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Maladies cardiovasculaires: La forte fréquence des cas d’Avc inquiète

Santé

Longtemps perçu comme une maladie touchant principalement les personnes âgées, l’Accident vasculaire cérébral (Avc) n’épargne plus les populations jeunes. La pathologie ne fait plus pratiquement de distinction d’âge dans ses ravages fréquents et souvent mortels.   

 

Par   Bernisse APITHY, Stag. A/R Ouémé-Plateau, le 25 sept. 2025 à 11h19 Durée 3 min.
#Avc

L’Accident vasculaire cérébral (Avc) apparaît aujourd’hui comme l’une des principales causes de mortalité et de handicap dans le monde. Il n’est plus seulement une maladie associée aux personnes âgées. De plus en plus fréquent, il touche désormais des adultes plus jeunes, bouleversant des vies du jour au lendemain.

Chaque année, des millions de personnes dans le monde en sont victimes, avec des conséquences souvent dramatiques : paralysie, troubles de la parole, perte d’autonomie, des décès. Cette recrudescence inquiète la communauté médicale, car elle reflète l’évolution des modes de vie, marqués par une alimentation déséquilibrée, le stress, mais aussi par des facteurs de risque médicaux tels que l’hypertension ou le diabète. Face à cette réalité, l’Avc n’apparaît plus comme un destin inévitable, mais comme un danger réel que chacun doit apprendre à reconnaître et à prévenir.

Pour Dr Rolande Quenum Aholoukpè, médecin cardiologue et cheffe service Cardiologie du Centre hospitalier universitaire départemental de l’Ouémé (Chud-O), l’Avc est une maladie en rapport avec une interruption brutale de la circulation sanguine au niveau du cerveau. Cette interruption de la circulation sanguine est liée à une obstruction ou à une rupture des vaisseaux sanguins qui irriguent le cerveau, créant ainsi une hémorragie cérébrale. L’Avc se manifeste par plusieurs signes. Les signes d’alerte les plus fréquents sont liés à l’incapacité d’un sujet qui allait bien et qui subitement n’arrive pas à soulever un membre ou c’est la moitié du corps qui est incapable de mouvoir, à parler ou comprendre. Parfois, c’est un sujet qui s’endort sans raison, un sujet qui entre complètement dans le coma ou peut-être des troubles visuels qui s’installent brutalement. Ce sont autant de symptômes que peut présenter un malade d’Avc. Parfois, indique la médecin cardiologue, ce sont des maux de tête intenses qui peuvent motiver une consultation à l’issue de laquelle on va décider de faire des explorations qui confirment un Avc.

 

Facteurs de risque  

Outre ces causes, il y a aussi des facteurs de risque qui exposent à la survenue d’un Avc. L’athérosclérose primitivement reliée à l’âge est le principal facteur de risque souvent rencontré. L’athérosclérose est une accumulation de cholestérol dans la paroi des artères créant ainsi une modification du calibre de ces vaisseaux qui doivent irriguer les organes du corps.

Au nombre des facteurs de risque de l’athérosclérose, on distingue l’hérédité, le tabagisme, l’hypertension artérielle, l’inactivité physique..., a indiqué Dr Rolande Quenum Aholoukpè. Selon elle, l’Avc, à la base, survenait surtout chez les patients âgés. 75 % des cas se retrouvent chez les patients de plus de 65 ans. Mais l’urbanisation fait aujourd’hui que les sujets jeunes développent de plus en plus les facteurs de risque cardiovasculaire comme l’hypertension artérielle, le diabète, le tabagisme et l’obésité. Un enfant de moins de 5 ans, à en croire la médecin spécialiste, peut avoir l’Avc si des facteurs l’exposent à des atteintes vasculaires artérielles.

Docteur Gildas Assogba, cardiologue libéral au cabinet médical Cœur-Santé à Porto-Novo, précise que l’Avc existe sous deux types : l’Avc ischémique (artère bouchée) et l’Avc hémorragique (artère rompue). Pour lui, l’Accident vasculaire cérébral se manifeste par la survenue brutale d’une paralysie d’un côté du corps. En dehors de la paralysie, on peut avoir des troubles de langage, une perte de connaissance qui peut aller à la mort brutale.

La maladie est due à la présence d’un certain nombre de petits facteurs de risques cardiovasculaires, avec lesquels le patient vit avant que l’accident ne survienne. Ils se répartissent en deux grands lots. Il y a les facteurs de risques cardiovasculaires modifiables et les facteurs de risques cardiovasculaires non modifiables, développe Gildas Assogba. Le facteur modifiable survient chez un patient de sexe masculin qui se trouve au-delà de 55 ans et un sujet de sexe féminin au-delà de 60 ans. L’hérédité et l’âge couplé au sexe font partie des facteurs non modifiables pour lesquels la prescription médicale n’est pas souvent stricte. Ensuite, les facteurs de risques cardiovasculaires modifiables, notamment l’hypertension, le diabète, la consommation du tabac, l’obésité, l’excès de matières grasses dans le corps, le stress de la vie quotidienne et autres peuvent être traités avec les médicaments.  

Prévention et dépistage précoce

Le traitement de l’Avc, est à la fois médicamenteux et non médicamenteux, en fonction des symptômes que présente le malade, renseigne Dr Rolande Quenum Aholoukpè. Le patient est généralement hospitalisé et des soins adéquats lui sont administrés. Certains sont condamnés à prendre des médicaments à vie. C’est pourquoi, Dr Rolande Quenum Aholoukpè conseille zéro tabac, zéro alcool, manger peu salé et peu gras, la régularité de l’activité physique adaptée à sa morphologie pour se prémunir contre cette maladie.  

Son collègue du cabinet Cœur-Santé, Dr Gildas Assogba confirme avoir remarqué, en consultation ces derniers mois, l’augmentation du nombre de cas d’Avc. Une situation qui s’expliquerait par le développement en grande proportion des facteurs de risque cardiovasculaire.

La recrudescence de cette maladie s’explique par le dépistage tardif et le manque de traitement adéquat. Dr Gildas Assogba recommande le recours diligent aux centres de santé aux populations en cas d’Avc: « le premier contact médical pourra les référer en fonction de la gravité de l’expression de la maladie vers un centre de santé plus approprié. Le malade pourra bénéficier d’un traitement médicamenteux, des séances de rééducation et d’un suivi cardiologique et neurologique pour se remettre». Mais avant tout, insiste-t-il, pour prévenir l’accident vasculaire cérébral, il faut lutter contre les facteurs de risques cardiovasculaires modifiables en se dépistant, en contrôlant sa tension artérielle et son poids. Il faut se préoccuper de son état de santé en cherchant à voir si on est dans les normes. « En cas de facteurs de risque cardiovasculaire, il faut consulter un médecin qualifié, afin d’avoir un traitement approprié », préconise Dr Gildas Assogban.