La Nation Bénin...
L’accès
à l’informatique adaptée pour les personnes en situation de handicap visuel est
désormais une réalité au Bénin. Grâce à la mise en place de classes numériques,
ces personnes parviennent à surmonter les obstacles physiques et pédagogiques
auxquels elles sont confrontées au quotidien.
Jean-Marie
Bossou, élève en classe de première au Collège d’enseignement général (Ceg) de
Sègbèya à Cotonou, est un exemple vivant de l’inclusion numérique. Souffrant de
déficience visuelle depuis son enfance, il bénéficie, depuis 2023, d’une
formation en informatique adaptée au Centre de promotion sociale des aveugles
de Sègbèya, en complément de ses études scolaires. « Au début, je n’avais
aucune notion de l’informatique. Mais depuis que j’ai commencé cette formation,
j’ai appris énormément », confie-t-il. Avec ses camarades, Jean-Marie effectue
régulièrement des trajets entre son collège et le Centre de promotion sociale
des aveugles de Sègbèya où il se perfectionne en informatique adaptée.
De
son côté, Gloria Ahouansou, élève en classe de seconde, témoigne des progrès
qu’elle a réalisés grâce à cette formation. «La formation en informatique
adaptée m’a permis de maîtriser rapidement l’utilisation de l’ordinateur. Je
sais maintenant allumer un ordinateur, créer un document, naviguer sur
Internet, utiliser des logiciels de traitement de texte et de tableur, et j’ai
même acquis des bases en programmation », explique-t-elle. Elle est convaincue
que ces compétences informatiques l’aideront à être plus autonome lorsqu’elle
poursuivra ses études à l’université, notamment pour la prise de notes et bien
d’autres tâches.
Ces
élèves en situation de handicap visuel s’épanouissent aujourd’hui en
informatique grâce à la mise en place de classes numériques dans tout le pays.
Au Centre de promotion sociale des aveugles de Sègbèya où ils suivent leur
formation, ils disposent de dix ordinateurs de bureau (All-in-One) en réseau sans
fil, dont neuf pour les apprenants et un pour l’enseignant, de deux machines à
lire, de dix casques audio anti-bruit, d’un serveur de stockage Nas, d’une
imprimante braille, de dix tableurs braille, de dix claviers programmables,
d’un routeur/point d’accès Wi-Fi, de contenu numérique, de mobilier et bien
d’autres équipements. « Comme outils de travail, nous utilisons le lecteur
d’écran appelé VoiceOver, qui est intégré directement au système d’exploitation
macOS. Nous utilisons aussi les pages brailles, les claviers ordinaires et les
logiciels de reconnaissance vocale », informe Isidore Ahouangbato, formateur en
informatique adaptée dans le centre.
Inclusion
Chaque
année, le centre accueille une trentaine, voire une quarantaine d’enfants
atteints de déficience visuelle pour leur formation en informatique adaptée.
Pour l’année scolaire 2023-2024, ils étaient au total 31 élèves handicapés du
Ceg Sègbèya à y prendre part. Mis en place par le gouvernement, ces outils
numériques, selon Jocelyne Sevi, directrice du Centre de promotion sociale de
Sègbèya, offrent aux enfants en situation de handicap visuel, non seulement les
outils nécessaires pour surmonter leurs défis quotidiens, mais aussi une chance
réelle de devenir autonomes dans leurs parcours scolaire et professionnel.
«Déjà à partir de la classe de 6e, les enfants qui viennent ici commencent à
découvrir les matériels informatiques, à voir comment ça fonctionne,
progressivement, puis chaque année, on augmente leur niveau de connaissance.
Ensuite, ils commencent par faire des saisies, des traitements de texte,
progressivement jusqu’à la terminale pour avoir le minimum avant d’aller à
l’université », explique-t-elle.
Outre
la classe numérique de Cotonou, le Bénin a mis en place deux autres classes
numériques au profit des personnes handicapées. La plus récente, inaugurée par
Aurélie Adam Soulé Zoumarou, ministre du Numérique et de la Digitalisation, le
10 mars 2022, est celle du Centre de promotion sociale des aveugles de Parakou.
A l’heure du bilan de son département pour la période 2021-2026, récemment à la
télévision nationale, l’autorité ministérielle a indiqué que la construction
des salles numériques pour les personnes handicapées visuelles participe de la
volonté du gouvernement de leur rendre l’outil Internet disponible partout et,
surtout, de ne pas faire d’elles des personnes sous-formées et en retard par
rapport à leurs pairs dans d’autres pays.
La
mise en place de ces classes numériques pour les personnes en situation de
handicap, informe Francisca Dossou Adikpéto, responsable de la Cellule de
communication et marketing au ministère du Numérique et de la Digitalisation,
vise à leur faciliter l’accès aux ressources éducatives et culturelles via des
formats accessibles, comme le braille ou l’audio. Selon Isidore Ahouangbato,
l’évolution de l’informatique adaptée reste prometteuse avec l’avènement de
l’intelligence artificielle et des technologies d’assistance de plus en plus
avancées.
Besoins
Cependant,
pour garantir l’efficacité pérenne des classes numériques, enseignants et
apprenants restent confrontés à d’autres besoins concernant le matériel de
travail. «Nous disposons uniquement d’ordinateurs MacOS, ce qui limite notre
capacité à recevoir une formation complète et diversifiée. Les ordinateurs
Windows étant beaucoup plus accessibles financièrement, sont largement utilisés
dans le monde professionnel et personnel », fait observer Jean-Marie Bossou.
Isidore Ahouangbato, quant à lui, exprime le souhait que les apprenants soient formés sur les deux systèmes d’exploitation existants afin de maximiser leurs opportunités d’intégration et d’autonomie. «Nous sollicitons le soutien de l’État pour nous aider à acquérir des ordinateurs Windows », a-t-il indiqué, en soulignant que cela permettrait de diversifier les offres de formation, de préparer les apprenants à naviguer dans un environnement numérique varié.