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Variole de singe: Pas de lien avec les vaccins Covid-19

Santé
Par   Fulbert Adjimehossou, le 19 juil. 2022 à 18h47
Depuis la résurgence des cas de variole de singe dans le monde, certaines publications sur les réseaux sociaux soupçonnent des liens avec la vaccination contre la Covid-19. Ce qui n’est pas prouvé jusque-là. Des hypothèses ne cessent d’être émises sur la toile. D’aucuns font le lien entre la vaccination contre la covid-19 et les cas de variole du singe, en se basant surtout sur l’utilisation de l'adénovirus du chimpanzé dans l’un des vaccins anti covid-19. « Une dose (0,5 ml) contient : Adénovirus de chimpanzé codant pour 2,5, *108 unités infectieuses… », retrouve-t-on encerclé sur une image qui circule sur les réseaux sociaux depuis le 20 mai 2022. Après des recherches avancées, ce texte traduit de l’italien en français se retrouve en partie le site de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) de France. « Vaxzevria est constitué d’un autre virus (de la famille des adénovirus) qui a été modifié de façon à contenir le gène permettant de produire une protéine du Sars-CoV-2. Vaxzevria ne contient pas le virus lui-même et ne peut pas provoquer le Covid-19 », lit-on sur le site.

« Pas de preuve »

Le vaccin AstraZeneca comporte alors bien un adénovirus de chimpanzé. Et c’est là que prennent source les soupçons. Lesquels s’étendent aussi à d’autres vaccins. Dans une publication en date du 23 mai 2022, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) insiste aussi sur le caractère trompeur de ces liens entre la variole du singe et les vaccins anti-Covid. « De nombreuses rumeurs et fausses informations se propagent déjà sur Internet, notamment concernant un possible lien entre la maladie et les vaccins anti-Covid qui utilisent un adénovirus de chimpanzé comme vecteur viral. Ce lien n’est absolument pas fondé, tout d’abord parce que ce virus n’est pas spécifique aux singes (il se retrouve même d’ailleurs plutôt chez d’autres espèces, en particulier les rongeurs). Ensuite, parce qu’il fait partie de la famille des poxvirus et non des adénovirus », clarifie l’Inserm. Le Bureau régional de l’Oms Afrique martèle qu’il s’agit d’une infox. « Lorsque nous voyons deux éléments arriver en même temps, il est tentant de penser que l’un est causé par l’autre. Dans des pays africains qui n’ont jamais enregistré de cas de variole du singe, certains signalent des cas. Et certaines personnes associent le vaccin anti-Covid-19 de Pfizer à l’épidémie actuelle de variole du singe. Mais il n’existe pas de preuve que les deux sont liés ou que le vaccin provoque l’épidémie de variole du singe », rassure Oms Afrique dans une publication dénommée Viral facts, en date du 6 juillet 2022. Des experts interrogés par l'Afp expliquent que ces deux virus sont complètement différents. L'adénovirus utilisé dans le vaccin contre le Covid-19 a été a atténué de façon à ce qu'il soit inoffensif pour l'organisme, ajoutent-ils.

La variole du singe menace toujours

En réalité, cette polémique intervient dans un contexte où l’épidémie de variole de singe suscite toujours des inquiétudes. Selon l’Oms, du 1er janvier au 4 juillet 2022, 6.027 cas de variole du singe confirmés en laboratoire et trois décès ont été signalés dans 59 pays et territoires. L’Europe reste toujours l’épicentre de l’épidémie, avec plus de 80% des cas recensés dans le monde. C’est aussi 2614 nouveaux cas signalés (soit une augmentation de 77 %) et deux nouveaux décès ont été signalés depuis la publication du précédent bulletin d’information sur les flambées épidémiques le 27 juin 2022. Le nombre cumulé de cas suspects de variole du singe en Afrique depuis le début de 2022 est de 1821, avec 109 cas confirmés dans 9 pays. « Il est important de souligner que si nous observons des cas au Ghana, en Afrique du Sud et au Maroc pour la première fois, le fardeau le plus lourd est celui de la République démocratique du Congo et du Nigeria qui représentent ensemble 92% de tous les cas suspects », fait remarquer Dr Matshidiso Moeti du Botswana, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique.

Verdict

Même si des vaccins contre le Covid-19 contiennent un adénovirus de chimpanzé, il n’est pas prouvé des liens avec les cas de variole de singe.  Ce virus est d’ailleurs génétiquement modifié et atténué pour ne pas être transmissible à l'Homme. Il a été déjà utilisé bien avant la covid pour d’autres vaccins.  Des instituts de recherches et l’Oms insistent aussi sur l’absence de liens.