La Nation Bénin...
La première rencontre internationale consacrée à la prévention et à la gestion des risques professionnels en Afrique a pris fin, ce jeudi 4 décembre à Cotonou. Trois jours d’échanges, de panels, de communications scientifiques et de sessions de formation qui ont réuni 354 participants venus de 16 pays.
Cotonou aura été, durant plusieurs jours, le carrefour africain du dialogue scientifique sur la santé au travail. En clôturant la première rencontre internationale sur les défis et perspectives du secteur, les acteurs ont insisté sur l’urgence d'un changement de paradigme.
« Nous sommes en face d'une faible situation historique de la prévention dans notre pays et dans la sous-région en général », a résumé le professeur Ménonli Adjobimey, ayant présenté le rapport final. Entre insuffisance de données, manque de publications, faibles capacités techniques et nécessité d’une meilleure structuration institutionnelle, les enjeux restent nombreux. Le congrès, voulu comme une première pierre à une dynamique nouvelle, répondait à plusieurs objectifs. Promouvoir la recherche en santé au travail, renforcer les capacités des professionnels, favoriser le partage d’expériences entre pays africains et partenaires internationaux, et consolider les liens avec l’organisation sous-régionale de référence. L’événement a été précédé d’un pré-congrès marqué par l’organisation du premier cours international d’épidémiologie et d’évaluation des risques professionnels et environnementaux pour l’Afrique subsaharienne.
Pendant une semaine, au Centre national hospitalier universitaire de pneumothésiologie de Cotonou, 39 participants ont été formés par des enseignants venus du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, des États-Unis et du Canada. Une première saluée par les bénéficiaires, et qui devrait connaître une deuxième édition, selon le comité scientifique. Le congrès a rassemblé un large éventail d’acteurs dont des représentants ministériels, des universitaires, des médecins du travail, des médecins généralistes, des infirmiers, des spécialistes QHSE, des ergonomes, des environnementalistes, des syndicats et le secteur privé. Au total, 354 participants de 16 pays ont pris part aux travaux, reflétant l’intérêt croissant pour les questions de sécurité et de santé au travail sur le continent.
Sur le plan académique et technique, l’agenda a été dense avec 21 conférences prévues et toutes réalisées, deux panels de haut niveau, un symposium, 67 communications orales, dont 53 effectivement présentées, 22 communications affichées, dont 11 exposées.
Contenu scientifique
Six sous-thèmes ont structuré les discussions, tous liés au thème principal: Prévention et gestion des risques professionnels en Afrique : défis et perspectives. Les communications ont abordé des problématiques telles que l’exposition aux risques dans les milieux industriels, l’évaluation des risques environnementaux, la surveillance médicale, la santé mentale au travail, l’ergonomie, ou encore la gouvernance institutionnelle en matière de prévention. Face au manque historique de données, plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité de publier davantage les résultats issus du terrain. « Les médecins du travail s'investissent beaucoup, mais finalement on n'a pas les données publiées. Donc c'était un besoin », a rappelé le professeur Menonli Adjobimey.
Pour Antoine Vikkey Hinson, président de la Société béninoise de la santé au travail (Sobest), cette rencontre fut un moment riche d'échanges et de partage au cours duquel les défis et les solutions ont été explorés pour un avenir du travail plus sûr. Les recommandations issues du congrès, axées sur l’anticipation des risques, serviront désormais de feuille de route. Et le rendez-vous est déjà pris dans un an ou deux, pour le bilan des progrès accomplis.
Lucie Bèdié, représentante du ministre de la Fonction publique, a salué l’importance de cette première rencontre scientifique. Selon elle, ce congrès a doté les participants d'un bagage intellectuel beaucoup plus lourd, nécessaire pour accompagner l’objectif du travail décent dans les pays africains. Elle a formulé le vœu qu’un comité de suivi des recommandations du présent congrès soit mis en place, afin de garantir l’impact durable des démarches entreprises.
Au terme de cette première édition, les organisateurs ont exprimé leur satisfaction quant à la mobilisation des partenaires nationaux et internationaux. Ce premier congrès international, par la richesse de ses échanges et la pertinence de ses conclusions, pourrait bien devenir un rendez-vous régulier, structurant le secteur et contribuant à bâtir, enfin, une culture solide de la prévention des risques professionnels en Afrique.
En clôturant cette première rencontre internationale, les acteurs ont insisté sur l’urgence d'un changement de paradigme