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Arnauld Adjovi: L’as de l’Intelligence artificielle qui porte le Bénin et l'Afrique

Numérique
Un bâtisseur d’écosystèmes et un mentor qui inspire toute  une génération Un bâtisseur d’écosystèmes et un mentor qui inspire toute une génération

Ingénieur en Intelligence artificielle chez IBM, mentor et formateur, Arnauld Adjovi, 31 ans, est l’un des visages les plus prometteurs de la tech béninoise. À Pékin, il a conduit pour la première fois l’équipe nationale du Bénin aux Olympiades mondiales d’Ia. Derrière son parcours, se dessine l’histoire d’un passionné de mathématiques, d’un bâtisseur d’écosystèmes et d’un mentor qui inspire toute une génération.

Par   Christian HOUNONGBE, le 03 sept. 2025 à 09h30 Durée 3 min.
#Arnauld Adjovi #L’as de l’Intelligence artificielle

Il y a de ces histoires qui donnent envie de se surpasser. Celle d’Arnauld Adjovi en est une. Parti de Cotonou avec sa passion pour les sciences et l’informatique, ce jeune de 31 ans, s’impose aujourd’hui comme l’un des visages de l’intelligence artificielle (IA) africaine sur la scène internationale. Ingénieur en IA, cadre chez IBM, mentor et formateur, il incarne la nouvelle génération de jeunes africains capables non seulement de créer des solutions numériques de classe mondiale mais aussi d’inspirer des talents dans le monde. Né à Cotonou, dans une famille attachée aux valeurs de l’éducation et du travail, Arnauld Adjovi découvre très tôt sa passion pour les sciences. « Très tôt, j’ai été fasciné par les mathématiques, par la logique qu’elles imposent et par les défis intellectuels qu’elles posent », raconte-t-il. Au Collège catholique Saint Jean-Baptiste de Cotonou, il fait ses premiers pas avec l’informatique et comprend rapidement qu’un ordinateur n’est pas seulement un outil simple, mais un instrument capable de résoudre des problèmes concrets et créer des solutions. « C’est à ce moment-là que je me suis dit : si je maîtrise cet outil, je pourrai changer le monde autour de moi », se souvient-il. Sa licence à l’Ecole nationale d'Economie appliquée et de Management (Eneam) à Cotonou lui a donné les bases solides en statistiques et en informatique et son master en Data Science en France, lui a ouvert les portes de la recherche et de l’innovation. Mais ce qui marque Arnauld, c’est sa capacité à relier théorie et pratique : dès ses premiers projets, il constate que le code peut améliorer concrètement la vie des gens. 

 

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Une carrière internationale à portée de main

 

Son parcours professionnel s’enrichit d’expériences dans des start-up spécialisées en traitement automatique du langage (NLP), en optimisation et déploiement de système d’IA (MLOps), avant son entrée chez IBM où il participe à des projets internationaux d’envergure. « IBM représentait pour moi une école de rigueur et d’innovation », explique-t-il. Il fait partie de ces jeunes Béninois qui portent haut le flambeau du pays sur la scène internationale dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA).

Au sein de ce géant américain, Arnauld Adjovi travaille sur des projets de développement et déploiement de solutions IA de nouvelle génération, de gouvernance d’IA et l’accompagnement d’entreprises dans leur transition vers les grands modèles de langage. Aujourd’hui, celui qui a été major de sa promotion en France est une ferté pour ses parents. « Avant qu’il ne termine ses années universitaires les grandes marques lui couraient après et il fut enrôlé par Southpigalle à Paris et le graal c’est quand IBM l’a recruté en contrat. Cela reste une fierté pour moi et je parle fièrement de lui dans mes conférences sans qu’il ne le sache », a déclaré son oncle Patrice Kodja Adjovi. Mais, pour l’ancien étudiant de l’Eneam, c’est autant une question de fierté et de responsabilité de représenter son pays et son continent au sein d’un géant mondial. « Être ingénieur africain dans une multinationale est à la fois une fierté et une responsabilité : je veux montrer que les talents africains ont toute leur place sur la scène technologique internationale », souligne-t-il.
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Un mentor engagé

 

Au-delà de ses succès personnels, Arnauld Adjovi est un mentor et un bâtisseur d’écosystèmes. Il participe à des projets gouvernementaux notamment la Stratégie nationale d’intelligence artificielle et des mégadonnées (Sniam) et accompagne des start-up locales. « Arnauld a cette rare combinaison entre excellence technique et intelligence émotionnelle », note Luc Alapini, chef d’entreprise. Dans son domaine, il incarne une philosophie : l’IA doit être un levier de souveraineté, d’éthique et d’opportunités locales pour l’Afrique. Cet engagement s’illustre à travers des initiatives comme l’association iSheero, le soutien aux start-ups africaines et des programmes tels que Africa Techup Tour. Ses proches témoignent unanimement de son altruisme et de sa rigueur. « Sa capacité à écouter, à guider et à insuffler de la confiance, fait de lui un partenaire précieux dans tout projet », affirme Marc-André Akinolu Loko, directeur général de l’Agence des Systèmes d’Information et du Numérique (Asin), qui se dit heureux de son rôle  sur le développement du chatbot GPT-BJ, dans un contexte de forte pression et de délais réduits. Il se dit également sidéré par son implication personnelle dans l’Hackathon IA multilingue qui a permis de mettre en valeur les langues africaines grâce à la technologie et à l’IA en particulier. « Ce projet a créé un véritable momentum autour de l’importance de nos langues et de notre identité culturelle dans le numérique et voir Arnauld porter ce type d’initiatives est une fierté partagée», a-t-il confié. Sa présence aux cotés des cadres des ministères béninois et agences gouvernementales pour structurer la stratégie nationale d'IA, sa contribution au développement de GPT-BJ et sa capacité à former la nouvelle génération d'experts africains en IA font de lui à ce jour un acteur important dans l’écosystème du numérique au Bénin. « Ma plus grande fierté, c'est de voir comment il contribue concrètement au développement de l'écosystème IA au Bénin et en Afrique car il a cette rare combinaison entre excellence technique et intelligence émotionnelle », renchérit Luc Alapini.  Pour lui, c’est un véritable plaisir d’avoir travaillé avec Arnauld Adjovi qui dispose d’une expertise technique de très haut niveau, notamment sur les LLMs et l'architecture de solutions IA. « Ce que j'apprécie particulièrement, c'est sa capacité à montrer aux jeunes que l'excellence technique n'est pas incompatible avec l'impact social positif », poursuit-il.  Pour les jeunes qu’il encadre, il est «humble, accessible et exigeant à la fois », comme le souligne Eudoxie Abouta, développeur : «Il nous pousse à toujours donner le meilleur de nous-mêmes, tout en partageant son savoir avec générosité », confie-t-elle. Selon elle, ce mentor fait partie de ceux qui ouvrent la voie et montrent que l’Afrique peut avoir un rôle majeur dans l’IA. « Sa contribution crée non seulement des opportunités mais aussi un élan collectif », fait-elle remarquer.

 

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Le pari audacieux des Olympiades mondiales d’IA

 

En 2025, Arnauld Adjovi prend une dimension nationale en orchestrant la première participation du Bénin aux Olympiades internationales d’intelligence artificielle à Pékin. Parti de zéro, il conçoit un programme intensif de formation qui a permis de mobiliser plus de 700 candidats issus de tout le pays. «  Nous avons construit une approche hybride et modulaire: cours magistraux en ligne, travaux pratiques sur notebooks interactifs, projets collaboratifs sur GitHub, et un bootcamp intensif de plusieurs semaines avant Pékin», explique celui dont le rôle était de concevoir une méthodologie complète, alignée sur le syllabus international, tout en l’adaptant aux réalités locales. Et cette préparation qui combinait rigueur théorique, pratique et préparation psychologique : gestion du stress, la rapidité d’exécution et autonomie d’apprentissage a conduit à un meilleur résultat. La progression des jeunes a été spectaculaire : en quelques mois, ils sont passés de novices en Pythons à la maîtrise des architectures avancées comme les transformers. L’équipe béninoise surprend le monde : 30ᵉ sur 87 nations, devant des pays technologiquement plus avancés, avec une mention honorable pour Merveille Agbossaga, classée dans le tiers supérieur mondial en épreuves individuelles. « Au moment où les résultats sont tombés, j’ai senti que nous venions d’écrire une page de l’histoire de notre pays», se rappelle-t-il avec émotion. Les membres de l’équipe se souviennent de son soutien indéfectible : « La veille d’une présentation, il nous a dit: Vous êtes ici pour vous prouver que vous pouvez rivaliser avec les meilleurs. C’est un message qui nous a donné confiance », confie Merveille Agbossaga.

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Une vision pour l’Afrique

 

Arnauld Adjovi rêve de voir émerger un écosystème africain capable de produire ses propres géants technologiques de l’IA. Son défi immédiat est double: continuer à faire rayonner l’Afrique dans les arènes internationales et contribuer à bâtir des infrastructures locales qui permettront aux jeunes de créer et d’innover depuis le continent. « Mon rôle est de montrer que l’excellence africaine est possible et qu’on peut réussir depuis le Bénin tout en restant connecté à son continent », explique-t-il. Sa trajectoire inspire la jeunesse et démontre que rigueur, persévérance et audace peuvent transformer un rêve local en succès international.

Il ne compte pas s’arrêter là. Il souhaite renforcer les passerelles entre grandes entreprises et talents africains, institutionnaliser les programmes de formation et faire émerger un écosystème capable de produire des leaders technologiques africains. Comme il le résume pour la jeunesse béninoise : « Votre avenir n’est pas écrit ailleurs : vous avez en vous les compétences et l’audace pour écrire la prochaine page de l’histoire numérique africaine ». Avec lui, le Bénin et l’Afrique démontrent que l’IA n’est pas réservée aux grandes puissances. Elle peut naître de la détermination, du talent et de la vision d’une jeunesse guidée par des mentors comme lui

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