cité des Nanto, vieux et jeunes, hommes et femmes sont tous unanimes : sans le dynamisme et l’engagement de Déré Lydie Chabi Nah, nombre de situations auraient vicié l’entente entre les diverses communautés vivant dans le département de l’Atacora.
Check Nourou Dine Mouhamed Sanni, imam central de la commune de Natitingou, se rappelle de toute la diplomatie dont a usé le préfet pour aider au retour de la paix au sein de la communauté musulmane secouée par une crise de succession sans précédent.
Outre la gestion de la crise de l’imamat à Natitingou et des questions liées à la sorcellerie dans la commune de Ouassa-Péhunco, elle s’est distinguée par la conduite de l’opération de déguerpissement des espaces publics dans la commune de Natitingou, la lutte contre l’alcool frelaté dans le département, le combat contre les grossesses précoces en milieu scolaire et d’apprentissage, les actes de légalité au profit des collectivités locales et l’assistance-conseil, le suivi et la mise en œuvre des actions du Gouvernement, égrène le chef service des Affaires générales pour montrer toutes les actions à mettre à son profit. S’il y a lieu de considérer également celles dont bénéficient les agents de la Préfecture, Nestor N’tcha M’po cite le paiement d’arriérés de primes de carburant, l’amélioration des conditions de travail au niveau de différents services, les travaux de rénovation de bâtiments et la construction d’un nouveau parking. Des initiatives qui n’ont pas été prises sans l’avis des agents à travers leurs représentants au Comité de direction.
« Je trouve qu’elle est brave. Elle donne plus qu’on en attend d’elle. La manière dont elle a conduit l’opération de libération des espaces publics dans la ville de Natitingou est à saluer », apprécie son prédécesseur, Gervais N’Dah Sékou. Celui-là même qui lui a mis le pied à l’étrier et qu’elle appelle affectueusement ‘’papa’’.
Loin de s’attribuer ces faits d’arme, Déré Lydie Chabi Nah, en toute modestie, rend hommage à ses collaborateurs dont elle se dit très proche et sans qui « ses actions n’auraient pas aujourd’hui leur impact ». Mieux, confie-t-elle, du haut de son bureau, « Aucune de mes décisions n’est prise sans les conseils avisés de mes collaborateurs ». A l’écoute de ces derniers dont elle salue le professionnalisme, elle ne transige pas sur les principes de l’administration et attache du prix au sens du devoir et au service. Ceci dans l’intérêt des usagers de l’administration publique.

Femme battante

Stagiaire à ses débuts à la préfecture de Natitingou, celle qui a perdu ses parents, dès les classes du cours primaire, a vite gravi les échelons au sein de l’administration publique, révélant ses capacités à transcender les écueils et difficultés qui s’érigent sur son parcours.
Un parcours qu’elle n’aurait pas connu sans l’aide de ses tuteurs et de sa volonté caractérielle à s’en sortir. Dans l’Atacora, Déré Lydie Chabi Nah a très tôt pris conscience du fléau de l’illettrisme et de la déscolarisation, sources de sous-développement. Par ignorance, manque de ressources financières ou du fait des pratiques coutumières (excision, mariage forcé et précoce…) et des préjugés sexistes, rares sont les parents qui envoient leurs enfants à l’école et les y maintiennent. Pis, les grossesses précoces assombrissent l’avenir des jeunes filles. Plus nombreuses, mais aussi plus marginalisées, les jeunes filles ont un destin de femme tout tracé : aider leur mère dans les tâches domestiques, attendre qu’on leur trouve un mari et faire à leur tour des enfants. Ce qui renforce le cercle vicieux de la pauvreté.
1485 cas de grossesses précoces ont été enregistrés dans les collèges de l’Atacora entre 2013 et 2016. Pour celle qui, ayant été à l’école en connaît les bienfaits, il faut inverser la tendance. D’où son engagement à éradiquer les grossesses en milieu scolaire d’ici l’an 2020, avec l’appui d’institutions internationales telles que Unfpa et Plan International. Le péril des grossesses précoces en milieu scolaire est à réprimer par toutes les voies et moyens, admet-elle.
En véritable amazone de la lutte contre les grossesses précoces, elle répand partout la bonne nouvelle de la réussite des filles à l’école et démontre aux communautés la nécessité d’envoyer les enfants et, surtout les filles, à l’école. En même temps, elle ne marchande pas sa disponibilité à prendre part à toutes les initiatives allant dans ce sens. Présentée comme un modèle de réussite dans le département elle écume les collèges et lycées des neuf communes du département pour appeler les jeunes filles à résister à la sirène des hommes et rappelle aux potentiels auteurs de grossesses précoces les textes de lois qui réprimandent leurs actes.
« Le phénomène non seulement réduit de façon drastique le nombre de filles dans les collèges et lycées avant la classe de terminale, mais surtout donne d’argument à certains parents à ne plus envoyer leurs filles à l’école, parce que pour eux, la finalité c’est leur ramener une grossesse », estime-t-elle.
Si pour nombre d’observateurs, l’engagement du préfet constitue une arme pour contraindre les indélicats à se ranger, ils adoubent cette responsabilité sociale qu’elle porte en plus de ses charges administratives. « Il fallait un engagement fort pour faire face à certaines réalités dont les grossesses précoces en milieu scolaire et la non déclaration des naissances. Et l’autorité de tutelle l’incarne à merveille dans l’Atacora à travers ses prises de position et décisions », constate Roger Bakary, directeur de l’Unité de programme Nord de Plan International Bénin.
Une sensibilité qui ne surprend d’ailleurs pas Gervais N’dah Sékou. « J’avais fait d’elle une spécialiste des cas sociaux. Lorsqu’il y avait un cas social, elle le gérait à la perfection », se rappelle-t-il, fier d’elle.
De nature tempérée et assez joviale, cette jeune dame, au teint bronzé et aux yeux pétillants derrière ses verres clairs, fait montre d’une simplicité qui contraste avec sa rigueur quand il s’agit de travailler. Des principes que prennent en compte ses collaborateurs qui n’entendent nullement s’attirer sa foudre.
Administrateur civil sortie en 2012 de l’École nationale d’Administration et de Magistrature (Enam) de Ouagadougou au Burkina-Faso après une maîtrise en Droit privé à la Faculté de droit et de sciences politiques (Fadesp) de l’Université d’Abomey-Calavi, elle assume avec dévouement sa mission sous l’égide du chef de l’Etat à qui elle témoigne toute sa reconnaissance. Lui qui, selon elle, affiche sa vision de voir les populations de l’Atacora s’épanouir à travers le Programme d’action du Gouvernement. Elle en veut pour preuves les efforts déployés par le Gouvernement tant en moyens matériels qu’en stratégies d’intervention des forces de sécurité publique pour faire face à l’insécurité grandissante dans le département, les travaux de bitumage de la route nationale Inter-Etats Natitingou-Boukombé-Korentière et la relance du projet de micro-crédits aux plus pauvres Nouvelle-génération.
Et croit au renouveau de la région de l’Atacora avec les différents projets du Pag dont les plus importants demeurent le développement du secteur touristique, le projet d’asphaltage des rues de certaines communes. En digne défenseuse de son terroir elle n’est pas prête à baisser les bras face aux enjeux de développement de l’Atacora et se félicite de cette ambitieuse vision du président de la République, Patrice Talon à changer le visage du département.