La Nation Bénin...
Le Bénin a pris un virage clair vers l’économie verte. La
transition écologique ne pourra cependant pas se faire sur la base de la bonne
volonté seule.
La transition écologique ne se limite plus à des discours
institutionnels : elle s’ancre dans les stratégies nationales, les engagements
internationaux et les réalités économiques. Mais entre intentions politiques et
mise en œuvre concrète, il y a un écart. Dans les secteurs agricole,
énergétique et industriel, les obstacles sont bien réels, parfois silencieux,
mais décisifs.
Selon le gouvernement du Bénin, suite au Recensement
national de l'agriculture, ce secteur est le premier pourvoyeur d’emplois du
pays avec environ 70 % de la population active. Hélas, il continue de miser sur
les engrais chimiques et les pesticides pour maintenir les rendements.
Ce choix n’est pas sans conséquences. L’épuisement des
sols, l’appauvrissement de la biodiversité et la hausse des coûts de production
deviennent préoccupants. Le problème, c’est que les alternatives existent mais
peinent à être accessibles selon la Giz
et le Programme des Nations Unies pour le Développement.
La formation reste le principal verrou. Dans de
nombreuses communes rurales, les agriculteurs n’ont jamais été formés aux
techniques de compostage, de culture associée ou de lutte biologique. Le coût
d’accès aux semences biologiques ou aux intrants naturels reste aussi un frein.
Pourtant, certaines initiatives locales redonnent espoir.
Le Pacofide (Projet d'appui à la compétitivité des filières agricoles et la
diversification des exportations) accompagne aujourd’hui plus de 500
producteurs chaque année, avec des résultats tangibles.
Le solaire progresse, mais reste un luxe pour beaucoup
Dans le secteur de l’énergie, la transition est visible,
mais encore marginale. Selon la Chambre du Commerce et de l'Industrie du Bénin,
la consommation totale d'énergie électrique, s'élève à 1,50 milliards
kilowatt/heure (kWh) par an, issue des sources fossiles. De même, selon Ecowas
Energy, les sources les plus utilisées sont la Biomasse à hauteur de 87 %, le
gaz de butane etc. Et pourtant, le potentiel solaire du pays est immense.
Ce paradoxe s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, le coût. Un panneau solaire monocristallin fiable pour un foyer ou une Pme selon les fournisseurs locaux et les plateformes spécialisées, coûte entre 65 000 et 110 000 F Cfa. Ensuite, l’accès. En milieu rural, l’électrification reste partielle, ce qui limite l’installation de solutions hybrides ou autonomes. L’infrastructure n’a pas encore suivi le rythme de la demande.
L’industrie confrontée à la vétusté des outils
Le tissu industriel béninois est en pleine croissance,
porté notamment par la Zone économique spéciale de Glo-Djigbé. Pourtant, cette
expansion cache une réalité : peu d’industries intègrent aujourd’hui une
logique environnementale dans leurs activités. La Zone industrielle de Glo-Djigbé
s’inscrit dans une dynamique "Zéro déchet", même si les résultats
sont encore partiels.
Beaucoup utilisent encore des machines énergivores, faute
de moyens pour moderniser. La gestion des déchets est également un point noir.
Selon le ministère de l’Industrie, moins de 10 % des Pme disposent d’un système
structuré de traitement ou de recyclage. Le reste des déchets, souvent
plastiques ou chimiques, est abandonné sans suivi.
L’absence d’un cadre réglementaire rigide aggrave la
situation. Les textes existent, mais les contrôles sont rares et les sanctions
symboliques. Certaines Pme, aidées par des structures comme la Sgds accompagnée
par le gouvernement par le biais du ministère du Cadre de vie, sensibilisent
les entreprises à trier les déchets. Un budget de 10 milliards de francs Cfa
est prévu pour la mise en place de la première partie du projet de
modernisation de la gestion des déchets solides par le gouvernement.
Ce qu’il faut activer pour avancer
La transition écologique ne pourra pas se faire sur la base de la bonne volonté seule. Elle doit s’appuyer sur quatre piliers : une meilleure formation des producteurs, artisans et industriels, adaptée à chaque métier; une communication plus efficace sur les aides disponibles, comme les subventions Fnec (Fond national pour l'environnement et le cClimat); des solutions locales: équipements solaires moins chers, fertilisants organiques produits localement, machines recyclables accessibles; un cadre réglementaire plus strict, avec suivi, contrôle, et incitations fiscales pour les Pme vertueuses.
Une transition coûteuse, mais essentielle
Ce changement de modèle n’est pas qu’un enjeu
environnemental. Il est aussi économique. Car chaque année, le Bénin perd
environ 37 millions de dollars soit près
de 24 270 409 000,00 F Cfa à cause des importations de carburant, de
pesticides, ou de machines inadaptées selon Energie media et African
Développement Bank Group.
En investissant dans des pratiques durables, les Pme peuvent réduire leurs coûts, séduire de nouveaux marchés, et surtout assurer leur résilience dans un monde qui change .
Ecowas Energy Rapport SE4ALL – État des lieux énergie Bénin (2019-2022) Giz
Pnud Rapport Pnud sur l’adaptation climatique (2023) Pacofide Ministère de l’Agriculture, page du projet Cci Bénin Observatoire du Commerce et de l’Industrie 2022
Banque africaine de développement Rapport pays 2023 Bénin
Sgds Société de gestion des déchets et de salubrité actualités gouvernementales
En milieu rural, l’électrification reste partielle, ce qui limite l’installation de solutions hybrides ou autonomes